Wade écourte son séjour en France
Me Abdoulaye Wade ne se relève pas encore de sa défaite. Battu sur un large score, 65,8% pour Macky Sall contre 34,2%, il redoute de voir son parti sombrer, après sa cassure en deux tendances dont l’une est dirigée par Pape Diop, encore président du Sénat, la deuxième institution du Sénégal. Raison pour laquelle, il a précipité son retour pour préparer les législatives dont la campagne démarre ce week-end.
Le Secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (Pds) n’a pas duré à Paris en France. Il rentre sur Dakar ce mercredi 6 juin 2012, en fin d’après-midi. Le prédécesseur de Macky Sall à la tête de la magistrature suprême revient au bercail plutôt que prévu à bord de la Falcon 7 places qu’il avait louée pour la circonstance. Le séjour qui a duré le temps d’une rose, a été écourté sans que Me Wade ne fasse un saut au Maroc, une étape qu’il semble éviter. Les rumeurs sur son état de santé, «infondées» selon des membres de son entourage, ne sont pas les seules raisons qui expliquent ce retour précipité à Dakar.
Le traumatisme d’une probable défaite
Nos sources révèlent que le Président vit non seulement un traumatisme profond lié aux auditions de ses proches, mais aussi du fait qu’il conçoit très mal que la liste dirigée par Pape Diop puisse battre la sienne aux législatives du 1er juillet. «Beaucoup de membres du Pds voient d’un très mauvais œil que ceux qui ont été à l’origine de la chute du régime libéral puissent être positionnés sur les listes. Les vrais militants du Parti démocratique sénégalais y regarderont à deux fois avant de voter pour une liste où l’on retrouve quelqu’un comme Fatou Taya Ndiaye, Awa Ndiaye, Mamour Cissé ou quelqu’un comme Babacar Ndao à Grand-Yoff», indique une source proche du Président, qui fustige des «investitures hasardeuses».
Pendant ce temps, l’on craint que la liste rivale, celle de Pape Diop, rafle la mise à Dakar où des ténors comme Mamadou Seck, encore Président de l’Assemblée nationale, Daour Niang Ndiaye, tous les deux très influents à Pikine, sont présents. Ce, d’autant plus que Pape Diop a réussi à attirer dans sa besace un élément comme Pape Momar Diop, ancien maire de la Médina. Toutes choses qui font que beaucoup de proches du Président ont décidé de croiser les bras, en prévision d’une débâcle plus que probable.
La bataille de la succession de Wade déjà engagée
Cette crise qui garde le parfum de la dislocation du Parti socialiste à la veille de la Présidentielle de 2000 est d’autant plus réelle que si le mot d’ordre par rapport aux audits semble être la résistance (voir page 2), le problème du leadership, lié à la propulsion d’Oumar Sarr à la tête de la liste nationale du Pds, est réelle. En coulisses, beaucoup de responsables libéraux contestent le choix du Secrétaire général national. Nos sources avancent cinq noms intéressés par le Secrétariat général du Pds, une fois que Me Wade aura définitivement quitté la tête du parti, chose qu’il annonce imminente. Il s’agit, outre Oumar Sarr, de l’ancien Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, Me Ousmane Ngom, Modou Diagne Fada et d’Aliou Sow. Ce qui promet de chaudes empoignades à venir, quel que soit le résultat des Législatives, indiquent nos interlocuteurs.
ABDOULAYE SANGARÉ