Le président limoge le SG, le préfet refuse
L’arrêté du président mettant fin aux fonctions du secrétaire général est nul et non avenu. Le préfet du département de Diourbel a rejeté la décision du président du conseil départemental. Retour sur un dossier qui tient en haleine cette collectivité territoriale, depuis une semaine.
La passation de service prévue le vendredi passé, entre Allé Guèye, Secrétaire général sortant du conseil départemental, et Amadou Faye son remplaçant, n’a pas eu lieu. C’est parce que le préfet du département, en sa qualité de contrôleur de la légalité, a demandé au secrétaire général sortant de ne pas passer le témoin à son successeur et de continuer le travail. Pour l’autorité administrative, l’argument (le secrétaire général est âgé de 65 ans) avancé par le président du conseil départemental pour se séparer de son ancien secrétaire général n’est pas convaincant. Il s’y ajoute que le président du conseil départemental n’a pas adressé une correspondance au préfet, mais il lui a plutôt fait ampliation de la lettre de limogeage du secrétaire général, alors que c’est contraire à la règle.
Fort de toutes ces remarques, le préfet du département de Diourbel a demandé au secrétaire général de poursuivre son travail et de rester à son poste.
Sur ce qui est convenu d’appeler présentement l’affaire du conseil départemental, il faut remonter à la demande faite par le secrétaire général au président du conseil départemental pour le paiement de ses 19 mois d’indemnités. Dans une correspondance en date du 29 septembre 2022 adressée au préfet du département de Diourbel et dont ‘’EnQuête’’ détient copie, le secrétaire général sortant Allé Guèye révèle les manquements notés par rapport à l’application de l’article 14 du Code général des collectivités territoriales. Il y dénonce ‘’un virement de crédit approuvé par arrêté n°0055/D DBL en date du 4 mars 2021 d’un montant de 2 000 000 F CFA destiné aux frais de déplacement du secrétaire général suite au décret 2021-03 du 6 janvier 2021 et qui ne (lui) est jamais parvenu. Ce qui constitue un détournement d’objectifs.
Il poursuit : ‘’Le paiement des indemnités qui constituent une dépense obligatoire, à l’instar des autres indemnités et salaires, font l’objet d’arriérés portant sur 19 mois dont un seul m’a été versé, ne saurait souffrir d’aucun cumul, puis de règlement à tempérament, d’autant plus que les salaires sont régulièrement payés, les indemnités régulièrement versées.’’
Faux et usage de faux
Dans cette même correspondance, le secrétaire général reproche au président ‘’un établissement d’un certificat administratif de complaisance ramenant la date d’entrée en vigueur de l’indemnité forfaitaire du 15 juillet 2021 au lieu du 1er mars 2021, conformément au décret n°2021-03 du 6 janvier 2021 relatif aux véhicules administratifs’’. De plus, Allé Guèye accuse le président du conseil départemental de faux et usage de faux en écriture sur les documents publics dans l’établissement du certificat administratif, parce que la référence n°59/MFB/DGCPT/DCP/DR ne saurait, pour lui, se substituer au décret n°2021-03 du 6 janvier 2021.
Pour le secrétaire général du conseil départemental, son différend avec le président Abdou Khadim Guèye résulte aussi du fait qu’il y a ‘’une résistance abusive manifeste dans l’exécution de certaines décisions pour la régularisation de (s)es indemnités précédentes qui ont engendrées le premier différend qui (le)s opposait et qui devait être un vieux souvenir’’.
Outre ces griefs, le secrétaire général demande au chef de l’État, par l’entremise des corps de contrôle et du ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires de se pencher sur le conseil départemental.
En effet, confie Allé Guèye, ‘’chaque année, le conseil départemental vote, depuis maintenant sept années, des crédits de 7 millions de carburant pour le secrétariat général et les bureaux, alors qu’il n’y a qu’un seul véhicule au conseil départemental et il a été acquis dans le cadre de la coopération décentralisée. Ce véhicule appartient à l’Office départemental pour l’emploi des jeunes (ODEJ). Où est passé cet argent et quelle utilisation en a été faite, parce que le secrétariat général n’a jamais reçu une goutte de carburant. Les recettes générées par la radio, comment elles sont utilisées ?’’.
Du côté de la présidence du conseil départemental, impossible de joindre le président. Toutefois, les colonnes du journal lui restent ouvertes, au cas où il voudrait s’exprimer sur ce sujet qui occupe les discussions au niveau des grand-places de la commune de Diourbel.
BOUCAR ALIOU DIALLO (DIOURBEL)