Publié le 16 Nov 2021 - 17:00
CRISE DES MIGRANTS

L’UE s’accorde sur de nouvelles sanctions contre la Biélorussie

 

À la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, des milliers de migrants sont toujours massés pour tenter de passer. Ce lundi 15 novembre, l'Union européenne vient de voter de nouvelles sanctions à l’égard de la Biélorussie et contre des personnes et organisations contribuant à l'afflux de milliers de migrants à la frontière polonaise.

L'Union européenne va adopter « dans les prochains jours » de nouvelles sanctions contre des personnes et organisations contribuant à l'afflux de milliers de migrants à la frontière polonaise, orchestré selon les Occidentaux par le Bélarus, a annoncé ce lundi le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell. « Nous nous sommes mis d'accord sur l'adoption d'un nouveau train de sanctions [...]. Il sera finalisé dans les prochains jours », a-t-il précisé, à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept à Bruxelles. Ces sanctions toucheront « un nombre important de personnes » et d'entités, a-t-il insisté, sans préciser leur nombre ni leur identité. Une liste des personnes et entités concernées par un gel des avoirs et des interdictions de voyager devrait être finalisée dans les semaines à venir.

Les sanctions doivent encore être peaufinées par les services juridiques mais on sait qu’elles frapperont des pontes du régime biélorusse, des agences de voyages et des compagnies aériennes, en bref tous ceux qui ont organisé l’acheminement des migrants vers la Biélorussie.

Il est peu probable cependant que la liste des sanctions comporte la compagnie aérienne russe Aeroflot, bien que la Pologne et la Lituanie tiennent le président russe Vladimir Poutine pour responsable de la crise frontalière. « Poutine dirige cette crise politiquement avec M. Loukachenko, c'est certain », a déclaré à la presse le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis. 

Minsk travaille « activement » à faire rentrer dans leurs pays les migrants coincés à la frontière, a assuré de son côté le président biélorusse Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 30 ans. 

Toujours est-il qu'à la frontière avec la Biélorussie, la situation est difficile et se détériore. Les trois présidents baltes sont donc tous d’accord pour soutenir la Pologne, si elle voulait lancer les consultations prévues par l’article 4 du traité de l’Otan en cas de menace sur la sécurité de l’un des membres, explique notre correspondante à Vilnius, Marielle Vitureau. Pour se protéger, la Lituanie a déclaré la semaine dernière l’état d’urgence le long de sa frontière avec la Biélorussie. Si la responsabilité de cette pression migratoire incombe au régime autoritaire d’Alexandre Loukachenko, qui cherche ainsi à se venger des sanctions européennes, le président lituanien Gitanas Nauseda désigne lui aussi la Russie.

Refonte de la politique européenne sur la migration

Face au nombre toujours plus important de migrants qui arrivent par Moscou, la Russie enchaîne les démonstrations de force militaires. Autrement dit, l’intégration militaire de la Biélorussie par la Russie est un fait accompli. 

Pour repousser cette menace aux portes de l’Europe, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie appellent aussi à une refonte de la politique européenne sur la migration et au financement par l’Union de la construction de barrières le long des frontières.

Du côté de l'Otan en tout cas les inquiétudes sont de plus en plus palpables, note notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. Jens Stoltenberg, Secrétaire-général de l’Otan n'a pas caché sa préoccupation : « Nous ne voyons pas de menace imminente d’agression militaire contre un pays de l’Otan. Mais nous voyons une situation très difficile à la frontière d’un État membre de l’Alliance – la Pologne – et de la Biélorussie. Et nous voyons des situations similaires en Lituanie et Lettonie, tout du moins les avons-nous vues à la frontière de ces deux pays avec la [Biélo]russie. Et évidemment nous sommes solidaires – aux côtés de ces pays de l’Otan. Nous condamnons ce que fait le régime de Loukachenko, d’utiliser des migrants vulnérables, y compris des enfants et des familles, pour conduire des actions hybrides contre des pays de l’Otan. »

Le devoir de l’UE est de fournir l’aide humanitaire aux migrants qui sont à la frontière a par ailleurs rappelé Josep Borrell. Les Européens sont prêts là aussi à aider la Pologne alors qu’elle avait refusé d’être solidaire lors de la crise des migrants de 2015. C’est pour une grande partie des pays de l’UE l’occasion de lui montrer que la solidarité européenne est nécessaire lors des crises migratoires, une façon aussi de montrer à la Pologne la plus-value d’une appartenance pleine et entière à l’UE.

Emmanuelle Macron et Vladimir Poutine évoquent la Biélorussie au téléphone

Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont réaffirmé leur volonté de «désescalade» dans la région lors d’un entretien téléphonique d’1h45. Il est essentiel, selon les dirigeants français et russe «d’apporter des résultats ​sur l’afflux des migrants venus de Biélorussie à la frontière polonaise». Le constat intervient au moment où l'UE accuse Minsk d'avoir organisé ces mouvements migratoires. 

Pour BXL, Alexandre Loukachenko aurait sciemment délivré des visas avec la promesse d’un passage facile en Pologne, pays membre de l’Union européenne et de l’espace Schengen. Une «vengeance» biélorusse, après des sanctions occidentales imposées l'an dernier. L’Elysée a rapporté que Paris et Moscou veulent renforcer l’implication du HCR - le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés pour désamorcer la crise humanitaire qui se déroule le long de cette frontière. 

Suite aux menaces faites par Minsk de bloquer le transit de gaz alimentant l’Europe, les deux dirigeants ont exprimé la nécessité d’une désescalade sur le conflit gazier. Vladimir Poutine a dit qu’il allait s’entretenir à ce sujet avec son homologue biélorusse le plus rapidement possible. 

Rfi.fr

 

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