Publié le 14 Sep 2013 - 00:17
EN PRIVÉ AVEC LAMINE DIÉMÉ, CINÉASTE

 ''Pourquoi j'ai voulu relancer le débat sur l’écologie''

 

 

Le réalisateur Lamine Diémé est sorti de l’anonymat grâce au trophée gagné lors de la dernière édition du festival de courts-métrages d’Abidjan, ''Clap Ivoire'', du 4 au 9 septembre 2013. Il a remporté le premier prix ''Documentaire Uemoa''. Dans cet entretien avec EnQuête, le jeune cinéaste explique sa méthode de travail, son engagement pour les causes écologiques, la réalisation de son documentaire ''Écho'', et son look de rappeur.

 

Voudriez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?

Je suis dessinateur à la base. Je fais beaucoup de choses graphiques aussi. Suivant les dessins que je fais, je suis passé par le cinéma d’animation. J’ai fait des formations dans ce cadre-là et c’est comme cela que j’ai découvert le cinéma. Actuellement, je travaille avec la vidéo.

 

 

Comment s’est faite la transition du dessin au cinéma ?

J’ai suivi une formation en dessin animé. Et c’est une partie du cinéma. Je ne parle pas de bande dessinée mais plutôt de cinéma d’animation. Dans ce dernier cas, on retrouve la réalisation. C’est comme cela que j’ai découvert comment on fait un film mais en passant par le dessin. Avant, je ne savais pas comment filmer ni comment monter des images. Après la formation, j’ai essayé de travailler sur des projets que j’avais écrits. J’ai aussi des collègues qui se sont retrouvés au Sénégal après leur formation et on a décidé ensemble de faire quelque chose avec le savoir acquis. C’est ainsi qu’on a commencé à écrire des projets d’animation. C’est dans ce cadre d’ailleurs qu’est né le premier film d’animation au Sénégal. On était quatre à le faire. C’est de cette expérience de court-métrage que j’ai commencé à écrire et à faire des choses tout seul. J’ai commencé à expérimenter des choses et à m’orienter vers des projets de réalisation. J’avais beaucoup de choses à dire. Mon premier film parle des enfants talibés. Alors, j’ai découvert le cinéma donc via différentes expériences mais grâce aussi à mes aînés dont un de mes grands frères. J’ai eu à filmer pour certains réalisateurs aussi. Mon expérience de dessinateur me permet d’avoir un autre regard sur le cinéma.

 

Vous avez gagné le premier prix documentaire du festival de court-métrage Clap Ivoire. Qu'est-ce que cela représente pour vous ?

C’est un documentaire qui m’a fait découvrir beaucoup de choses. J’ai testé beaucoup de choses dans la manière de réaliser. J’avais commencé à faire certaines choses techniquement. J’ai fait ce film en essayant d’adopter des techniques personnelles et assez particulières. Des techniques qui ne se font pas souvent. Ce prix m’a permis d’aller vers d’autres personnes. J’ai rencontré divers réalisateurs et on a échangé par rapport à ce film et leurs films aussi. C’était très intéressant. J’ai découvert beaucoup de choses.

 

Vous voulez parler de techniques de prise de vue, vous dites avoir essayé ''beaucoup de choses'' ?

Vous savez, j’ai travaillé dans beaucoup de projets. Quand j’en termine un, je fais tout pour que le prochain ne ressemble pas au précédent. J’essaie toujours d’apporter des créations dans ce que je fais. C’est pourquoi j’essaie toujours de différencier les prises de vue. C’est cela qui me pousse à chercher d’autres angles et cadres. J’en suis arrivé à me dire que je dois cadrer en gros plans pour essayer de trouver ce que je cherche. Mais aussi pour pouvoir communiquer, parler et surtout me faire comprendre par le public. Beaucoup de films sont faits pour dénoncer des choses. Moi, j’étais parti pour relancer un débat sur l’écologie. Nous sommes tous concernés par le sujet mais nous n’en parlons pas.

 

D’où est venu votre engagement pour la cause écologique ?

Si vous regardez dans mon curriculum vitae, il y a un film qui s’appelle ''Suñu société'', fait il y a deux ans. Ce film a failli me causer des ennuis. Je l’ai projeté une fois dans mon quartier, à côté de chez moi, on a eu beaucoup de problèmes. Je fais des films, je fais des projections et je produis des artistes engagés. Pour l’écologie, on a tous le devoir de s’engager pour ça. C’est assez normal de le faire. J’ai senti le besoin de dire ce que j’en pense et je l’ai fait dans ce film.

 

Comment est né ''Écho'' ?

Ce documentaire a été fait en début d’année. Pour vous dire que je suis très très content de ce projet-là. Quand j’ai fini le film pour la première fois, je n’avais pas l’occasion de le diffuser. Alors quand je l’ai terminé, je l’ai gardé quelques semaines avec moi. C’est juste après qu’il y a eu le festival d’écologie où il a été diffusé pour la première fois. J’ai reçu le troisième prix à ce concours. Jusque-là, le film n’avait pas de visibilité. Après, j’avais décidé d’inviter d’autres personnes à travailler sur le sujet. Et on va le faire. Ce sera un long-métrage sur des questions d’écologie.

 

Comment voyez-vous votre manière de procéder en comparaison avec la technique de Mambety ?

Quand on est réalisateur et qu’on apprend le métier, on nous dit les règles à suivre pour filmer avec des plans bien définis. Suivant ce qu’on m’a appris et ce que j’ai compris du cinéma, j’ai cherché à approfondir les choses et je me suis dit que c’est un documentaire, pas une fiction. Je cherchais à travers mon film à faire comprendre et entendre un message, je me suis dit que j’allais avec les gauches. Parce que ce sont les plans qui m’intéressaient, pas l’image de ceux que j’allais interviewer. J’ai cherché plusieurs fois à essayer de trouver une solution par rapport à cela. J’en suis arrivé à me dire qu’il n’est pas nécessaire que je montre le plus souvent des personnages. Si je me contentais de montrer les personnes, les gens pouvaient se focaliser sur eux et perdre l’essence de ce qu’ils disent. J’ai fait un film qu’on peut écouter en le regardant. C’est le truc que j’ai le mieux réussi. J’ai eu un peu peur de faire ça au début. A chaque fois que je fais une vidéo, je la montre à des personnes. Suivant leurs réactions, je peux mesurer la qualité de mon travail avant de continuer. Quand j’ai eu des critiques venant même d’enfants et tout, cela m’a servi. Ce film est beau mais il serait plus beau d’en faire un autre qui pourrait faire plus encore. Je n’aime pas dire que je suis réalisateur. Je préfère dire que je suis artiste. En tant qu’artiste, on a besoin de créer.

 

Envisagerez-vous une version d’''Écho'' en cinéma d’animation ?

Dans le projet, il y a quelques séquences d’animation que j’avais faites. Mais les animations sont un peu compliquées à financer, surtout à la hâte. Cela se fait mais dans la deuxième partie.

 

Vous avez un style vestimentaire plutôt hip-hop. Est-ce juste un look ou vous le vivez vraiment ?

Ce n’est pas juste un look. J’aime le hip-hop et j’ai grandi avec. J’ai côtoyé beaucoup de hip-hoppeur. Je produis beaucoup d’artistes hip-hop et j’ai des projets pour cet art. J’ai même commencé un petit film qui va parler de ça. J’espère que cela ira bien et que j’arriverai à le terminer. C’est vrai que je dégage une image de hip-hoppeur et je l’assume.

 

 

 

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