Publié le 25 Sep 2014 - 13:53
CONFLIT ENTRE PETROLIERS SENEGALAIS ET ENTREPRISES FRANÇAISES

Quand le Sénat français recommande «la chasse en meutes»

 

On a beau critiquer «l’alliance» patriotique entre TOTAL Sénégal, Orange et Eiffage Sénégal, on est en face d’entreprises fortes soutenues par leur pays à travers différentes structures dédiées à l’international. Ce qui n’est pas le cas des locales abandonnées à elles-mêmes par les pouvoirs publics et victimes de leur taille peu critique.

 

La petite guerre qui oppose l’Association sénégalaise des pétroliers (ASP), d’une part, aux multinationales françaises TOTAL Sénégal, Orange et Eiffage Sénégal d’autre part, amplifiée en fin de semaine dernière par un voyage à Paris de journalistes sénégalais invités par le pétrolier français, ne changera pas substantiellement le rapport de forces dans le secteur.

Entre de petites unités industrielles locales soumises aux contraintes de taille, de financement et, finalement, de survie dans leur propre pays, et un mastodonte qui a les moyens de ses ambitions et qui s’en sert absolument, le combat est trop inégal pour ne pas faire penser à David et Goliath. En conséquence, c’est peut-être bien sur le plan politique qu’il serait possible de scruter quelque développement. Encore que…

Ce qui est «constant», par contre, c’est que la France, après le «Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale» de 2013 qui a redéfini de nouvelles orientations et priorités pour ses armées, notamment sur le continent africain, n’est pas loin d’en commettre un autre, relatif cette fois-ci à l’économie. Pour cela, le très exhaustif travail critique et de propositions, effectué par le Sénat en décembre de l’année dernière, en constituerait certainement une base essentielle.

Ce qui est «constant» néanmoins, c’est que «les affaires sont et restent les affaires», quelle que soit la taille des acteurs en lice. Sous cet angle, TOTAL Afrique ne laissera rien passer en termes de profits possibles à ramasser. Et dans une situation où les rôles seraient renversés, il n’est pas certain que les pétroliers sénégalais eussent agi différemment. C’est la compétition !

La différence à ce niveau, c’est le rôle politique que les Etats se réservent le droit de jouer pour défendre les intérêts de leurs «champions» respectifs. C’est dans ce sens que le rapport du Sénat de la République Française trouve toute sa pertinence, autant dans le diagnostic qu’il fait de l’état des entreprises et de l’économie françaises en Afrique que par rapport aux propositions tendant à renverser une réalité devenue inacceptable aux yeux de représentants du peuple français. ?????

«Chasse en meutes»

Le «regroupement» du trio d’entreprises françaises constitué de TOTAL Sénégal, Orange et Eiffage Sénégal» relève certainement d’une stratégie gagnante qui sert les intérêts commerciaux des uns et des autres. Mais on peut en trouver les bases justement dans les propositions faites par les sénateurs du Palais du Luxembourg.

«Nombre de nos concurrents ‘chassent naturellement en meutes’. En France, nous n’avons pas cette tradition. Les pouvoirs publics ont la responsabilité de favoriser cette pratique en rassemblant les grandes entreprises présentes en Afrique telles que Bolloré, Total, Vinci, Bouygues, ou de plus entreprises, et de voir comment, selon les secteurs et les géographies, le succès des uns peut tirer les autres», lit-on à la page 412 du document référé. C’est exactement ce que font TOTAL Sénégal, Orange et Eiffage Sénégal à travers des services bien déterminés («Orange money», Autoroute à péage, enseignes Citydia), et pour lesquels le marché existe au Sénégal, à Dakar notamment.

Produis et services pour le «bas de la pyramide»

Pays pauvre au regard de critères validés par nos gouvernants, le Sénégal reste marqué par une répartition inégalitaire des revenus entre les franges de sa population. Comme pour la plupart des pays de même standing, note le rapport sénatorial, cette répartition «se reflète dans une pyramide dont le sommet est constitué par une faible proportion de personnes à revenus élevés et dont la base est constituée de la majorité de la population à faibles revenus.»

C’est avec cette partie de la population que le trio français cherche à capitaliser, en partant du principe qui veut qu’il n’existe point de bénéfices négligeables, surtout quand ils peuvent être d’échelle. Le pouvoir d’achat individuel des populations les plus pauvres «est faible», «mais leur grand nombre offre des opportunités de marché considérables», souligne le document. C’est pourquoi «les stratégies de marketing doivent être complètement révisées et adaptées à ces nouveaux segments de marché» et «les produits doivent être conçus spécialement pour des consommateurs à faible budget et pour des usages spécifiques.» Ce que tentent justement les multinationales françaises installées au Sénégal.

Quant à l’Etat sénégalais, que fait-il concrètement pour les entreprises sénégalaises du secteur pétrolier qui appellent, même pas à des mesures contre TOTAL et alliés, mais au respect des principes d’une concurrence saine et juste où les plus forts avalent les plus faibles ? 

MOMAR DIENG

 

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