Les jeunes du Collectif de Ngor déversent leur colère dans la rue
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La situation a été très tendue, hier, à Ngor. De violents affrontements ont opposé policiers et jeunes membres du Collectif pour l’extension du village de Ngor.
Ça a chauffé hier à Ngor. En effet, vers les coups de 17 h, des jeunes ont envahi les rues et barré les routes boquant ainsi la circulation. Ils ont brûlé des pneus. D’où l’intervention des forces de l’ordre qui ont dû appeler des éléments en renfort. Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes pour stopper les jets de pierre. De violents affrontements qui se sont poursuivis jusqu’à la nuit.
Ces échauffourées étaient prévisibles, depuis que Macky Sall a annoncé l’octroi aux champions d'Afrique de terrains de 200 m2. Mais où à Dakar ? C’est la question que beaucoup se demandaient. ‘’Le problème qui se pose, c’est qu’on leur octroie des terres dans la zone de Ngor, Ouakam Yoff. On a eu l’information selon laquelle ils veulent leur donner des terres au niveau de la gendarmerie de Ouakam. Ce matin (hier), ils ont commencé à faire des terrassements’’, a informé le coordonnateur du Collectif pour l’extension du village traditionnel de Ngor, Mamadou Ndiaye, joint par ‘’EnQuête’’. Pourtant, depuis belle lurette, ce collectif demande à l’Etat 50 hectares pour désengorger la commune.
D’ailleurs, hier, avant les heurts, des membres de ce même collectif s’étaient réunis pour un forum de sensibilisation sur les terres de l’aéroport. Mais les responsables du groupement n’ont pas pu empêcher les jeunes de manifester leur colère. ‘’On venait de commencer par Ngor, et demain (aujourd’hui), on a rendez-vous à Yoff. Alors, quand on est venu pour le forum, les gosses de Ngor ont dit qu’ils en ont assez des réunions, des forums, et des points de presse. C’est eux qui nous ont mandatés. Ces mêmes gosses là nous ont dit : ‘l’Etat ne nous respecte pas. Depuis des années, nous courrons derrière le gouvernement pour que notre demande soit satisfaite. Maintenant, nous ne pouvons plus rester là à vous écouter’’, a expliqué le coordinateur du collectif Mamadou Ndiaye, à ‘’EnQuête’’. Et de s’indigner : ‘’L’Etat décide d’octroyer des terres aux joueurs de football, alors que chacun d’entre eux peut s’offrir un terrain. Ils n’ont pas besoin que l’Etat leur donne cela. Et Pendant ce temps, au niveau de l’administration, des gens partagent nos terres entre eux pour ensuite les vendre’’.
Avant-hier, le Collectif pour l’extension du village de Ngor a rencontré le porte-parole du khalife des Layennes. Qui leur a demandé de surseoir à une manifestation qu’il voulait faire. ‘’On avait prévu de faire une manifestation, mais le khalife nous a demandé d’attendre. Parce qu’il doit recevoir Macky Sall. Le président passera et le khalife lui parlera’’, a fait savoir M. Ndiaye. Mais au -delà de l’appel de Seydina Limamou, il craint que, si le collectif n’a pas de réponse favorable, les populations sortent à nouveau dans les rues.
‘’Nous tout ce que nous essayons de faire avec le Collectif, c’est de contenir les gens et d’organiser la demande. Mais, à un moment donné, l'on ne peut plus les retenir’’, se dédouane-t-il. ‘’C’est frustrant. Nous partageons cette frustration des jeunes avec les populations. Ces terres nous appartiennent. C’est des titres fonciers. Si vous allez au niveau de la conservation foncière, contrairement à ce que disent Diao et les autres ministres, demandez le bardeau analytique, on va vous faire la liste des propriétaires’’, a-t-il indiqué.
En effet, d’après lui, avant que ces terres sises au niveau de l’ex aéroport LSS deviennent des titres d’Etat, elles appartenaient à des individus qui habitaient Ngor, Ouakam Yoff. ‘’C’est ça la réalité. Il n’y a jamais eu de vente. On n’a jamais vendu. Il y avait un contexte : la guerre de 39-45. Il fallait un aéroport militaire, et nos grands-parents ont été sollicités dans ce sens. Nos parents n’ont jamais accepté de vendre ces terres, parce que c’étaient des champs qu’on cultivait. C’est seulement à cause de la guerre qu’ils ont accepté de donner les terres’’, a martelé Mamadou Ndiaye. Mais selon une source de ‘’EnQuête’’, ‘’seules les autorités coutumières (le maire) et les familles qui possèdent de droit de propriété peuvent réclamer et revendiquer des terres’’.
BABACAR SY SEYE