Augustin Senghor, les prémices d’une chute !

La Confédération africaine de football (Caf) a choisi, ce mercredi 12 mars 2025, ses sept membres pour intégrer le Conseil de la Fifa. Augustin Senghor, président de la Fédération sénégalaise de football, faisait partie des treize candidats en lice. Malheureusement, il n’a pas été élu. À quelques mois de l’élection pour la présidence de la FSF, Augustin s’est davantage fragilisé.
Contre toute attente, le président de la Fédération sénégalaise de football n’a pas été sélectionné parmi les six membres de la Confédération africaine de football (Caf) pour figurer au Conseil de la Fifa. Les regards étaient tournés, ce mercredi 12 mars, vers Le Caire. Les dirigeants du football africain ont choisi leurs représentants dans la plus haute instance du ballon rond pour les quatre prochaines années lors de l’Assemblée générale extraordinaire de la Caf.
Premier vice-président de l’instance dirigeante du football africain depuis mars 2021, Augustin Senghor avait l’un des meilleurs profils pour prétendre à l’un des cinq postes grâce à son pédigrée. Malheureusement, cela n’a pas suffi pour convaincre ses pairs. Il a d’ailleurs été classé 10e sur les 13 candidats en lice.
Cette défaite survient à un moment où son poste de président de la FSF est remis en cause, à quelques mois de l’AG de la FSF. En peu de temps, Augustin risque de tout perdre.
Victime d’un manque de soutien
Véritable pilier du renouveau du football sénégalais, Augustin Senghor a tout connu à la tête de la Fédé sénégalaise depuis son arrivée en 2009. D’une armoire vide, il a réussi à la remplir. Au-delà des sacres, le maire de l'île de Gorée a apporté une stabilité au sein des différentes sélections et surtout au sein de la FSF. Ses réalisations à la tête de la Fédé sénégalaise lui ont donné la légitimité de prétendre au poste de président de la Caf, en mars 2021. Malgré tous les espoirs placés en lui et son statut de favori, Augustin s’est retiré de la course, après le protocole de Rabat, au cours duquel le président de la fédération mauritanienne, Ahmed Yahya, et celui de la fédération ivoirienne de l’époque, Jacques Anouma, ont décidé de se ranger derrière l’homme d’affaires sud-africain Patrice Motsepe. Ce dernier s’est imposé et Me Senghor a été nommé premier vice-président.
Près d’un an après ce changement de statut dans les grandes instances décisionnelles du football continental, Augustin et le Sénégal ont commencé une razzia de trophées lors des compétitions de sélections (Can, Chan, U20, U17, etc.). Sa légitimité s’est alors installée. Augustin Senghor a gagné le droit de prétendre à des postes élevés dans le milieu du football.
Cependant, après le protocole de Rabat, celui de Nouakchott a eu lieu vers la fin du mois de février. Les différents candidats au Conseil de la Fifa ont été conviés par Ahmed Yahya. Plusieurs observateurs ont considéré cette rencontre comme le tournant décisif dans cette course. Avec une pléthore de prétendants provenant de la zone Ouest de l’Afrique, notamment l’Ivoirien Yacine Idriss Diallo, le Nigérien Djibrilla Hima Hamidou dit Pelé, le Mauritanien Ahmed Yahya et le Nigérian Amadu Mekvin Pinnick, membre sortant du conseil, Augustin était en compétition. Hôte de cette rencontre, le Mauritanien a l’avantage d’être un proche collaborateur de Gianni Infantino, président de la Fifa, et bénéficie grandement de son soutien ainsi que de celui de son président de la République.
Pour Djibrilla Hamidou du Niger, une large campagne a été menée sur l’ensemble du continent, contrairement au président de la FSF. Augustin Senghor a non seulement été discret sur sa candidature, mais a aussi manqué du soutien public des dirigeants sénégalais, ce qui a joué en sa défaveur. Son seul statut de premier vice-président de la Caf n’a pas suffi pour lui valoir ce poste. Il finit derrière des profils qui le supplantent dans le Comité exécutif de la Caf. ‘’J’étais en compétition avec d’autres vice-présidents et membres du Comex qui sont passés. Il y aurait une certaine incohérence et même une illégitimité que je prétende à les diriger. Je considère que le poste ne me revient plus’’, a-t-il déclaré au micro de DSports.
Une défaite qui en appelle une autre
Augustin a ainsi quitté, ce mercredi, son poste de vice-président et se retrouve uniquement membre du Comité exécutif de la Caf. Si son statut a régressé au sein de la confédération et aux yeux de ses pairs africains, le maire de Gorée a aussi suscité beaucoup de critiques pour sa gestion de la FSF et l’opposition pour la présidence de la fédération, lors de la prochaine assemblée générale exécutive s’annonce plus rude.
Après plus de 15 ans à la tête de l’instance dirigeante du football sénégalais, il est de plus en plus poussé vers la sortie. Son hégémonie est remise en question même par ses proches collaborateurs. Avant la prochaine Can au Maroc, Augustin Senghor risque de ne devenir qu’un simple membre du Comité exécutif de la Caf, après plusieurs années à servir le football sénégalais et continental.
Par Mamadou KANE