L’enfermement !
Après des actes de rupture majeure sur la politique diplomatique, la renonciation à des financements étrangers, Ousmane Sonko dit compter plus sur le tourisme interne que sur les touristes étrangers.
Le choix est assumé. Malgré les réserves émises de toutes parts relativement à la politique ‘’d’enfermement’’ du nouveau régime, le Premier ministre persiste et signe. Pendant que plusieurs pays se ruent vers les investissements directs étrangers, les financements privés étrangers, lui continue de faire comme si le Sénégal en avait moins besoin. Et que le pays pourrait compter sur ses ressources internes pour financer son économie. Le PM va même jusqu’à négliger complètement la dégradation de la note du Sénégal par l’agence de notation Moody’s. Après avoir relevé qu’il s’attendait à une baisse plus importante, il peste : ‘’Je dois dire que je m’attendais à une dégradation plus importante. Mais et si notre note a été dégradée et après ?’’
En fait, estime le n°2 du régime, le développement du Sénégal ne dépend pas des financements étrangers. ‘’Il dépend de nous d’abord, de nos capacités à nous fixer des objectifs, à mobiliser toutes les richesses endogènes et Dieu sait qu’on n’en a pas encore mobilisé le cinquième’’, indique-t-il, non sans souligner qu’il faut d’abord miser sur ces ressources et les ressources étrangères ne viendraient que pour compléter les besoins en financements.
Jusque-là, le PM a mis l’accent sur la nécessité de contrôler l’endettement, de limiter le recours à certains types de financements. Hier à Diamniadio, il a aussi montré sa circonspection par rapport à la dépendance au tourisme étranger.
Selon lui, le secteur touristique doit être reprogrammé, reprofilé conformément à l’option souverainiste pour pouvoir promouvoir le tourisme endogène, le tourisme local. ‘’Pour moi, le tourisme intégré peut rapporter certainement plus que le tourisme qui nous vient de l’extérieur. Il faut donc travailler à le promouvoir, à encourager les Sénégalais à découvrir leur pays parce que ça coûte moins cher’’, a-t-il déclaré.
Cela dit, le PM n’a pas manqué de mettre en exergue les atouts du Sénégal : positionnement stratégique du pays ; richesse socioculturelle à faire valoir, mais également les atouts naturels avec notamment la biodiversité extrêmement riche.
Selon lui, on ne peut construire ce pays sans miser sur ce socle avec un potentiel énorme en termes d’employabilité, surtout pour les jeunes, et en création de richesses et d’impact sur la croissance du pays. ‘’Il nous faut, dans toutes nos initiatives, privilégier les moyens de production les plus propres, les plus verts possibles’’, a indiqué le chef du gouvernement.
À Diamniadio, le Premier ministre a présidé, le samedi, le lancement de deux filiales de la Société d’aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal (Sapco), notamment la Sénégalaise de logistique et de tourisme (SLT) évoluant dans la logistique et le transport, et la Sapco Properties s’activant dans l’immobilier touristique. L’occasion a été saisie par Ousmane Sonko pour soutenir que l’État du Sénégal va apporter un soutien ‘’total et absolu’’ à toutes les initiatives allant dans le sens du renforcement et de la revitalisation du secteur du tourisme.
D’un point de vue diplomatique, la nouvelle trajectoire du Sénégal a aussi été très marquée avec des actes forts qui s’inscrivent aux antipodes de la tradition sénégalaise. Parmi ces actes, le boycott au dernier moment du Sommet de la Francophonie qui s’est tenu dernièrement en France. Le président Faye a dû attendre au dernier moment pour déprogrammer, alors que sa participation était calée depuis longtemps. Au-delà de la France, c’était aussi un pied de nez à la Francophonie, dont le Sénégal fait partie d’un des piliers.
À rappeler que le 26 septembre, lors d’une conférence de presse, le Premier ministre avait dit avec beaucoup de fierté que son gouvernement avait volontairement refusé de prendre un financement du FMI. Ce qui est rarissime, pour ne pas dire inédit.
Il faut relever qu’en effet, sur le marché financier, les prêts provenant du FMI sont beaucoup moins chers que les autres types de financements.