Les assureurs veulent lutter contre la fraude
La digitalisation des attestations d’assurance automobile est en marche. Le projet a été lancé au grand bonheur de la présidente de l'Association des assureurs du Sénégal (AAS), Oumou Niang Touré qui y voit la solution pour lutter contre la fraude ciblée, améliorer l’image des assureurs, lutter contre la non-assurance, entre autres.
En lançant le projet de digitalisation des attestations d’assurance automobile, l'Association des assureurs du Sénégal entend mener de front la lutte contre la fraude. Selon la présidente de l'Association des assureurs du Sénégal (AAS), Oumou Niang Touré, cette solution digitale permettra à leur marché de relever de nombreux défis. Selon ses dires, elle permettra l’amélioration de l’image des assureurs, grâce à une communication multicanale avec les clients et une transparence accrue, la lutte contre la fraude ciblée (fraude à l’accès, surfacturation, assurances multiples et cumulatives…), ainsi que l’amélioration du taux de pénétration.
De même, poursuit Mme Touré, la digitalisation permettra la diminution des coûts de gestion, l’augmentation des primes avec l’acquisition d’une nouvelle clientèle ultra connectée et la lutte contre la non-assurance. En effet, explique la présidente de l'AAS, ces défis relevés permettront d’identifier immédiatement, en cas d’accident, les compagnies concernées. Ils permettront également de faciliter le traitement et le paiement rapide des sinistres liés à ces accidents.
Dans la même veine, elle a rappelé que les acteurs du secteur de l'assurance ont été particulièrement touchés par la pandémie de Covid-19, notamment avec les fermetures d'agences et le recours massif au télétravail, jusqu'alors peu développé dans ce secteur, particulièrement en raison du besoin du contact avec la clientèle. À cet effet, poursuit-elle, de nombreux acteurs de la vie économique étaient en avance en matière de digitalisation.
Or, regrette-t-elle, "les compagnies d'assurance, dans leur immense majorité, semblaient accuser un certain retard en la matière. C’est par la suite qu’ils ont fait preuve d'imagination pour continuer à offrir leurs services à leurs clients, notamment par le biais de la digitalisation de l'information. Les professionnels de l’assurance dans le monde se trouvent désormais confrontés au défi et à la nécessité de la transformation digitale". Celle-ci, ajoute Mme Touré, est en effet porteuse de promesses aussi bien en termes de coûts que d'efficacité. Ainsi, ajoute-elle, elle est indispensable au secteur pour répondre aux menaces de disruption des nouveaux entrants.
"L'Afrique reste le continent qui compte le moins d’assurés"
Aujourd’hui, dit-elle, en Afrique, le secteur de l'assurance va entrer dans cette phase de mutation impulsée par un contexte de plus en plus exigeant. Selon la présidente de l'AAS, la digitalisation a permis à la Côte d’ivoire, premier pays, dans la région Ouest africaine, à mettre en œuvre la solution digitale pour les attestations d’assurance automobile, de céder aux compagnies d’assurance plus de 2 225 705 attestations digitales, rien qu’au 1er semestre 2023 contre 2 480 543 attestations physiques pour toute l’année 2022.
"En termes de primes émises, ce marché vient de réaliser avec la digitalisation un chiffre d’affaires de plus de 105 milliards en assurance automobile. La digitalisation des attestations lancée juste pendant la phase des renouvellements 2023 a boosté le chiffre d’affaire de l’assurance Responsabilité civile automobile entrainant une augmentation du chiffre d’affaires non Vie de plus 20% au 1er semestre", indique-t-elle.
Ainsi, soutient-elle, l’Association des Assureurs du Sénégal (AAS) a pris l’engagement de se restructurer en profondeur pour accompagner de manière efficace la transformation du secteur des assurances au Sénégal. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’elle a inscrit dans ses grands chantiers la centralisation et la digitalisation des attestations d’assurances automobile pour tendre vers un marché plus dynamique et solidaire.
"L’urgence de mettre en œuvre ces dits projets repose, d’une part, sur l’évolution actuelle de la branche automobile qui a connu une baisse en 2022 et d’autre part sur des dérives notées dans la gestion des attestations d’assurances automobile", fait-elle savoir. Or la présidente de l'AAS souligne que l’assurance automobile occupe une place importante dans le portefeuille des compagnies d’assurance.
Globalement, renseigne-t-elle, "elle représente 25% du chiffre d’affaires de l’assurance dommage en 2022, juste derrière la branche maladie qui représente 27%. La mise en œuvre de la digitalisation dès 2024 pourra changer cette tendance et améliorer les chiffres de la branche automobile".
Prenant part à la rencontre, le représentant du ministère des Finances et du Budget, Ange Constantin Mankabou, a souligné que l’Afrique reste le continent qui compte le moins d’assurés, mais où le besoin de sécurité est encore plus crucial. "Dans la zone CIMA, le taux de pénétration moyen de l’assurance peine à dépasser 1% ; au Sénégal, ce taux est de 1,47% contre une moyenne africaine de 2,70% et une moyenne mondiale de 7,00%", a-t-il souligné.
FATIMA ZAHRA DIALLO