Publié le 5 Mar 2014 - 09:19
EN PRIVÉ AVEC ABDOU LAHAD WONE- RÉALISATEUR

 ‘’Ce que sera la saison 2 de Tundu Wundu...’’

 

Abdou Lahad Wone. Son nom reste inconnu du grand public sénégalais. Pourtant, beaucoup de clips de grands chanteurs comme Youssou Ndour ou encore Yoro Ndiaye porte sa signature. Et sa grande dernière réalisation en date est le thriller sénégalais ‘’Tundu Wundu’’. Un film d’une trentaine de séries diffusé sur la télévision futurs médias. Il a eu beaucoup de succès auprès des téléspectateurs. Présent sur le marché depuis 1996, ce monteur et réalisateur a signé son entrée dans le monde du cinéma avec Tundu Wundu. Retrouvé dans ses bureaux à Sacré-Cœur, il a parlé de la deuxième saison de sa série, des problèmes auxquels il a fait face dans la réalisation de cette première saison et ses perspectives.

 

Comment est né ‘’Tundu Wundu’’ ?

Tundu Wundu est né par hasard. Un jeune scénariste de la banlieue qui s’appelle Moussa Diallo devait m’apporter des cassettes pour un montage. Lorsqu’il est venu, il m’a dit qu’il avait un scénario qui dort dans ses tiroirs depuis longtemps. Il me l’a proposé 4 mois après. J’ai vu que c’était intéressant et on a essayé de faire quelque chose à partir de ce scénario.

 La réalisation a été facile ?

Non du tout. Le côté artistique n’était pas compliqué. C’est un travail qui ne dépendait que de nous. Il y avait de la réflexion à faire. C’est au niveau de la réalisation de nos idées qu’on a eu énormément de problèmes. Financièrement, les moyens ne suivaient pas. On a dû faire des compromis, couper là, pour rester dans le budget. On a eu de gros problèmes par rapport aux finances. Sinon, pour le côté artistique, tout était clair dans nos têtes. On peut faire bien et mieux.

 Combien a coûté cette production ?

On ne peut pas parler de coût réellement. On avait un budget prévisionnel qu’on n’a pas pu avoir. Finalement, le coût, c’est l’investissement de chacun des gens qui ont travaillé autour de ce film. Tout le monde s’est donné à fond pour que le film puisse se faire.

Le budget prévisionnel était estimé à combien ?

Je pense qu’on était à 120 millions. Mais vraiment light quoi. On a essayé de compresser au maximum pour être en accord avec les réalités du pays. On a resserré au maximum et on était à une centaine de millions.

 Vous avez pu recouvrer la centaine de millions ?

Non, jamais, jamais, jamais.

 Ce manque de moyens n’est pas allé sans conséquences. Vous avez du couper et cela s’est senti dans le déroulement du scénario. Expliquez-nous comment ces choix ont été faits ?

Si on vous explique dans quelles conditions certaines séquences ont été tournées, vous comprendrez mieux beaucoup de choses. Certaines voitures par exemple, utilisées, sont celles de la production. On n’a pas les moyens de casser des vitres par exemple ou des pneus. L’objectif était de montrer qu’il était possible de faire autrement les films qu’on avait l’habitude de voir. Tout le monde l’a constaté. Par moments, on a péché par excès d’ambition.

Il y a des moments où on ne parvient pas à faire exactement ce qu’on doit faire. Ça, on le prend sur nous. C’est mon premier film. Et c’est le cas pour la plupart des membres de l’équipe, à part quelques acteurs. On a essayé quelque chose de nouveau et on pense qu’on a ouvert la voie pour des productions plus ambitieuses. C’est difficile, car on n’a pas les moyens de réaliser le scénario comme c’était écrit à l’origine. On doit être indulgent.

 Parlons du casting maintenant. Beaucoup de nouvelles têtes qui se sont bonifiées au fil des épisodes. Comment s’est fait le choix des acteurs ?

L’erreur que commet tout le monde, c’est de penser qu’on a tourné au jour le jour, en tenant compte des critiques des uns et des autres. On a tourné il y a un an. C’est juste un problème de perception. C’est le téléspectateur qui s’habitue aux personnages. On a tourné par décor. C’est-à-dire, on nous prêtait une maison pour quatre jours et on fait tous les plans pour la saison dans cette maison et après on part. Cela ne s’est pas fait de manière chronologique.

Ce n’était pas évident pour les nouveaux, mais on a osé les proposer. L’originalité du film réside dans ce fait. Ces acteurs sont des comédiens à la base. Ils ont une troupe regroupée autour de ‘’l’appel du banlieusard’’ basée à Sam-Sam, vers Sicap Mbao. C’est un collectif d’artistes qui aime bien le cinéma. Après on a décidé de mettre d’autres gens pour mixer un tout petit peu.

 Vous attendiez-vous au succès survenu après la diffusion ?

On ne s’attendait pas à tout ce succès. Et c’est ce qui fait plaisir et c’est encourageant. Pour une production difficile, c’est quand même encourageant d’entendre toutes ces choses-là. Voir les gens chercher à connaître Badara, Myriam et autres, c’est une fierté.

 La saison 2 va démarrer quand ?

Ce n’est pas encore tourné. Je ne veux pas encore donner de date, parce que ça nous a desservis la première fois. On a fait des teasers très tôt et tout le monde était en attente. On est dessus depuis la mi-saison et on a pris en compte les critiques pour améliorer les choses. On va dans la deuxième saison rallonger le film. C’est l’exigence numéro un.

On va essayer de faire moins d’ellipses (ndlr l'ellipse est, au cinéma, une figure narrative consistant à supprimer du récit un certain nombre d'éléments, tels que des plans, scènes, etc., faisant partie du déroulement logique de la fiction, mais jugés non essentiels à sa compréhension. (Source www.universalis.fr) pour permettre aux gens de suivre plus aisément. Pour des soucis économiques, on était obligé de faire des versions un peu plus courtes par rapport à notre partenaire, pour la diffusion également.

 La fin donne une impression de bâclage. C’est le cas ?

Non, pas du tout. Rien n’a été bâclé. C’est des puzzles construits depuis trois ans. On a juste voulu ouvrir de nouvelles pistes pour pouvoir faire une deuxième saison beaucoup plus forte.

 Que seront les autres innovations ?

Vous en avez déjà un aperçu, avec le dernier épisode de la première saison. Un nouveau personnage est rentré. Les problèmes vont au-delà de la personne de Badara maintenant. Ce n’est plus un problème de jeunes de la banlieue. Cela va au-delà, avec de gros bonnets qui font leur entrée et qui sont intéressés par les papiers que détient Badara. C’est cela qui va constituer l’essence de la deuxième saison.

 Vous comptez vous arrêter à la deuxième saison ou vous irez plus loin ?

Dans nos prévisions, il est clair qu’on ne peut pas aller au-delà d’une troisième saison. Et on va créer autre chose.

 Avec le succès de la première saison, la deuxième saison est-elle financièrement soutenue ?

On est une petite équipe. La diffusion de la première saison est terminée il y a je pense une semaine. Là, on va prendre un petit congé. On espère quand même avoir des partenaires. Il y a des gens qui se sont manifestés au cours de la diffusion. A nos débuts, il n’y a qu’Orange qui a cru en ce projet-là et nous a soutenus. Les gens ne croient pas à un teaser ou à un pilote. Ce qui est dommage au Sénégal.  On était obligé de tout tourner pour que les gens croient au projet. On espère que ça aille mieux avec la deuxième saison. De toute façon, nous n’avons pas le choix, vu l’attente du public. Soit, on a les moyens de faire bien et on le fait. Soit, on n’a pas les moyens et on fait des sketchs, comme tout le monde.

 Quel regard jetez-vous sur le monde de la cinématographie au Sénégal ?

Je ne vais pas trop m’avancer là-dessus, parce que je suis l’un des derniers arrivés. Ce que je trouve intéressant, c’est que quand même, cette année on a pu voir les films sénégalais. On a eu la chance de les voir ici et en primeur. On ne voyait pas nos films. Je trouve que c’est excellent. Avec la mise en place du fonds d’aide à la production cinématographique, les gens qui sont en activité et qui produisent vont être soutenus. Ce qui va permettre au cinéma de se développer. La frontière est un peu mince entre le cinéma et la télévision. Le gros problème aujourd’hui, ce sont les diffuseurs. Je crois que la chaîne de valeurs doit être respectée. Les diffuseurs doivent commencer à acheter des programmes. Nous, on ne peut pas être producteur et commercial. Les télévisions doivent avoir la culture et s’organiser pour acheter des programmes.

 Tundu Wundu a-t-il été proposé sur le marché africain ?

Oui, oui, on est même en train de faire les transcriptions pour cela. C’était une option dès le début. On a choisi de faire un film un peu plus ouvert sur l’extérieur au détriment d’une certaine couche de la population sénégalaise. On nous a souvent dit que c’est un film d’intellectuels, mais c’était délibéré. On a pensé à des ouvertures ailleurs. Seize millions de Sénégalais ne peuvent à elles seules rentabiliser notre film.

 Quels sont vos projets actuellement au-delà de Tundu Wundu ?

Je suis en train de donner des coups de main à gauche et à droite. J’essaie de soutenir des gens qui ont des idées, en leur prêtant une caméra par-ci et par-là gratuitement. Ça, c’est juste pour stimuler la création. On ne doit pas toujours être là à faire de l’alimentaire. Il faut que cela soit artistique. Tundu Wundu est déjà assez lourd, mais on va quand même essayer de petites choses entre-temps.

 Parlez-nous de votre label buzz studio ?

On a monté une boîte de production qui existe depuis 7-8 ans. On est spécialisé dans tout ce qui est moyen de postproduction et le moyens de productions pour les agences de communication, entreprises, pour les films institutionnels, etc. Pour diversifier notre offre, on a décidé de rentrer dans la production. Ayant vu qu’on avait quelque chose à apporter dans le monde de la production sénégalaise, on a décidé d’entrer dans ce domaine et apporter des choses différentes.

 Y a-t-il une grande différence entre la réalisation d’un clip et d’un film ?

La base est la même. Il y a une grande partie de créativité. Un film, un clip ou un spot, il faut d’abord l’écrire. Ensuite, on pense à comment faire le découpage.

PAR BIGUE BOB

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