Enda Energie plaide pour un changement de paradigme

Replacer les communautés locales au centre des politiques d’adaptation et mobiliser le soutien nécessaire, notamment financier et législatif, pour renforcer leur résilience face aux défis climatiques. Tel était l’objectif principal assigné au forum sur l’adaptation au changement climatique initié par Enda Energie face à l’urgence croissante des impacts du changement climatique. Cet événement stratégique a réuni des parlementaires, des représentants d’ONG, des collectivités territoriales et des acteurs de la société civile, autour d’un objectif commun : renforcer la résilience des communautés à la base.
Malgré des décennies de politiques d’adaptation, l’impact sur le terrain est resté limité. La raison, c’est que les communautés de base, en première ligne de cette lutte, sont souvent exclues de l’élaboration et de la mise en œuvre des projets, et reçoivent très peu de financements. C’est le constat alarmant fait par la responsable du plaidoyer à Enda Energie et coordinatrice du programme sur l’adaptation menée au niveau local, Aïssatou Diouf. « Les projets sont souvent décidés sans impliquer les bénéficiaires directs. Notre ambition est de mettre les communautés au centre de la planification, de l’action et du financement climatique », a-t-elle déclaré.
Ainsi, le forum de Saly visait à son avis à «changer de paradigme, mettre les communautés au centre des politiques d’adaptation, faire également le plaidoyer au niveau institutionnel, au niveau national et à l’échelle internationale pour que les financements climatiques puissent atteindre ces communautés à la base».
La présence du Réseau des parlementaires pour la protection de l’environnement au Sénégal (Repes) a été particulièrement saluée lors de ce forum. «C’est à l’Assemblée nationale que les lois sont votées, et si cette institution s’intéresse au travail que nous menons, ça pourrait faciliter ce plaidoyer», a-t-elle déclaré, soulignant le rôle crucial des députés dans la veille de l’action gouvernementale et la prise en compte des attentes communautaires.
Poser les bases d’un cadre national de plaidoyer concerté
L’honorable Samba Dang, vice-président de l’Assemblée nationale et président du Repes, a exprimé le plein soutien des parlementaires à cette initiative, mais a insisté sur la responsabilité des parlementaires envers les populations qu’ils représentent. «Aujourd’hui, le changement climatique est partout, et les premières victimes, c’est nous, les populations. Nous sommes obligés de vérifier si le budget vert qui a été voté a été appliqué au niveau de la base, si tous les ministères prennent en charge le budget vert dans leur budget. Et nous devons veiller à ça », a affirmé le vice -président du Repes.
D’ailleurs, l’ajout d’une quinzième commission à l’Assemblée nationale, dédiée à l’évaluation des politiques publiques, témoigne de cette volonté parlementaire de l’avis de Samba Dang qui estime que bien que l’Exécutif ait la volonté d’agir, il manque souvent les outils pour mesurer l’impact sur les populations. «Des Ong comme Enda peuvent nous renseigner sur le terrain, parce qu’elles ont l’outil d’évaluation, et c’est un outil comparatif qui peut, au-delà de ce que l’Exécutif fait, amener des chiffres pour montrer qu’effectivement, les populations ne sont pas impactées. Si elles ne sont pas impactées, nous serons obligés de renforcer notre plaidoyer», a-t-il précisé.
PAPE MBAR FAYE