''Il œuvrait pour une communauté léboue indivisible''
Décédé hier matin à 85 ans dans une clinique dakaroise, le Grand Serigne de Dakar, ancien policier puis homme d'affaires, sera enterré aujourd'hui au cimetière de Yoff après une cérémonie mortuaire prévue à la Zawiya El hadji Malick Sy de Dakar. D'aucuns voient en lui une «fontaine de sagesse», mais pour d'autres, c'était un «usurpateur» qui ne devait pas être chef lébou.
Sa dernière sortie publique remonte au mois de février dernier, suite à la disparition de ''son oncle et ami'' l'autre grand Serigne de Dakar, El hadj Massamba Coki Diop. Hier, l'annonce de sa disparition a jeté une bonne partie de la communauté léboue dans la consternation. Terrassé par une maladie qu'il traîne depuis deux ans, El hadji Bassirou Diagne Marième Diop, qui porte depuis 27 ans le titre de Grand Serigne de Dakar, laisse l'image d'un ''homme de consensus'', ''au commerce facile'', sachant ''gérer avec tact et intelligence ses relations''.
Selon les confidences de Ndiaga Samb, président du mouvement des jeunes Lébous de Dakar, Pa Bass, comme l'appelaient des proches, ''était un homme de Dieu imbu de valeurs traditionnelles et religieuses. Ce n'est pas un hasard s'il est décédé un lundi 25 mars. Le vénéré Serigne Ababacar Sy, son guide spirituel, avec qui il entretenait des relations très étroites, est lui aussi disparu un lundi 25 mars 1957''. D'après Ndiaga Samb, qui dit pourtant se situer dans l'autre camp antagoniste lébou de la capitale, il était ''un fervent disciple de la Tarikha tidiane, en parfaite harmonie avec toutes les autorités coutumières, politiques et religieuses du pays''.
Le président du mouvement des jeunes Lébous de Dakar va même plus loin. ''Je suis un proche de feu El Massamba Coki Diop, mais je puis vous dire que Bassirou Diagne était un homme d'une dimension exceptionnelle, dit-il. J'essayais toujours de le fuir, d'éviter de cultiver toute proximité avec lui, en raison de nos positions divergentes, mais il a réussi à tisser une telle relation de confraternité avec moi ! Il m'exhortait, à l'image d'autres Lébous, à œuvrer pour une communauté léboue unie et indivisible. C'était cela le moteur de sa vie.''
Si El Hadji Bassirou Diagne se distinguait par ses boubous emmitouflés, la clarté de son verbe, il lui est reconnu également d'avoir posé des actes dignes d'un véritable régulateur social. ''C'était un rassembleur hors pair. Sa charge n'était pas facile, mais il était une fontaine de sagesse'', confie Doudou Diagne Diécko, ancien président des amateurs de lutte.
Ancien de la Police, un corps qu'il avait intégré avant les indépendances, le défunt Grand Serigne s'était ensuite lancé dans ses propres affaires, qu'il développa jusqu'à son intronisation à la tête d'une partie de la communauté léboue. Ce qui lui valut d'ailleurs d'avoir été considéré comme un ''usurpateur''...
MATEL BOCOUM
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