Un membre du CDEPS plaide pour la revalorisation de l’aide à la presse
Hier, lors d'un atelier de validation politique du rapport de la Revue annuelle conjointe 2023 du ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique, le représentant du secteur de la communication, Cheikh Thiam, a soulevé l'absence de chiffres dans le secteur de la presse. Il soutient également que l'appui financier que la presse attend de l'État du Sénégal est très faible par rapport à celui des pays de la sous-région.
Le ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique a procédé, hier, à la présentation de son rapport de validation politique de sa Revue annuelle conjointe 2023. Une occasion pour le représentant du secteur privé de la communication de soulever les difficultés pérennes existantes dans le secteur de la communication. Cheikh Thiam de souligner que le secteur privé des médias est dans une situation désespérante.
En effet, explique-t-il, lorsque la Covid-19 est apparue, tout de suite, beaucoup de secteurs d'activité affectés par cette pandémie ont posé sur la table des chiffres. Malheureusement, pour le secteur de la presse, c'est le désert. "Aujourd'hui, on ne peut pas dire combien d'emplois permanents et temporaires existent dans le secteur de la presse. Personne ne peut le dire. Aucun chiffre sur le secteur. En termes d'emplois créés, quelle est la contribution du secteur de la presse dans l'économie nationale ? Quel est le chiffre d'affaires consolidé du secteur ? On ne l'a pas", regrette-t-il. Dans la même veine, poursuit-il, "ce sont des questions essentielles qu'il faut poser et qu'il faudrait résoudre. Et tout cela veut dire qu'il y a une informatisation inquiétante dans le secteur de la presse. Quelles solutions aujourd'hui ? Donc, avec l'absence de statistiques, dit-il, on ne peut pas gouverner un secteur, on ne peut prendre des décisions pertinentes pour le secteur ou même des médias, à fortiori les autorités. Je pense que c'est un sursaut qu'il nous faut, nous hommes des médias, pour aller dans la transparence, publier des chiffres de notre secteur pour être davantage crédible".
"L'appui financier que la presse attend de l'État du Sénégal est encore très faible"
Quand on parle des médias, il y a certainement des aspects déontologiques et d'éthique qui pèsent sur les journalistes dans la pratique de leur métier quotidien par rapport au respect des règles qui gouvernent le métier. "Le secteur privé des médias est confronté aujourd'hui, en tant que secteur économique, à des difficultés structurelles. Et quand on parle de difficultés structurelles, il s'agit de donner une réflexion pour que ces difficultés puissent être levées pour qu'on puisse tracer un chemin de développement de la presse", analyse-t-il.
Selon M. Thiam, les journalistes sénégalais parlent souvent de gouvernance. Mais aujourd'hui, se demande-t-il, "qui est-ce qui gouverne nos entreprises de presse ? Est-ce que dans ces entreprises de presse, la gouvernance est au rendez-vous ?". Il y a quelques années, on avait une aide à la presse, mais il y a eu une délimitation et maintenant on parle du fonds d'appui et de développement de la presse.
Selon Cheikh Thiam, le constat est amer, car, dit-il, ce fonds est très faiblement doté, passant de 700 millions à 1,4 milliard. Alors que dans la sous-région, l’aide à la presse est sans commune mesure avec ce qui se passe au Sénégal. Invité en Côte d'Ivoire, il y a un an, M. Thiam dit que ce qu'il a vu sur place l’a obligé à faire profil bas. Parce que, explique-t-il, ils ont donné des statistiques de tout le secteur de la presse ivoirienne. "L'enveloppe consacrée au fonds d'appui de la presse fait presque dix fois ce que nous recevons ici au Sénégal. Au Bénin et dans les autres pays, c'est identique", soutient-il. Ce qui veut dire que l'appui financier que la presse attend de l'État du Sénégal est encore très faible, déplore-t-il.
Cheikh Thiam, notamment membre du CDEPS, lance un appel et un plaidoyer aux autorités publiques "pour que ce fonds d'appui à la presse soit beaucoup plus conséquemment doté, mais aussi qu'on nous trouve une autonomie qui nous permet de faire face aux nombreux problèmes auxquels les entreprises de presse font face".
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)