Publié le 23 Apr 2013 - 08:05
EN PRIVÉ AVEC... ABDOU AZIZ MBAYE (MINISTRE DE LA CULTURE

«Seuls 32 des 46 animateurs culturels seront recrutés»

 

La situation précaire dans laquelle vivent les animateurs culturels contractuels, débutée avec Youssou Ndour, va perdurer avec son successeur. Dans un entretien exclusif sur le sujet avec EnQuête, le ministre de la Culture Abdou Aziz Mbaye révèle que 32 des 46 personnes concernées seront recrutées alors que les autres seront appelées à chercher emploi ailleurs.

 

 

Monsieur le ministre, où en êtes-vous avec le règlement des arriérés de salaires des animateurs culturels contractuels ?

 

Je suis très sensible à la situation des animateurs culturels. Cependant quelques précisions méritent d’être apportées concernant cette affaire. Malgré leur apport au ministère, en tant que personnel technique, les animateurs culturels ont été recrutés de façon non orthodoxe par d’anciens ministres depuis 2009. Aucun d’entre eux ne dispose, en ce moment, d’un contrat de travail en bonne et due forme qui justifierait le versement, sur des bases légales, d’une rémunération. Cet engagement contrevient manifestement aux dispositions pertinentes des différents textes relatifs aux recrutements d’agents dans la Fonction publique. Une telle démarche est contraire aux principes de bonne gouvernance et de rationalisation de l’action administrative prônés par le chef de l’Etat, cela d’autant qu’il n’existe aucune ligne budgétaire pouvant permettre la prise en charge régulière de leur masse salariale. Il est vrai que le département a besoin de ce personnel eu égard à la politique que nous comptons y mener, mais force est de reconnaître que leur maintien doit répondre aux seuls critères de légalité puisque, ne l’oublions pas, nous sommes dans un Etat de droit.

 

Vous aviez promis le recrutement de certains d'entre eux dans la Fonction publique. Pourquoi cela tarde-t-il ?

 

Effectivement et c’est pour éviter de les maintenir dans cette situation précaire que des dispositions appropriées ont été prises pour l’intégration d’une bonne partie de ces animateurs dans la Fonction publique. Maintenant, laissons à l’administration qui a ses procédures faire son travail. Par ailleurs, il faut savoir que le recrutement des animateurs culturels dans la Fonction publique n'est pas automatique à la fin de leur formation ; donc ce n'est pas un droit.

 

Ceux qui ne seront pas recrutés resteront contractuels ou seront-ils remerciés ?

 

Vous savez, c’est une situation que nous avons héritée et qui doit être corrigée, l’administration a ses règles. Ceux qui ne seront pas recrutés devront se trouver un nouvel emploi.

 

Si 30 animateurs sont recrutés comme vous l'aviez annoncé, ils recouvreront leurs arriérés de salaires. Qui paiera, l’État ou le ministère ?

 

Trente-deux exactement vont intégrer la Fonction publique. Pour ce qui est des arriérés comme vous dites, il n’y a pas de paiement, puisque je vous ai expliqué que la situation des animateurs culturels est contraire à l’orthodoxie administrative. Par conséquent, ceux qui seront recrutés seront fonctionnaires et leurs salaires inscrits au budget.

 

Trois mois d'arriérés de salaires pour 46 animateurs culturels, c'est 16 millions. Si 30 sont payés par l’État et les 16 par le ministère, où va le reste de l'argent ?

 

Il n’existe pas une enveloppe destinée au paiement de leur rémunération, il faut qu’on cesse de payer irrégulièrement les salaires sur le budget de fonctionnement au moment où des contraintes budgétaires existent. Je le répète, la situation de ces animateurs culturels attire mon attention, nous avons besoin d’eux, mais il y a un certain nombre de règles à respecter et vous verrez dans les semaines à venir que la situation va nettement s’améliorer pour certains d’entre eux contrairement à ce qui se faisait jusqu’ici.

 

«Il y a des gens qui croient qu’en m’attaquant dans la presse, voire en m’insultant, je vais les recevoir ou que je vais leur proposer de l’argent, etc. Ces pratiques sont révolues...»

 

Ils vous ont hué une fois, comment avez-vous vécu cette situation ?

 

Ce n’est jamais agréable de se faire huer en public, mais cela ne m’ébranle point et ce n’est pas pour autant qu’ils auront gain de cause. Si des huées étaient une solution aux problèmes, cela se saurait. Au-delà des animateurs culturels, il y a des gens qui croient qu’en m’attaquant dans la presse, voire en m’insultant, je vais les recevoir ou je vais leur proposer de l’argent, etc. Ces pratiques sont révolues et j’invite les uns et les autres au travail et à être positifs et constructifs dans leurs démarches pour le bien du Sénégal.

 

Quel est le message que vous souhaitez lancer à l'endroit de ces jeunes qui qualifient votre gestion de politicienne ?

 

En quoi ma politique est-elle politicienne ? Je conduis et assume la politique culturelle du gouvernement. Vous savez, aucune politique culturelle n’est viable si les artistes n’ont pas un statut et une protection sociale, si leurs revenus ne sont pas bien collectés et distribués en tenant compte des évolutions technologiques et juridiques. C’est exactement ce à quoi je travaille avec l’adoption d’un statut de l’artiste, mais aussi avec l’installation de la nouvelle Société de gestion collective.

 

Monsieur le ministre, votre tournée sur la diversité culturelle fait débat dans le milieu artistique. Certains jugent le concept bon mais sans contenu derrière.

 

J’invite ceux qui critiquent cette tournée à participer au moins à une étape, avant de tirer ce genre de conclusion. Cette tournée participe de l’animation culturelle du pays. Elle me permet d’aller à la rencontre des artistes et acteurs culturels dans leurs régions respectives pour échanger avec eux sur les problèmes au cours de Comités régionaux de développement (CRD). Sans oublier les 10 produits culturels sélectionnés et documentés par une commission dans chaque département et exposés lors de la tournée. Les artistes locaux et des rappeurs venus de Dakar donnent des concerts auxquels assistent des milliers de personnes. Voilà ce qu’on fait dans cette tournée, sans oublier les rencontres avec les populations locales, les chefs religieux, coutumiers et traditionnels...

 

Quel est l'impact de ce projet puisque certains l'assimilent à une campagne électorale ?

 

Il n’y a rien de politique dans cette tournée, ni meeting, ni réunion de parti, etc. Je suis un ministre de la République et je reçois tout le monde et parle avec tout le monde. J’ajoute aussi que je ne suis candidat à rien et mon action s’inscrit dans la matérialisation de la vision du chef de l’Etat. Je ne vois donc pas ce que la politique vient faire dans tout cela.

 

 

PAR BIGUÉ BOB

 

 

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