Publié le 22 Oct 2025 - 09:27
COOPERATION UE-MAURITANIE  

Deux centres d’accueil temporaires pour la gestion des migrants débarqués

 

L’Union européenne a procédé, le 16 octobre dernier, à la remise de deux centres temporaires pour migrants à la Mauritanie. Ces centres de Nouakchott et de Nouadhibou, répondant aux normes internationales, accueilleront des migrants débarqués sur les côtes mauritaniennes.

 

Ils sont deux centres d’accueil : l’un à Nouakchott, d’une capacité de 104 personnes, et l’autre à Nouadhibou, d’une capacité de 73 personnes. Ces deux structures ont été réhabilitées et entièrement financées par l’Union européenne à hauteur de plus de 400 000 euros, dans le cadre de sa coopération avec la Mauritanie. En principe, les migrants y séjourneront 72 heures avant d’être reconduits à la frontière, tandis que ceux en situation critique devront être pris en charge pendant 15 jours avant une décision d’expulsion.
Selon l’ambassadeur, chef de la délégation de l’Union européenne, « ce projet illustre la qualité du partenariat entre l’Union européenne et la Mauritanie dans la gestion de notre frontière commune qu’est l’océan Atlantique ». Il a soutenu : « Ensemble, nous œuvrons pour une gestion humaine et responsable des migrations et des réfugiés, fondée sur la solidarité, la sécurité et le respect des droits fondamentaux. »
Pour sa part, le ministre mauritanien de l’Intérieur a déclaré que « la réhabilitation de ces centres d’accueil représente un pas important dans notre stratégie nationale de gestion des migrations. Elle témoigne de notre engagement à assurer une prise en charge digne et sûre des migrants, dans le respect des lois mauritaniennes et internationales, en partenariat avec l’Union européenne ».

Ces centres sont dotés de cinq dortoirs équipés de lits pour hommes, de deux pour femmes et de deux pour familles. Il s’y ajoute une cuisine équipée aux normes, une salle à manger d’une capacité de 60 personnes, des bureaux administratifs et des espaces destinés aux entretiens humanitaires afin d’évaluer individuellement la situation des migrants débarqués. Deux chapiteaux équipés de matelas se trouvent au milieu de la cour pour servir d’appoint, ainsi qu’un groupe électrogène pour pallier les coupures intempestives d’électricité.

Une cogestion sur fond de dignité et de sécurité

Pour répondre aux exigences de dignité humaine et de sécurité, l’Union européenne et la Mauritanie ont convenu de cogérer ces structures.
Outre la police, responsable de la sécurité des centres, « le Croissant-Rouge mauritanien fournit un service médical, un appui psychosocial, une aide au rétablissement des liens familiaux et assure la logistique quotidienne des centres (nourriture, nettoyage), qui bénéficie d’un appui technique et logistique de la Fédération internationale de la Croix-Rouge », note le communiqué conjoint rendu public.

L’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes et le trafic des migrants prend en charge la protection des migrants, tandis que la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies ont un accès permanent aux centres pour le monitoring des droits humains, conformément à leur mandat. La CNDH anime conjointement avec l’Instance le mécanisme de plainte au sein des centres d’accueil, poursuit le texte.

La protection, une priorité des gestionnaires

Comme nous le savons, de nombreux migrants dont les embarcations ont échoué sur les côtes mauritaniennes nécessitent une protection avant leur expulsion. Certaines personnes sont particulièrement vulnérables, à l’image des femmes enceintes, des mineurs non accompagnés, des malades, des personnes présentant un handicap particulier ou souffrant de troubles psychiques sévères.

C’est dans ce cadre que les deux parties ont convenu de mettre en place un mécanisme de protection sous la responsabilité de l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes et le trafic des migrants, en étroite coordination avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Ces structures doivent mener « des entretiens conjointement avec chacun des migrants au sein des centres d’accueil, afin d’identifier leurs potentielles vulnérabilités ». Selon toujours le communiqué conjoint, « cela permet aux migrants vulnérables de recevoir, en dehors des centres d’accueil, les services correspondant à leur statut, généralement dans le cadre d’appuis financés par l’UE à travers l’OIM et le HCR, et avant leur sortie du territoire national dans un délai légal ne devant pas excéder 15 jours ».

Des assurances ont été données et des garanties prises par les deux partenaires pour une meilleure gestion des candidats malheureux sur les routes de l’Atlantique et de la Méditerranée.
Récemment, la Mauritanie a été accusée par l’ONG Human Rights Watch de violations des droits des migrants, avant que le rapporteur spécial des Nations unies ne lui recommande de revoir sa politique migratoire et de mettre en pratique ses engagements internationaux.

Reste à savoir si les conditions et les principes requis seront respectés conformément à la dignité humaine et à la législation internationale à laquelle la Mauritanie reste soumise.

Ibou Badiane, correspondant en Mauritanie

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