Le décès de Papito Kara choque les Sénégalais
L’information a attristé la toile, hier. Parce que beaucoup l’ont connu sur les réseaux sociaux. Pape Ibrahima Guèye dit ‘’Papito Kara’’ n’est plus. Il est décédé sur le chemin du ‘’Barça wala Barsax’’. ‘’Son décès, comme ceux de nos autres sœurs et frères ayant pris la mer qui plongent dans des lendemains incertains, nous interpelle au plus haut point’’, a écrit dans un communiqué reçu à ‘’EnQuête’’ le secrétaire général du collectif citoyen Noo Lank.
‘’Aujourd’hui au Sénégal, le désarroi se vit au quotidien. Dans le défilé des médias, l’on croirait que la migration irrégulière est le nœud de toutes les informations. C'en devient une situation préoccupante et nous sommes tous bien concernés. S’il ne s’agit pas d’un proche, on verra l’exemple dans son environnement amical, professionnel, social… Même ceux qui l’ont combattue s’en mêlent’’, a analysé Seydina Mouhamadou Malal Diallo.
Pour lui, ‘’l'évolution du discours migratoire sénégalais matérialisée aujourd'hui par des persécutions de nature politique est un élément considérable au-delà de la précarité, des conditions de vie difficiles des Sénégalais, particulièrement des jeunes plongés dans une perdition inouïe. L’ANSD vient de nous confirmer que nous avons une population de plus de 72 % de jeunes et c'est la couche la plus marginalisée’’.
Il considère qu’au XXIe siècle, quitter un pays pour un autre ne devrait pas coûter la vie. ‘’À l'ère de la «mondialisation», de «l’interconnexion», de «l'intégration» du «faire lien», du «faire sens ensemble», les Africains sont presque latents dans ces dynamiques contemporaines. Il est injuste de voir que nos rapports déséquilibrés justifient à bien des égards la perte de nos compatriotes qui prennent souvent des voies irrégulières, après des tentatives régulières défavorables’’, a-t-il critiqué.
Il trouve injuste que l'Africain ait des problèmes pour avoir un visa d'études, de travail, de tourisme, mais que les Occidentaux n’éprouvent aucune difficulté à voyager dans les pays d’Afrique. Pour lui, on n'offre aucune autre alternative que la mer aux jeunes. ‘’Ne serait-il pas temps de changer la donne ? De bousculer le mythe dans nos relations ? D’exiger des rapports d’égale dignité avec tous ces pays de l’Occident’’, s’est-il demandé.
Il considère qu’il est impératif, aujourd’hui, de se battre ‘’pour que l'application de l'article 13 de la Déclaration universelle des Droits de l'homme de 1748 soit effective sans distinction : «Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un État. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.»
L’on devrait surtout, ‘’pour la mémoire de nos défunts, se battre pour qu’il n’y ait plus jamais cela devient un sacerdoce. Et dans ce combat, les acteurs principaux ont déjà montré leur échec à travers de mauvaises politiques. Donc, c’est à nous, les acteurs du bas, d'unir nos forces pour faire face à ce fléau. Les causes internes ne sont plus à présenter, nous les savons tous. Une jeunesse qui n'a plus aucun espoir sur son avenir et se condamne à épuiser tous les rouages possibles pour réussir n’a pas de souci s’agissant de la voie à prendre pour conquérir une bonne destinée, même si sa vie est en jeu’’.