Publié le 22 Feb 2023 - 00:42
CHAMBOULEMENT DANS LA MAGISTRATURE

Le coup de massue !

 

Après avoir saisi la Dic pour instruire plusieurs dossiers, dont ceux contre l’ancien procureur Serigne Bassirou Guèye, Mes So et Diouf dans l’affaire Sweet Beauté, l’ancien procureur général a été relevé de ses fonctions, lors du Conseil supérieur de la magistrature tenu hier. Il est remplacé par Ibrahima Bakhoum, sanctionné par l’Igaj en 2006, dans une affaire de corruption.

 

‘’Si j’avais à refaire ce qui m’a valu mon départ, je le referais’’. Le 2 mai 2013, l’excellent et intransigeant parquetier Ousmane Diagne tenait ses propos, lors de la cérémonie de passation de service avec son successeur au poste de procureur de la République près le tribunal de grande instance hors classe de Dakar, Serigne Bassirou Guèye. Près de 10 ans plus tard, c’est comme si l’histoire se répétait. Promu il y a à peine un an au poste de procureur général près la Cour d’appel, le magistrat fait encore une fois les frais de son indépendance et de son refus catégorique de se soumettre à l’Exécutif.

En effet, il résulte de plusieurs sources concordantes que le ci-devant procureur général a été sanctionné à cause de certains actes posés notamment dans le dossier Sweet Beauté. Selon nos informations, le garde des Sceaux a surtout été courroucé par la saisine de la Division des investigations criminelles (Dic) suite à la plainte déposée par Ousmane Sonko contre Maîtres Sow et Diouf. Interpellé par la tutelle, le désormais ancien chef du parquet de Dakar l’a tout bonnement envoyé balader. Les représailles n’ont pas tardé. Lors du Conseil supérieur de la magistrature tenu hier, il a été relevé et renvoyé à la Cour suprême comme premier avocat général. Une juridiction qu’il connaît déjà assez bien, puisqu’il y avait déjà séjourné de 2013 jusqu’au mois de novembre 2021.

À propos des derniers actes posés par M. Diagne, il faut noter, outre la plainte contre les avocats, celle déposée par le même plaignant contre l’ancien procureur de la République Serigne Bassirou Guèye. Autant de dossiers qui ont emporté ‘’l’indélicat” parquetier, remplacé par Ibrahima Bakhoum, précédemment avocat général près la même cour.

Pour ceux qui ne le savent pas, Ibrahima Bakhoum a été, en 2006, épinglé par l’Inspection générale de l’administration de la justice (Igaj), dans une sale affaire de corruption. Il a été frappé d’une interdiction d’exercer les fonctions de procureur de la République, de procureur de la République adjoint, de premier substitut, de juge d’instruction et de président de juridiction pour cinq ans. Dans une réaction spectaculaire, il avait saisi la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la non-transparence, pour protester contre cette sanction. Dans ce dossier Momar War Seck qui est resté dans les annales de la magistrature, une personne poursuivie pour escroquerie portant sur des millions a eu l’outrecuidance, avec l’aide d’une magistrate, de proposer à plusieurs magistrats devant intervenir dans le dossier des espèces sonnantes et trébuchantes. L’Igaj avait frappé dur au cœur de l’institution.

Affaire Sweet Beauté : Ousmane Diagne saisit la Dic et envoie la tutelle balader

Toujours en 2013, cédant son fauteuil à Serigne Bassirou Guèye, Ousmane Diagne disait à qui voulait l’entendre : ''Je n’ai jamais été autre chose qu’un procureur de la République, pas un procureur du gouvernement.'' Après une brève pause imposée par le standing ovation de la salle, il reprend et fulmine : ‘’Je vois, à travers votre réaction, toute la différence entre ces deux notions (procureur de la République et procureur du gouvernement). J’ai travaillé avec plusieurs gardes des Sceaux. À l’exception notable du professeur Moustapha Sourang à qui je rends hommage, j’ai toujours eu de grandes difficultés à certains moments...’’.

Au moment de quitter cette fonction qu’il a aimée, enchaînait-il, ‘’je n'ai absolument aucun regret. Si j'avais à refaire ce que j'ai fait pour partir, je l'aurais refait mille fois’’. Car pour lui, l’essentiel a toujours été de sortir la tête haute, sans devoir baisser les yeux devant qui que ce soit. ''A chaque fois qu’il m’a été possible de dire non, j’ai dit non de la façon la plus ferme, la plus irrévocable et Dieu m’est témoin que je n’ai aucun regret''.

L’indépendance, à l’en croire, ''elle s’assume et se paie". ‘’J’ai toujours dit ceci à mes élèves du CFJ (Centre de formation judiciaire) : ce n’est pas parce que nous sommes du parquet que nous devons être indépendants ou pas. Nous sommes d’abord et avant tout des magistrats. Nous sommes magistrats du siège ou du parquet du fait de la volonté du prince ou des affectations. Il n’y a pas de mérite particulier à être au siège ou au parquet, parce qu’on est indépendant ou pas. On est magistrat tout court. On est payé et on a vocation à exercer justement toutes les fonctions que nous devons exercer dans le cadre de la mission qui nous a été confiée par la nation. Car il ne faut pas oublier que la justice est rendue au nom du peuple sénégalais et non au nom de qui que ce soit''.

À l’époque, Aminata Touré était à la tête du ministère de la Justice et beaucoup pensaient qu’Ousmane Diagne a été emporté par son comportement dans le dossier Aïda Ndiongue, dont la tête était réclamée par la tutelle.

À DAKAR

La tutelle place ses hommes à la Cour d’appel et au TGI

En sus de ces dossiers, les dernières nominations du Conseil supérieur de la magistrature sont marquées par la nomination, à la tête du parquet de Dakar, d’Abdou Karim Diop, qui avait été révélé au grand public par une sale affaire conjugale. Accusé, en effet, par son épouse de l’avoir abandonnée avec un enfant de six mois, pour convoler avec l’ex-épouse de Tony Sylva. Pendant ce temps, son prédécesseur Amady Diouf est, lui, promu tout simplement à la tête de la Cour d’appel près le tribunal hors classe de Dakar. Moustapha Fall, précédemment Président de chambre à la Cour d’appel, a désormais les pleins pouvoirs au niveau du tribunal de grande instance de Dakar.

Bref, à Dakar qui doit connaître la très sensible affaire Sweet Beauté, des changements majeurs ont été faits aussi bien au niveau du parquet que du siège.

Hors de Dakar, c’est surtout la nomination de l’actuel président de l’Union des magistrats sénégalais à la tête de la Cour d’appel de Saint-Louis. Ancien président de la Cour d’appel de Dakar, Ciré Aly Ba est quant à lui porté à la tête de la Cour suprême. Ces changements décriés au sein de la magistrature remettent sur la table le lancinant débat de la gestion des carrières des magistrats et du statut du Conseil supérieur de la magistrature.

MOR AMAR

Section: 
RECONNU COUPABLE D’ESCROQUERIE : Un homme âgé de 77 ans condamné à 2 ans de prison
ARRESTATIONS POUR DÉLITS D’OPINION : Y en a marre monte au créneau
BIRAHIME SECK, COORDONNATEUR GÉNÉRAL DU FORUM CIVIL "Le gouvernement doit rester concentré sur les priorités du Sénégal"
‘’Charlie Hebdo’’
Fi Natangue
APRÈS AVOIR PROMIS UN VISA POUR LE CANADA S. G. Dione plume sa petite amie à hauteur d’un million de francs CFA
LUTTE CONTRE L’INSÉCURITÉ DANS LE CENTRE DU PAYS : La recette du général de brigade Jean Diémé
MIGRATION IRRÉGULIÈRE ENTRE JANVIER ET JUIN 2024 : 294 embarcations, avec 19 260 migrants, sont arrivées aux îles Canaries
Incendie Senelec Ouakam
OMINATIONS CONSEIL DES MINISTRES : Mamadou Oumar Ndiaye remplace Babacar Diagne
Bougane en garde à vue
ARRESTATIONS ET CONVOCATIONS D’OPPOSANTS ET DE CHRONIQUEURS : L’étau se resserre  
ARRESTATIONS ET CONVOCATIONS : Politiciens et journalistes dans le collimateur de la justice
THIÈS : Un conducteur de moto-Jakarta retrouvé mort sur la route de Pout
VOL À L’OCCASION DU SERVICE : Deux employés de la Scasa traduits en justice
POUR CRÉER DES EMPLOIS ET RÉPONDRE AUX ATTENTES DES AUTORITÉS : CNP et CNES unissent leurs forces
ÉMIGRATION CLANDESTINE : Le HCDS cherche des solutions
EN GARDE À VUE À LA DSC : Les minutes de l'audition de Cheikh Yérim
MBOUR - LUTTE CONTRE L'ÉMIGRATION CLANDESTINE : Le Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière entre en mission
Armée