Quand le geste devient réflectif
Le Goethe institut de Dakar a, hier encore, assumé son statut de haut lieu de la culture, en accueillant le spectacle de danse africaine contemporaine de Fatou Samb, intitulé ‘’Qui je suis’’. Réflectif, profond et surtout d’une élégance rare, le geste de la danseuse a réappris au public, le temps d’une prestation, toutes les nuances d’une quête identitaire continuelle.
Fatou Samb, danseuse chorégraphe de 36 ans, a présenté hier une œuvre intimiste, à travers laquelle elle a fait démonstration, de par l’expressivité de son corps, d’un talent d’introspection hors du commun. Élaboré au cours d’une résidence de 3 semaines à Toubab Dialaw, ‘’Qui je suis’’, alias ‘’Li ma doon’’ est un spectacle épuré dont la conception n’a rien laissé au hasard, autant stylistiquement que du point de vue de la mise en scène. Seule, ne disposant que d’un espace de quelques mètre carrés, l’artiste a pourtant réussi à exprimer et mettre en valeur les contours d’un espace sans limites, puisque intérieur.
De par ses moments où le geste, répétitif, devient lascif ou au contraire d’une extrême violence, Fatou Samb raconte les tribulations intérieures d’une femme noire (et africaine) moderne qui se sent à la fois multiple, de par ses facettes, mais également déchirée de par ses influences.
Prenant avantage d’une scénographie simple, bien que hautement symbolique (robe, pagne, tabouret de bois), l’artiste laisse entrevoir la richesse de son monde intérieur, à la fois parlant de similarité et intrinsèquement unique, car identitaire. Construit à partir d’une écriture de poèmes et d’une transcription corporelle, Fatou Samb retrace ainsi l’arbre généalogique de sa famille, grâce à la danse, qui construit des liens avec les différentes familles et traditions qui l’entourent et l’accompagnent.
Dans la foulée de la pièce, le court-métrage «À la recherche de la danse» a été projeté. Le film de 29 minutes est un documentaire sur la chorégraphe allemande Pina Bausch, fameuse directrice du ballet et «mère du théâtre dansé», selon les organisateurs.
Sophiane Bengeloun