La CSA prévoit une marche nationale, ce 30 septembre
La Confédération des syndicats autonomes (CSA) du Sénégal est préoccupée par l’impact de la Covid-19 sur la situation précaire des travailleurs, ainsi que la flambée des produits de consommation. En conférence de presse hier, les syndicalistes ont annoncé la tenue d’une marche, le 30 septembre prochain.
Les travailleurs du Sénégal traversent des moments sombres. Une situation qui résulte des conséquences de la crise sanitaire de la Covid-19. A cela est venu s’ajouter le coût élevé des produits de consommation ainsi que les inondations qui hantent, aujourd’hui, le sommeil de plusieurs Sénégalais et les Dakarois en particulier.
Face à cette situation, le siège de la Confédération des syndicats autonome (CSA) du Sénégal est devenu, d’après son Secrétariat exécutif, le ‘’mur de lamentations des travailleurs de toutes catégories et de tous les secteurs impuissants face aux contrecoups de la crise sanitaire, économique et financière sans précédent dans l’histoire de l’humanité’’.
La CSA estime que des actions s’imposent pour une prise en charge efficace des revendications des travailleurs. Ainsi, les syndicalistes appellent, en ce sens, à l’unification des organisations de travailleurs de tous les secteurs confondus, en perspective des actions à mener. ‘’C’est le lieu, pour la CSA, de lancer un appel à une large unité d’action, au-delà de la coalition des centrales, de toutes les confédérations syndicales, toutes les organisations des travailleurs, des associations de consommateurs et de toutes les organisations soucieuses de défendre le pouvoir d’achat et l’emploi dans notre pays’’, a laissé entendre le secrétaire général de la CSA.
Elimane Diouf informe ainsi qu’il est en effet prévu, en plus d’une vaste campagne de sensibilisation, une tournée de mobilisation dans les entreprises et le secteur informel. Cette tournée de sensibilisation, poursuit le porte-parole du jour, sera couronnée par une grande marche nationale prévue le jeudi 30 septembre, à partir de 16 h. L’itinéraire de la manifestation sera, d’après M. Diouf, dévoilée prochainement. ‘’Toute la population est invitée à cette importante activité de protestation pour la défense de notre pouvoir d’achat menacé, ainsi que la protection du travail et de la dignité des travailleurs et des travailleuses’’.
Face à la presse, la CSA a convoqué le rapport de l’enquête sur l’impact de la Covid-19 en milieu du travail. Le document fait état de la baisse des exportations de 16 % en 2020, contre une hausse de 9 % en 2019. Pire, les envois de fonds, représentant plus de 10 % du PIB du Sénégal, soit 1 300 milliards de F CFA, ont connu un repli de près de 30 %. Parallèlement, des secteurs comme celui de la pêche, de l’élevage ou des BTP ont également été fortement affectés par la pandémie, avec, à la clé, d’importantes pertes de recettes. Il s’agit, entre autres, de 56 milliards pour la restauration, 40 milliards pour les hôtels, 50 milliards pour le commerce, 34,3 milliards pour le transport aérien, 24,3 milliards pour le transport terrestre et 1,3 milliard pour l’enseignement.
Ce qui fait dire au secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal que beaucoup de secteurs ont été agressés et des travailleurs ont perdu leur emploi. ‘’Ces travailleurs viennent nous voir par rapport à leurs conditions. D’autres sont restés des mois à percevoir des moitiés de salaire ; ils viennent voir comment la centrale peut les accompagner pour retrouver leur droit. C’est des situations qui ont été différentes de nos revendications habituelles où il faut aller faire des négociations, parce que les gens réclament une augmentation. C’est devenu une demande sociale pour pouvoir avoir son gagne-pain régulièrement’’, se désole Elimane Diouf.
Si les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et des transports aériens restent les plus impactés par la pandémie de la Covid-19, le milieu scolaire et estudiantin a également, à un moment, subi les méfaits de la crise sanitaire avec la fermeture des écoles et les enseignants du privé en ont fait les frais.
Inondations et flambée des prix de denrées de première nécessité
Pour la Confédération des centrales syndicales, la goutte d’eau qui a, cependant, fait déborder le vase, sont les inondations et la flambée des prix de denrées de première nécessité. Et le plus alarmant, aux yeux des syndicalistes, est la gestion des inondations par les autorités étatiques. ‘’Les gens jugulaient petit à petit avec la reprise, mais les inondations sont un phénomène naturel à Dakar et à chaque hivernage, il faut un plan Orsec. C’est dommage que, dans notre pays, on pense qu’il faut toujours attendre un plan Orsec pour régler des problèmes. Ce plan, pour nous, c’est une faillite, parce que quand on le déclare, on mobilise beaucoup de ressources, il n’y a pas de contrôle et les gens dépensent comme ils veulent, alors que les chantiers qui étaient programmés et sur lesquels l’Etat devrait mettre les moyens pour juguler les inondations sont là, parfois bloqués. Nous pensons que c’est une des priorités que le gouvernement doit prendre en charge et éviter d’attendre toujours des inondations pour dépenser de l’argent qui pouvait être utilisé à d’autres fins’’, laisse entendre Elimane Diouf.
Le secrétaire général du CSA reste, à ce propos, très préoccupé par la non-maitrise des coûts et délais de certains projets comme le BRT, le TER ou encore les 100 000 logements. A l’en croire, l’audit de ces initiatives devrait permettre d’orienter certaines dépenses et les utiliser pour faire face aux charges sociales des populations. Il s’agit, pour M. Diouf, de faire en sorte d’appuyer les coûts et de diminuer les taxes à l’importation, pour pouvoir permettre à la population d’accéder aux produits de consommation.
HABIBATOU TRAORE