Publié le 10 Sep 2024 - 18:26
CHAVIREMENT PIROGUE À MBOUR

Le bilan porté à neuf morts, des dizaines de disparus enregistrés

 

Le drame qui s’est produit à Mbour, le dimanche, avec le chavirement d’une pirogue de fortune contenant des dizaines de candidats à l’émigration clandestine, n’a pas encore dit son dernier mot. Hier, le bilan s’est alourdi avec cinq nouveaux corps sans vie repêchés par les équipes de sauvetage. Ce qui porte le chiffre à neufs morts enregistrés. Les autorités de la ville se prononcent.

 

Tristesse et désolation sont les sentiments les plus partagés dans la capitale de la Petite Côte, au lendemain du naufrage qui a emporté des dizaines de candidats à l'émigration clandestine, avant-hier. Aux dernières nouvelles, neuf corps sans vie ont été repêchés. Une situation qui installe la consternation dans la ville. Assez pour que les autorités administratives et les dignitaires lébous prennent la parole pour stopper l'hémorragie.

Le jaaraf de Mbour demande aux parents de retenir leurs enfants

Dans ce contexte particulier, le jaaraf de Mbour a exprimé toute sa peine face à ce fléau. ‘’Je prie pour que Dieu mette fin à ce qui est en train de se passer. Aussi, je recommande aux parents de retenir leurs enfants pour que les départs puissent être réduits, parce que si un voyage n'augure pas un bon trajet, il faut l'abandonner’’, a martelé Badou Ndoye.

Certes, estime le jaaraf, tout advient par la grâce de Dieu. ‘’On peut éviter de prendre des risques inutiles’’, renchérit-il, avant de conseiller aux jeunes de discuter avec leur entourage de leurs projets. ‘’Quand on entreprend de faire quelque chose, on doit d'abord en parler à un responsable pour avoir sa bénédiction avant de partir. C'est très dur de perdre ses enfants, mais tout devrait être réglé par le dialogue’’.

Le jaaraf des Lébous de Mbour est convaincu qu'il y en a beaucoup qui cachent leurs projets à leurs parents jusqu'à ce qu’ils débarquent quelque part pour téléphoner et demander de l'aide. ‘’Moi-même, j'ai des enfants qui étaient partis ; on pensait qu'ils étaient en mer pour chercher du poisson en Gambie, mais c'est lorsqu'ils sont arrivés au Maroc que nous avons été au courant’’, a-t-il illustré. C'est pour cette raison que ‘’nous prions Dieu pour que la mer soit très fertile en poisson afin que l'espoir renaisse et que personne n'ait plus jamais besoin de partir, parce que tout le monde aura un travail chez lui’’, a laissé entendre Badou Ndoye.

Le maire de la commune : ‘’Ce phénomène est en train de nous vider de notre jeunesse.’’

Au lendemain du drame, Cheikh Issa Sall a fait le déplacement au niveau de l'hôpital Thierno Mansour Barro de Grand-Mbour pour s'enquérir de la situation. À cette occasion, il s'est indigné de ce phénomène qui, selon lui, ‘’est en train de nous vider de notre jeunesse’’. À en croire le premier magistrat de la commune de Mbour, ‘’c'est un phénomène extrêmement grave, complexe et pour lequel on n'arrive pas encore à trouver la bonne solution’’. La mine abattue, Cheikh Issa Sall renseigne : ‘’On a fait beaucoup de séances de sensibilisation. On a impliqué les imams, les conseils de quartier et tout le monde s'y est mis, mais malheureusement, jusqu’à présent, c'est comme si le phénomène s'est accéléré.’’

De l’avis du maire de Mbour, ‘’c'est toute la communauté qui doit s'y mettre pour que ce phénomène soit stoppé le plus rapidement possible’’. Cette vague déferlante de morts et de disparus, selon lui, portera forcément un coup à l'économie maritime. Pour preuve, justifie-t-il, dans son quartier Tefess, ‘’les capitaines n'ont plus de bras pour équiper leurs pirogues et aller à la pêche. Et ça, ça risque d'avoir des répercussions extrêmement dangereuses en ce qui concerne la pêche artisanale. Ce sera un cercle vicieux si on n'arrive pas à stopper ce phénomène’’.

Les causes non encore déterminées

Selon le maire Cheikh Issa Sall, pour ce qui concerne les causes, personne ne peut dire de manière péremptoire quelle est la cause profonde de ces départs massifs. ‘’Pour certains cas, c'est une question de chômage, mais pour d'autres, il s'agit de capitaines de pirogue, des gens qui ont un travail responsable et qui ont de quoi gérer leurs familles, mais qui abandonnent tout pour embarquer dans ces pirogues de fortune pour aller en Europe’’, a-t-il souligné.

Cependant, le jaaraf remarque que certains qui sont arrivés à destination font miroiter le paradis à ceux qui sont restés au pays. ‘’Il y a des gens qui sont arrivés en Espagne qui publient des plats succulents au point que certains pensent que c'est aussi agréable que ce qu'ils voient alors qu'au même moment, il y en a d'autres qui ne veulent que rentrer au pays’’, fait-il remarquer.

Très peiné par ces spectacles désolants devenus assez fréquents, le jaaraf lance un appel aux jeunes qui sont tentés de braver l’océan pour rallier l'Espagne. ‘’Vous les enfants, résignez-vous et arrêtez de prendre le large. Tout ce qui est destiné à une personne trouvera toujours le chemin de lui parvenir. Avant de faire un voyage, il faut d'abord l'étudier. Devoir apprendre par surprise que nos enfants ont péri en mer, c'est très injuste, c’est douloureux’’, a-t-il regretté.

Ces derniers temps, les vagues de départs ont pris une autre tournure. De plus en plus, on note une présence massive d’étrangers candidats au départ qui arrivent de la sous-région. ‘’Il faut aussi éviter les étrangers qui arrivent avec un sac en bandoulière. Il ne faut pas les héberger parce que ce sont ces gens qui entrent dans les pirogues et qui aggravent la situation’’, peste-t-il. Pour lui, il y a beaucoup de personnes qui endossent leur sac et qui circulent dans la ville, à la recherche d'une pirogue pour partir. ‘’Les gens viennent de tous les horizons, il y en a qui ne sont pas des pêcheurs et qui ne savent pas nager, ce qui aggrave la situation. La mer, il faut la connaître, la maîtriser pour savoir nager. Mais si tu ne sais pas nager, dès qu’il y a un chavirement tu meurs’’.

 Parlant des disparus, le dignitaire estime qu’il faut surtout les chercher dans les environs où il y a eu le chavirement, parce qu’ils vont remonter à la surface.

IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)

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