Publié le 13 Mar 2021 - 02:40
EN VISITE AU SIEGE DU MOUVEMENT Y EN A MARRE

Sonko, comme un président !

 

Le leader du Pastef/Les patriotes a entamé, hier, une série de visites chez les différentes organisations et partis politiques qui soutiennent la lutte pour la consolidation de la démocratie au Sénégal. Il a été reçu avec les honneurs ‘’populaires’’ par le mouvement Y en a marre…

 

La peur, l’inquiétude et le désespoir ont laissé place à l’espoir. Sur beaucoup de visages parmi la foule venue acclamer Ousmane Sonko, au siège du mouvement citoyen Y en a marre, le bonheur se lit. Celui de retrouver un champion. Une raison de se réjouir de l’avenir de leur pays. Tous sont sûrs qu’il ne s’agit que d’une question de temps.

Mais le leader du Pastef/Les patriotes est déjà vu dans les habits d’un président de la République. Un enthousiasme qui a poussé Alioune à faire une petite pause, espérant apercevoir celui qu’il appelle affectueusement ‘’président Sonko’’. ‘’Il est le politicien que l’on cherchait. La jeunesse, le peuple s’est réveillé et, en partie, grâce à lui. Je prie pour que nos espoirs placés en lui ne nous déçoivent pas. Une fois qu’il sera au pouvoir, j’espère de tout cœur qu’il n’oubliera pas toutes les souffrances des populations et leur désir de changement’’, s’exprime le jeune maçon.

Casquette vissée sur la tête, en tenue de sport gris, ce beau bébé, la trentaine révolue, a déjà fait son choix électoral, dans l’optique de la Présidentielle prévue en 2024. Au point de critiquer la sortie du président de la République, lors de son adresse à la Nation du lundi 8 mars dernier. ‘’J’ai vu un homme effrayé, conscient d’avoir perdu son peuple. Il se croyait roi, détenteur de tous les pouvoirs. Le Seigneur l’a ramené à la raison. On va le changer, dans 3 ans’’, affirme-t-il, sûr de son candidat.

Loin de l’agitation, des cris et danses, le principal opposant du régime de Macky Sall s’entretient avec les membres du collectif Y en a marre. Ousmane Sonko, en liberté depuis son placement sous contrôle judiciaire, dans le cadre de l’accusation de viols et de menaces de mort qui le vise, a lancé, dans la matinée d’hier, une série de rencontres avec tous les acteurs qui se sont engagés dans la lutte pour la préservation de la démocratie.

‘’J’ai choisi de démarrer cela avec Y en a marre, une organisation très importante dans la lutte citoyenne au Sénégal. Elle a une fois de plus été à la hauteur de sa réputation, en s’engageant dans un nouveau combat pour la préservation de notre démocratie. Nous avons tenu une longue séance de laquelle l’on peut retenir que nous travaillons sur un agenda pour la République, le Sénégal et nos enfants’’, résume-t-il, à sa sortie, les discussions qu’il a partagées avec ces membres de la société civile.

Si quelques caméras de journalistes ont pu accéder à l’intérieur du siège de l’organisation, leur rencontre s’est tout de même tenue à huis clos.

Maintenir la pression sur le pouvoir

Après la fin de sa garde à vue, lundi dernier, Ousmane Sonko avait exigé du président de la République un ensemble de revendications, en maintenant la pression sur le gouvernement. Quelques minutes plus tard, Macky Sall avait appelé au calme, soulignant avoir reçu les émissaires des chefs religieux et quelques membres de la société civile. Dans l’immédiat, le leader du Pastef a rappelé : ‘’Nous continuons à formuler les mêmes exigences dont la première est la libération immédiate et sans condition de tous les détenus politiques de Macky Sall. Nous exigeons l’arrêt immédiat de la persécution et des arrestations tous azimuts, mais l’arrestation des nervis de Macky Sall et leur traduction devant les tribunaux. Aussi, la réparation des dommages causés par les meurtres et les blessures graves notés lors des manifestations.’’

En boubou traditionnel blanc, bonnet rouge sur la tête, le leader du Pastef a gardé le même look que le jour de son arrestation, de même que lors de sa dernière apparition publique. Une nouvelle image pour séduire un nouvel électorat ? Estampillé candidat de la jeunesse et des réseaux sociaux, Ousmane Sonko a réalisé une véritable démonstration de force, son inculpation étant l’élément déclencheur des violentes émeutes qui ont marqué le pays, la semaine dernière.

Malgré la présence de nombreux jeunes dans la foule, l’on ne peut s’empêcher de remarquer que, toute génération confondue, Sonko fait l’unanimité. Les nombreuses difficultés économiques et sociales que traverse le pays ont fini de rallier à la cause de l’opposant de nombreux segments de la société. Chacun ayant ses propres raisons d’en vouloir au chef de l’APR.

A chacun ses raisons d’en vouloir à Macky

A l’image d’Aïda Diao, certains Sénégalais attendaient depuis longtemps de savourer un moment de vacillement du pouvoir de Macky Sall. ‘’Thiantacoune’’, elle garde en travers de la gorge l’arrestation, en 2012, de son guide religieux Cheikh Béthio Thioune. Une décision de justice dont elle tient le président de la République pour responsable. Le guide des ‘’Thiantacounes’’, décédé en mai 2019, avait été arrêté, après la découverte des dépouilles mortelles de deux de ses talibés, enterrées près de Keur Samba Laobé (Madinatul Salam). Il était soupçonné d’avoir donné l’ordre de les battre à mort.

Mais la talibé aux dreadlocks, écouteurs sur les oreilles, voit dans les manifestations de contestation de la semaine dernière une justice divine : ‘’Macky a voulu humilier le cheikh. Serigne Saliou n’aurait jamais laissé faire cela. Cheikh Béthio est parti avant qu’il le ramène en prison. Nous attendons juste que Macky quitte au plus vite le pouvoir’’, fulmine-t-elle dans sa belle robe jaune.

En attendant, celui qui porte tous ses espoirs a lancé un appel à toute la communauté nationale et internationale, aux guides religieux, ‘’pour leur dire que Macky Sall continue dans sa trajectoire dictatoriale. Au niveau du mouvement de défense de la démocratie, nous avons posé un acte fort. Nous avons lancé un appel pour que la tension baisse, tout en baissant la mobilisation. Mais, en même temps, Macky Sall n’a posé aucun acte, depuis lors. Il doit savoir que les jeunes que l’on voit n’accepteront pas que leurs semblables soient retenus dans les geôles de Macky Sall’’.

Des mesures jugées insuffisantes

En Conseil des ministres, ce mercredi, le chef de l’Etat a tout de même pris quelques mesures allant dans le sens de desserrer l’étau autour des restrictions comprises dans la lutte contre la pandémie du coronavirus. En plus de l’allégement des horaires du couvre-feu déjà annoncé, la fin de l’état de catastrophe sanitaire sera effective, le 19 mars prochain. Beaucoup de promesses de financements ont également été faites à la jeunesse. Toutefois, les militants du Pastef, arrêtés pour diverses raisons avant l’inculpation de leur leader, de même que des activistes ayant soutenu l’opposant, sont toujours en détention.

A l’image de leur hôte du jour, le coordonnateur du mouvement Y en a marre ne s’est pas attardé devant les médias. Après avoir magnifié la visite d’Ousmane Sonko, qui s’est présenté comme un citoyen sénégalais venu s’entretenir avec d’autres citoyens, Aliou Sané a rappelé la nécessité de la consolidation de l’Etat de droit. Et ‘’c’est au nom de ces principes que l’on s’est opposé, lorsque nous avons vu le pouvoir décider d’instrumentaliser la justice pour venir à bout de l’opposition à travers Ousmane Sonko’’.

Mine légère, sourire aux lèvres, il a sans doute apprécié, de même que tout une foule acquise à la cause de l’opposant, une visite qui fera date, à coup sûr. Désormais, en politique, la Var n’est jamais loin.

Lamine Diouf  

 

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