Entre controverse et nécessité
A l'occasion de la Journée mondiale de la contraception célébrée ce mercredi 26 septembre, EnQuête propose un dossier sur ce thème d'actualité qui interroge les mœurs de la société sénégalaise, notamment les jeunes. Des pratiques usuelles chez les jeunes au point de vue de la religion, en passant par l'avis des spécialistes de la santé, nous vous proposons une plongée au cœur d'une pratique sujette à controverses.
La contraception. Ce mot fait tiquer dès qu'on le prononce. A la cité Aline Sitoé Diatta (ex Claudel) l'ambiance est électrique en ce midi. Jeunes filles et jeunes garçons font la queue devant le restaurant. Dans cet univers estudiantin, l'utilisation des méthodes contraceptives est à la mode. La plus utilisée est le Norlevo, communément appelée la pilule du lendemain. Le stérilet et la méthode orale contraceptive viennent en second lieu.
Nous sommes à la chambre 45 B2. Sur un lit est allongée Awa Fall, étudiante en troisième année en Droit juridique. Ses camarades de chambre sont parties au restaurant. Teint noir, Awa, 26 ans, se souvient du premier jour où elle a utilisé un contraceptif d'urgence, le Norlevo. ''Je ne suis pas encore mariée. Il y a deux ans de cela, comme toute jeune curieuse, j'ai eu des rapports sexuels avec mon petit ami. Par la suite, j'ai eu très peur. Lorsque, je suis rentrée la nuit, je m'en suis ouverte à ma meilleure amie qui est partie à la pharmacie m'acheter une contraception d'urgence. Au début j'ignorais son existence. Avant de la prendre, elle m'a tout expliqué'', raconte Awa.
Plus loin, à la chambre 12, chaque étudiante essaie de se justifier, comme si elles étaient en face de leurs parents. ''Si l'utilisation des contraceptifs est assez fréquente, c'est parce que les filles pensent à leur avenir. Sans cela, il y a les grossesses non désirées qui guettent et font perdre du temps. L'enfant est une charge. Maintenant, libre à la personne de choisir la méthode qui lui convient le mieux'', déclare Absatou Diaw, étudiante en deuxième année en Lettres modernes. ''Moi j'utilise souvent la pilule du lendemain. Je le fais pour éviter la fécondation. C'est une méthode très pratique'', soutient-elle.
''Je me sens plus en sécurité''
Une thèse que défend Salimata Sène, teint dépigmenté, percing sous la lèvre inférieure. ''Je préfère le ''Oral contraceptive''. Ce sont des comprimés séquencés par jour et la femme n'a aucun problème pour les prendre. D'ailleurs, par rapport à son utilisation, il y a des rendez-vous à respecter avec les sages-femmes. C'est très pratique'', indique la jeune fille qui révèle ne pas éprouver de gêne en allant à ses rendez-vous.''La contraception, dit-elle avec conviction, a réglé beaucoup de problèmes, surtout pour nous qui sommes des étudiantes. Elle permettent de continuer les études''.
Au PM4 du campus de l'université Cheikh Anta Diop, les débats restent centrés autour de l'utilisation du Norlevo et du Stérilet. Fanta Hann est étudiante au département d'histoire. Elle préfère le stérilet, car elle estime que c'est plus prudent. ''Je me sens plus en sécurité. On peut prendre le Norlevo et tomber enceinte. Alors que le stérilet bloque tout. On le fait au moins pendant 5 jours. Le Norlevo ne dure que 72 heures'', poursuit-elle. Une thèse que ne peut entendre Nicole Bass. ''Dis plutôt que tu es habituée au stérilet. Mais quand à l’efficacité, tu n'en sais rien. Tous les deux sont efficaces'', martèle l'étudiante.
''Les pilules présentent des effets secondaires nuisibles pour la santé''
Mariétou Wane est étudiante à l'Université Dakar Bourguiba. La jeune dame de 26 ans n'a jamais utilisé de pilules contraceptives. Elle redoute le danger que causent ces pilules et le fait de ne pas être mariée. ''Je ne vois vraiment pas l’intérêt d'utiliser ces méthodes. Je ne suis pas mariée. En plus, ces médicaments sont très dangereux. Ils ont des effets secondaires nuisibles à la santé. Même si je me marie, j'ai vraiment peur de les prendre'', dit-elle. Même défiance chez l'étudiante en sociologie Codou Dieng. ''Les médecins ne disent jamais le côté négatif des choses. C'est bien d'utiliser les méthodes contraceptives, pour espacer les naissances. Mais, il y a aussi des non-dits. Ces pilules présentent certains effets comme les vertiges, elles font aussi grossir ou maigrir. Il faut aussi que l'on se renseigne bien avant utilisation'', prévient Codou.
Par Viviane DIATTA et Idelette BISSUU
A suivre
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