Publié le 24 Apr 2013 - 08:00
EN PRIVÉ AVEC… AÏSSATOU THIAM, ENTREPRENEURE CULTURELLE

Zéro femme entrepreneur culturelle dans le secteur informel d’ici 2015

Il y a deux ans, le Réseau endogène des femmes entrepreneurs culturelles a vu le jour sous l’impulsion de Baba Diagne, directeur du Centre culturel Blaise Senghor. Au sortir de l'assemblée générale constituante d’octobre 2012, Aïssatou Thiam, vice-présidente du réseau mais aussi chargée de communication ouvre un voile sur le Refec et sur sa feuille de route.

 

Depuis quand existe le Réseau endogène des femmes entrepreneures culturelles ?

 

Le Réseau endogène des femmes entrepreneures culturelles existe depuis deux ans. Mais l’assemblée générale constitutive a eu lieu le 10 octobre 2012 à Dakar. C’est à la suite que le bureau a été mis sur place et j’ai été nommée quatrième vice présidente chargée de la communication avec la presse.

 

Quels secteurs culturels sont représentés au sein du Refec ?

 

Le premier intérêt de ce réseau est qu’il est pratiquement féminin avec les trois quarts de ses membres qui sont des femmes. Et l’idée vient de Baba Diagne, le directeur du Centre culturel Blaise Senghor qui a eu le souci de fédérer ces femmes en un réseau. Plusieurs secteurs culturels sont représentés au sein du Refec : théâtre, musique, art plastique, artisanat d’art, cinéma, patrimoine, audiovisuel, danse... Il y a une autre innovation que l’on appelle le service : c’est le management des artistes où nous les aidons à se former et à se structurer. Moi en tant que chargée de communication et presse du réseau, je suis membre du volet service.

 

Donnez-nous quelques noms.

 

Pour le théâtre, il y a Rama Thiam qui est la présidente d’honneur du réseau, Ndèye Mour Ndiaye, Marème Niang, Awa Mbaye, Aminata Mbaye, Awa Camara, Bella Diallo pour ne citer que celles-là. En arts plastiques, vous avez Anta Germaine Gaye qui est la deuxième présidente d’honneur du réseau, Adama Boye, une artiste-plasticienne connue, et Maké Coulibaly. Au niveau de l’artisanat d’art et la mode, vous avez les stylistes Marième Diédhiou, présidente du réseau, Tina Diaw et Fatou Diop dite Yacine Sèye qui est une styliste et spécialiste du linge de corps tricoté à la main. Au-delà, nous avons quelques hommes.

 

Quelle fonction avez-vous occupé avant de prendre en main le volet communication du réseau ?

 

Alors que j’étais encore étudiante, j’ai travaillé à Dakar avec le psychologue clinicien Serigne Momar Mbaye qui avait initié une crèche parentale pour les enfants déficients mentaux. C’est là que j’ai fait mes premiers pas. Entre temps, je me suis rendue en Mauritanie où j’ai un cousin qui était chercheur à la Fondation des sciences politiques de Paris. J’ai été son assistante pendant plusieurs années pour les travaux de recherches que nous avons eu à mener ensemble entre Nouakchott et Dakar. Je dispose de plusieurs manuscrits que je n’ai malheureusement pas publiés. J’ai fait énormément de recherches sur la femme mauritanienne et l’ethnie Bété de la Côte d’Ivoire. Quand je suis revenue au Sénégal, j’ai axé mes recherches sur les femmes de l’ethnie Sérère. C’est le président-poète Léopold Sédar Senghor dont je suis une disciple qui m’a inspirée dans ce projet. On a un cabinet sur place qui est spécialisé en ingénierie sociale et en développement organisationnel. Depuis, j’y occupe le poste d’experte en relations publiques.

 

En quoi les femmes Bété de la Cote d’Ivoire ont-elles inspiré vos recherches ?

 

Bizarrement, je me suis rendue en Côte d’Ivoire en 2006 pour rencontrer Gadji Celi (NDLR : ex-capitaine de la sélection ivoirienne de football championne d'Afrique en 1992 à Dakar). A travers ce monsieur qui conciliait la musique et le football, j’ai compris l’art avec un grand A. C’est après l’avoir rencontré que j’ai commencé à faire des recherches sur les femmes bété, son ethnie d’origine. Disons que c’est ma rencontre avec ce footballeur-chanteur qui m’a inspirée !

 

Quel est votre rôle dans le réseau ?

 

Mon rôle consiste à m’occuper de la promotion et la médiatisation de toutes les activités des femmes du réseau. A chaque fois qu’il y a un événement, je me charge de tout ce qui est avant-première, communication et médiatisation avec les organes de presse. Je fais le link entre les groupes de presse et le réseau. Mon but principal est de faire la promotion de toutes les femmes du réseau pour leur donner une meilleure visibilité. Parce qu’il des talents cachés dans tous les secteurs qui ne cherchent qu’à éclore. Il faut juste savoir où les trouver et comment les aider.

 

Ces talents cachés sont exclusivement féminins ?

 

Comme je l’ai dit au début, c’est un réseau à majorité féminine. Ce n’est rien d’autre que l’approche genre que nous promouvons pour essayer d’être en phase avec la mondialisation et la parité... Notre objectif est Zéro femme entrepreneur culturelle dans le secteur informel d’ici 2015. Nous voulons une structuration et une formalisation de toutes les femmes dans tous les secteurs, qu’elles soient instruites ou pas. C’est pourquoi nous avons dans notre agenda des sessions de formation hebdomadaire tous les mercredis, avec l'appui de la Stratégie de la croissance accélérée (SCA) et la Gratica. Elles sont logées au secrétariat de la Présidence de la République, ce sont nos partenaires techniques et stratégiques.

 

Votre réseau a-t-il élaboré un plan d’action ?

 

Nous avons un plan d’action pour 2012-2015. La foire d’exposition des acteurs du Recef est l’activité principale que nous comptons organiser en 2013. «Diaba A.C» est la dénomination de cette foire. «Diaba» qui veut dire marché, «Ada ak Cosan». C’est une dénomination purement wolof. Tous les produits des femmes du Refec seront exposés pour le développement et la promotion de la culture.

 

ALMAMI CAMARA

 

 

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