Publié le 17 Mar 2013 - 22:38
DÉBAT SUR LA MÉDIATION PÉNALE*

Le courage devant le ridicule

Je serais Mimi Touré que je me délecterais des attaques de Me El Hadj Diouf. Tellement cet individu a le don particulier de rendre sympathiques ceux qu'il attaque. Et d'affaiblir les meilleures causes qu'il tenterait de défendre. Il lui a suffi d'ouvrir la bouche, pour dresser contre Macky Sall une grande frange de l'opinion nationale, lui valoir la levée de boucliers de ses alliés et instiller le doute chez ses partisans. On doit à la vérité de se l'avouer : il est difficile de faire pire. Son fameux "Macky Sall m'a dit" ... à propos de la traque des biens mal acquis, à été d'un effet désastreux.

 

L'avocat aux convictions élastiques s'est-il trahi ? Lui qui défendait Thierno Ousmane Sy et qui le cloue au pilori aujourd'hui donne un rapport de 80 contre 20% à proposer aux pilleurs d'argent public. 20% : c'est-là la commission perçue par Thierno Ousmane Sy selon les accusations portées contre lui dans le dossier de vente de la licence de téléphonie à Sudatel.

 

El Hadji Diouf nous a habitués à des fanfaronnades, des excès en tout, et en tous genres qui trahissent un défaut d'éducation, une excentricité langagière que ne cache pas son look tapageur... Mais là, il s'est vraiment surpassé dans son registre bien à lui ! L'on a connu des partis politiques qualifiés de cabines téléphoniques. Celui de El Hadji Diouf contiendrait facilement dans sa bouche qu'il a si grande. Que peut donc rapporter un tel individu à Macky Sall ? Une qualité est reconnue à El Hadji Diouf : son courage devant le ridicule...

 

Alors qu'il fait dans l'apologie du vol par cette idée décidément saugrenue, l'avocat aux gesticulations de mégère se croit en droit de donner des leçons de morale. Je serais El hadji Diouf (ce qu'à Dieu ne plaise), que parallèlement aux réponses attendues aux accusations de viol dont j'ai fait l'objet, je donnerais le critère par lequel j'aboutis à 80% à l'État, et 20% au prévaricateur. Pourquoi pas l'inverse, tant qu'à faire ? Il deviendrait ainsi décidément intéressant de détourner beaucoup d'argent public au Sénégal. Plus on volerait, plus on gagnerait, avec la bénédiction de l'État en prime.

 

El Hadji Diouf et Latif Coulibaly viennent ainsi, à leur manière, de tropicaliser le slogan sarkozyen : ''Voler plus, pour gagner plus !'', clament-ils. Je serais Latif Coulibaly (je ne suis pas tenté) que je ne me serais pas permis de défendre l'indéfendable. Ce n'est pas soutenir Macky Sall que de lui prêter des allégations de ce genre. Le président de la République les aurait-il portées que ses collaborateurs seraient en devoir de le nier et le contester. Sauf s'ils ne cherchent pas à le protéger et ont d'autres motivations. Ce qui nous rappelle que ces deux-là n'ont pas voté pour Macky Sall. L'ancien journaliste a continué à vilipender le nouveau président jusqu'à ce qu'il le nomme. C'est dire !

 

Diouf et Coulibaly parlent de médiation pénale. Tous deux ont tout faux. La médiation pénale, concept créé pour désengorger le rôle des tribunaux n'est applicable que dans des dossiers impliquant des plaignants privés et pour des sommes d'argent de moindre importance. Dans les détournements de deniers publics, les règles sont contraignantes aussi bien pour le juge que pour l'accusé. Si, sur ce plan-là, rien ne nous émeut plus venant d'El Hadji Diouf, moralement l'on a été choqué de voir Latif Coulibaly défendre une telle position. Lui qui a écrit des livres sur la sauvegarde des biens publics peut-il ainsi appeler à un marchandage d'épicier autour des deniers publics ? Il voudrait nous faire penser que tous ses écrits n'étaient qu'une voie détournée d'entrer dans les allées du pouvoir qu'il ne s'y prendrait pas autrement. Hélas, les postures sont presque toujours des impostures. Et, sur ce plan-là, trop de choses durent trop longtemps. 

 

 

René Diegane Ndour

Doctorant en droit

renediegane@yahoo.fr

*Le surtitre est de la rédaction

 

 

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