Les raisons d’une tension
C’est tendu entre les compagnies maritimes et les acteurs portuaires (transitaires, transporteurs et commerçants) opérant au Port autonome de Dakar. Les seconds nommés accusent les premiers de lenteurs qui leur portent préjudice. La direction du port indique avoir pris la mesure du différend et entend parvenir à une solution idoine pour les deux parties.
Un conflit commercial oppose les compagnies maritimes aux acteurs portuaires (transitaires, transporteurs et commerçants) opérant au Port autonome de Dakar (PAD).
En effet, selon les explications, les opérations contre la congestion maritime menée au mois d'octobre dernier ont permis de réaliser de grandes performances au niveau de l'amont portuaire. Ainsi, le trafic de marchandises, dit-on, est passé à 22,35 t contre 21,8 millions de tonnes en 2021 ; les escales de navires sont en hausse de 6 % et une augmentation du trafic de 35 % a été enregistrée par rapport à 2022. ‘’Dans ces 35 %, le Port autonome de Dakar absorbe aujourd’hui les 18 %’’, dit-on.
Ce regain d’activité expliquerait le mouvement d'humeur des acteurs portuaires qui ont initié un plan d'action contre les lignes maritimes. Ils pestent contre les compagnies maritimes coupables, à leurs yeux, des lenteurs notées dans les demandes de facturation de conteneurs qui peuvent durer plus de cinq jours, voire une semaine. ‘’Ils reprochent aux compagnies maritimes, principalement à MSC et Maersk, le non-respect de l'interchange documentaire qui permet de prouver la matérialisation du paiement et le retard accusé dans la délivrance du BAD (Bon à délivrer)’’, soulignent nos interlocuteurs.
Devant cet état de fait, les acteurs portuaires ont décidé d’exiger le remboursement de ce qu'ils appellent des frais payés, du fait de ces lenteurs qu'on ne peut leur imputer. ‘’Le manutentionnaire principal, DPW, est aussi accusé d'entraver la fluidité des opérations de livraison des conteneurs, occasionnant des temps d'attente de 8 heures pour les camionneurs’’, renseigne-t-on.
Cette tension a fait réagir le directeur général Mountaga Sy. "Nous sommes, explique-t-il, en face d’une problématique relative au trafic conteneurs. Le terminal est rempli de conteneurs pleins, les magasins d’entreposage sont remplis de conteneurs vides. Les terminaux à conteneurs bord-quai, terrestres, les plateformes d’entreposage ont un lien physique de connectivité. C’est une question de performance et d’engagement des concessionnaires de terminaux qui ont un contrat de performance’’.
Ayant fait ce constat, le DG du PAD annonce ainsi que l'autorité portuaire prendra les décisions qui s'imposent en tant qu’agent régulateur du mode de fonctionnement du port en cas de conflit entre des acteurs. "S’il est dit que les usagers payent des frais de magasinage ou des surestaries sur terre, la responsabilité sera située et ce qui doit être fait sera fait. Même s’il y a conflit, on saura à quel moment et à quel endroit mettre le bon curseur pour que le système fonctionne correctement’’.
Vaste opération de désengorgement
En outre, pour enrayer une bonne partie de la problématique de l'engorgement, la Direction générale du Port autonome de Dakar a entrepris une vaste opération de désengorgement des espaces parking et des voies de circulation. De gros moyens logistiques et sécuritaires sont déployés sur le terrain. L’opération vise à libérer quatre grands axes, les emprises stratégiques à la circulation des véhicules et au trafic routier. Ces quatre grands axes sont : la voie Rocade, Fann Bel-Air, Felix Eboué, route des Grands moulins et route des Hydrocarbures. L’opération, pilotée par le DG du port, est menée par le préfet de Dakar, les acteurs portuaires et les forces de sécurité représentées par la gendarmerie et la police nationale. Elle est prévue sur une durée de huit semaines avec un dispositif mis en place par les forces de sécurité avec les agents assermentés du Port autonome de Dakar.
L’objectif de l’exercice, dit-on, est d’enrayer totalement la congestion terrestre qui sévit aux axes prioritaires menant au port et qui est à l’origine de plusieurs menaces de grève émanant de la communauté des acteurs portuaires. "Les commerces et autres installations sur la voie ont été enlevés et chargés à bord de véhicules. D’une telle manière, la direction du PAD assure la fluidité du trafic sur les axes ciblés. Les autorités portuaires en relation avec les forces de sécurité entendent en assurer le suivi pour éviter qu’ils ne reviennent sur place comme à l'accoutumée", souligne-t-on.
Le directeur général du Port autonome de Dakar, en rapport avec les acteurs portuaires, annonce avoir trouvé des réponses concrètes à cette problématique avec cinq actions majeures : assouplir les charges liées aux frais de magasinage et de surestaries ; obliger les concessionnaires à se soumettre aux contrats de performance qui les lient à l’État du Sénégal ; assurer le contrôle et le suivi des terminaux à conteneurs de DP World et transférer l’excédent de conteneurs de DP World au niveau de la gare des gros-porteurs de Diamniadio ; une opération de désencombrement pour libérer les espaces de parking des occupations sauvages sur la voie de circulation et une rencontre avec les acteurs portuaires et MSC pour évaluer l’état de prise en charge des actions prévues.
Selon le document, les acteurs portuaires qui se sont mobilisés durant toute la nuit aux côtés de l’autorité portuaire, du préfet et des forces de sécurité ont salué cette opportune initiative de la Direction générale du PAD.
Ainsi, poursuit-il, elle a pensé encore s’attaquer dans la continuité de leurs premiers actes à la problématique de la congestion terrestre.
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)