Publié le 14 Jun 2024 - 10:16

En devenant producteur de pétrole, « le Sénégal va avoir plus des marges de manœuvre pour transformer son économie »

 

Pour le chercheur Benjamin Augé, l’extraction qui a commencé mardi 11 juin va entraîner « une arrivée d’argent frais », sans pour autant changer la structure de l’économie sénégalaise.

Le Sénégal est entré mardi 11 juin dans le cercle des producteurs de pétrole. La compagnie australienne Woodside Energy a annoncé ce jour la première extraction du champ de Sangomar, à une centaine de kilomètres au large des côtes sénégalaises, qu’elle opère avec la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen).

Pour Benjamin Augé, chercheur au sein de l’Institut français des relations internationales (IFRI), le nouvel exécutif pourrait « négocier des contrats futurs plus favorables », à défaut de réussir revoir ceux déjà signés.

Le Sénégal est désormais producteur de pétrole. Qu’est-ce que cela va changer pour son économie ?

Il va y avoir une arrivée d’argent frais, en moyenne 700 milliards de francs CFA, soit plus d’un milliard d’euros par an sur une période de 30 ans, selon la compagnie publique Petrosen, mais cela ne va pas complètement changer la structure de l’économie sénégalaise. La production reste tout de même faible. On l’estime à peu près à 100 000 barils par jour, très loin de géants africains comme le Nigeria. Cela devrait toutefois permettre au nouveau pouvoir de Bassirou Diomaye Faye d’avoir plus des marges de manœuvre pour transformer l’économie, un sujet mis en avant pendant la campagne électorale.

Le nouveau président avait promis lors de sa campagne de renégocier les accords pétroliers et gaziers signés sous la présidence de Macky Sall. Qu’en est-il ?

On ne renégocie pas facilement les contrats passés avec les sociétés privées parce qu’il y a des règles internationales qui garantissent une stabilité des contrats. Dans les cas où il y a des renégociations de contrats, c’est extrêmement complexe et cela peut conduire à des arbitrages internationaux que les Etats n’ont aucune certitude de gagner.

Dans le cas du Sénégal, les contrats qui ont été signés avec les sociétés comme Woodside Energy, en charge des gisements de pétrole de Sangomar, et British Petroleum, pour le champ gazier offshore de Grand Tortue Ahmeyim (GTA), étaient assez favorables au secteur privé. Et pour cause : il n’y avait encore aucune mise en valeur et il fallait attirer des investisseurs. Maintenant, le Sénégal passe à une autre étape : le domaine pétrolier est connu et il peut négocier des contrats futurs plus favorables.

Aujourd’hui, ce qui peut être fait dans le cas du champ gazier de GTA est de revoir les coûts. Ces derniers ont explosé et certains ne sont pas forcément justifiés du point de vue des audits qui ont été menés par les gouvernements mauritaniens et sénégalais.

Qu’en est-il des relations entre le Sénégal et la Mauritanie qui se partagent le projet « Grand Tortue Ahmeyin » ?

La relation entre le Sénégal et la Mauritanie a été extrêmement mauvaise sous la présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz. A partir du moment où Mohamed Ould Ghazouani est arrivé au pouvoir en 2019, la relation entre les deux pays s’est largement améliorée. Il semble que les deux ministères des pétroles travaillent de concert, comme les deux ministères des affaires étrangères. De toute façon, il faut qu’ils soient absolument unis pour renégocier avec BP les coûts qui ont explosé. C’est un bras de fer qui est autant juridique, technique que politique.

PAR LE MONDE

Section: 
PHÉNOMÈNE DE RETOUR AU POUVOIR D’ANCIENS DIRIGEANTS : Ces éternels ‘’phénix’’ à la reconquête du pouvoir  
Afrique du Sud : 4 500 mineurs illégaux coincés sous terre et assiégés par la police
Génocide des Tutsis : La justice administrative « incompétente » pour juger l’Etat français
Critiques au Mali
États-Unis : Les contours de la future politique étrangère de Donald Trump se dessinent
SOMMET ARABO-ISLAMIQUE DE RIYAD : Des actions concrètes contre l'agression israélienne  
ÉLECTION AMÉRICAINE - DONALD TRUMP ET L'AFRIQUE : Un ‘’Reset’’ face aux nouveaux défis géopolitiques
Ghana : Le Parlement suspendu pour une durée indéterminée à cause d'un différend juridique
Turquie  : L’attaque armée d’un bâtiment de l’industrie de la défense fait cinq morts et vingt-deux blessés près d’Ankara
Mali : Pas de liberté provisoire pour l'économiste Etienne Fakaba Sissoko
ELECTIONS AU TCHAD : Succès Masra hésite encore à participer aux élections législatives
DIPLOMATIE SENEGALAISE : Les errements de la tutelle
Cameroun : Face aux rumeurs, le gouvernement communique sur l'état de santé du président Paul Biya
EXIGENCE DE LA CARTE DE SÉCURITÉ SOCIALE : Le calvaire des Sénégalais vivant au Maroc
FRAPPES ISRAÉLIENNES À BÉZIERS : Des Libano-Sénégalais parmi les victimes
DEUX ATTAQUES REVENDIQUÉES PAR LE JNIM SECOUENT BAMAKO : Un nouveau chapitre de violence jihadiste au Mali
EXTRÉMISME VIOLENT : Confidences et analyses sur les facteurs de radicalisation des jeunes au Bénin
ISRAËL: Découverte à Gaza des corps de six captifs du 7 octobre, la centrale syndicale décrète une «grève générale»
Burkina Faso : Une partie des paramilitaires russes de la Brigade Bear quittent le pays
Drame en RDC