Les coûts des facteurs de production en vedette
Après avoir reçu des engagements de financements de plus de 3 729 milliards, le Sénégal doit lever un certain nombre de contraintes, notamment la complémentarité des investissements publics avec le privé national, les coûts des facteurs de production, mais sans qu'il soit nécessaire de toucher au code du travail.
Le Sénégal a obtenu de ses bailleurs de fonds 3 729 milliards de F Cfa pour le financement du Projet Sénégal Emergent (PSE). Une manne financière importante sous forme d'engagements qui permettra de financer plus de 27 projets pour transformer structurellement l'économie nationale par appui «sur les fruits de la croissance» en consolidant la stabilité politique. Pour mener à bien ces projets qui devraient mener vers l’émergence à l’horizon 2035, un certain nombre de contraintes sont à lever, estiment des économistes.
Des contraintes liées d’abord «à la capacité de l’action publique à pouvoir absorber tous ces financements», selon Abdoulaye Seck. D’après l’enseignant à la faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG) de l’Ucad, ces problèmes ont eu lieu par le passé, avec des ‘’fonds importants qui ont été mobilisés mais finalement, le taux d’absorption de ces fonds était relativement trop faible’’.
Ce, parce qu’il n’y avait pas suffisamment de projets mis sur la table ou s’il y en avait, ce n’était pas des projets économiquement rentables, souligne-t-il. Parmi ces contraintes, figure la complémentarité des investissements publics avec le secteur privé national. ‘’Les investissements publics qui arrivent, c’est pour favoriser l’infrastructure économique qui pouvait bénéficier à l’activité privée», indique le Pr Seck.
A l’occasion de la première journée du Groupe consultatif tenue le 24 février à Paris, le vice-président de la Banque-Mondiale, Makhtar Diop, avait demandé au gouvernement d’aligner les coûts des facteurs de production sur ceux des pays voisins. L’un des éléments des coûts de la production est le coût du travail, renseigne Abdoulaye Seck.
Or, dit-il, les entreprises ont besoin d’un coût du travail relativement moins...coûteux, avec les pays avec lesquels nous sommes en concurrence. ‘’Une chose est d’avoir de l’argent pour investir, mais autre chose est de s’intéresser à la qualité des investissements qui seront réalisés, en termes de délai, de passation des marchés, de qualité institutionnelle qui vont entourer l’activité publique’’, informe-t-il.
Toutefois, M. Seck reste optimiste par rapport au bon usage qui sera fait de ces capitaux. Car dit-il, le Sénégal a connu aujourd’hui une amélioration de la qualité des institutions, un taux de corruption qui est en recul et une bonne gouvernance en avant. Ce qui lui fait croire que le processus d’investissement va respecter les règles du jeu. ‘’C’est une très bonne chose de pouvoir mobiliser toutes ces ressources.
Mais ce n’est pas la mobilisation de ressources qui va nous donner le développement. Il faut non seulement avoir les ressources mais il faut les investir dans des projets. Il faut améliorer l’infrastructure, identifier des contraintes à la création d’entreprises et d’emplois’’, suggère-t-il.
Le code du travail offre des garanties aux investisseurs
Le financement de plus de 27 projets permettrait à notre pays de créer un grand bassin d'emplois. Selon le secrétaire général de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS), Mademba Sock, ‘’les travailleurs ont été impliqués en amont dans le processus’’ avec à la clé deux séances de travail avec le ministre du Budget.
A cet effet, Sock est d'avis que la loi 97 portant nouveau code du travail offre suffisamment de garanties aux investisseurs. Ce code, renseigne-t-il, est ‘’assez protecteur et équilibré’’ car tout ce qui intéresse les bailleurs, c’est la notion de contrats, CDD (contrat à durée déterminée), CDI (contrat à durée indéterminée) et tout se trouve dans le code''.
ALIOU NGAMY NDIAYE