Publié le 18 Sep 2014 - 16:03
CONSEQUENCES DES APE AU SENEGAL

Le sursis pour l’agriculture, les services, l’investissement, l’emploi… 

 

Le raffinage de pétrole, les branches agricoles, les services, mais aussi les bâtiments et travaux publics ainsi que le commerce dans l’Uemoa, l’emploi, et l’investissement sont des secteurs qui pourraient souffrir d’une mise en œuvre de l’Accord de partenariat économique entre l’UE et les ACP. Des effets négatifs que les compensations fiscales promises ne sauraient couvrir en totalité.

 

La pression de l’Union européenne sur des pays africains en vue d’une signature totale ou intérimaire de l’Accord de partenariat économique (APE) ne faiblit pas et pourrait même aboutir à des mesures de sanctions à partir du 1er octobre prochain. Si la résistance de certains Etats perdure, c’est que les contrecoups de cette libéralisation de nos marchés sont porteurs de danger pour les économies des pays concernés.

Selon le directeur exécutif d’Enda-Cacid, «la plupart des études menées jusqu'ici montrent que l'APE aura des conséquences relativement négatives sur les secteurs de production, le commerce intra-régional, l'emploi, l'investissement, etc.» Selon des études réalisées par la Direction de la prévision et des enquêtes économiques (DPEE) du ministère de l'Economie et des Finances et rappelées par Cheikh Tidiane Dièye, «l'un des premiers effets pour (notre pays) est le détournement du commerce entre le Sénégal et les pays de l’UEMOA’’. Concrètement, «les exportations sénégalaises à destination des pays de l’Union reculeraient, en moyenne, de 1% par an, à partir de 2016 dans le scénario d'une libéralisation de 70% du commerce avec l'Union européenne. Or dans l'APE paraphé, le taux d'ouverture est de 75%», ce qui accentuerait ces effets négatifs.

D’autre part, la mise en œuvre de l’APE se traduirait également «par une baisse régulière du produit intérieur brut (PIB) à partir de 2016» à un niveau de «-0,39%». Cette perte annuelle pourrait passer «à 0,8% en 2038», d’après une étude de la DPEE datant de 2012. Logiquement, une telle baisse du PIB entraînerait «une baisse de la demande des facteurs de production», explique Cheikh Tidiane Dièye. Et globalement, «la plupart des branches de l’économie afficheraient un recul de leur activité, sous l’effet de la concurrence accrue des produits importés de l’UE devenus plus compétitifs».

En guise d’exemple, c’est la branche de raffinage de pétrole qui subirait «la baisse de production la plus importante en termes relatifs (-4,26% par an)». Puis viendraient «les branches agricoles, les BTP et les services». En outre, «le démantèlement tarifaire sur les importations en provenance de l’UE devrait avoir pour conséquence des moins-values de recettes pour l’Etat même s’il y a des facteurs d'amortissement des chocs que pourrait connaître l'économie».

Outre la DPEE, d’autres structures de recherches aboutissent à peu près aux mêmes prévisions : le Centre-Sud, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) des Nations unies, Enda-Cacid, le Consortium pour la recherche économique et sociale (CCRES), etc.

Toutefois, le Dr Dièye souligne que «les effets négatifs (attendus) pourraient être neutralisés grâce à des compensations des pertes fiscales par l'Union européenne et le financement du programme de développement». Mais, dit-il par image, «la question est de savoir s'il est raisonnable d'allumer un feu tout juste parce qu'on pense avoir assez d'eau chez le voisin pour l'éteindre».  

ASSANE MBAYE 

 

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