Canevas d'un examen sans complaisance
Le Sénégal va entamer, dans les prochains jours, une large concertation nationale sur l'Enseignement supérieur. Des assises donc pour faire un diagnostic des difficultés que traverse le cycle académique et dégager des voies thérapeutiques durables.
Concertation nationale sur l'Enseignement supérieur ou Assises ? Qu'importe, car le Sénégal démarre bientôt un nouvel exercice d'examen sans complaisance. Lequel se justifie par un état du cycle académique fortement marqué, depuis plusieurs années, par ''des grèves récurrentes des enseignants-chercheurs, des étudiants, dans une moindre mesure, des personnels administratifs, techniques et de service (Pats)'', relève un document des termes de référence (TDR) des concertations nationales en vue, dont copie a été reçue hier à EnQuête.
Selon le document, ''ces conflits sociaux sont le reflet d’une demande croissante de formation supérieure qui est le fruit des efforts d’extension de l’Enseignement élémentaire, moyen et secondaire''. La même source note cependant que cette demande est très fortement déséquilibrée avec 70 % de bacheliers littéraires, pour seulement 30% de bacheliers dans les filières scientifiques, techniques et professionnelles. Et que l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) reste toujours le réceptacle de l'écrasante majorité des bacheliers, les universités Alioune Diop de Bambey et de Thiès n'ayant pas une large capacité d'accueil, ''fautes d'infrastructures adéquates et suffisantes''. A elle seule donc, l'Ucad regroupe 80% des effectifs de l'Enseignement supérieur public. ''L'université de Dakar croule sous les effectifs. Elle subit les contrecoups de cette situation qui se traduit par une inefficacité interne au niveau du premier cycle dans les facultés, un déficit de qualité, un faible taux d'employabilité des diplômés'', relève les TDR.
Coûts de formation, une question ''urgente et sensible''
Le document étale, par ailleurs, d'autres dysfonctionnements dans l'Enseignement supérieur sénégalais, dont la prise en charge des coûts de formation qui reste une question ''urgente et sensible''. ''La politique de généralisation des bourses et aides dans le premier et second cycle, l'octroi de bourses à tous les étudiants inscrits au troisième cycle et le bénéfice des œuvres sociales accordées à tous les étudiants sénégalais ont fini par créer un déséquilibre structurel dans l´allocation des ressources à l'Enseignement supérieur (70 % pour le social et seulement 30 % pour le pédagogique)''.
La concertation nationale devrait permettre de ''proposer des orientations, des mesures et des actions à mettre en œuvre pour le développement et la compétitivité du système d'Enseignement supérieur sénégalais'', selon un chronogramme défini. Les propositions du comité de pilotage, dirigé par le professeur de philosophie, Souleymane Bachir Diagne, porteront sur ''les attentes du Sénégal en matière d'Enseignement supérieur, l'accès à l'enseignement supérieur, sa qualité, son financement, son internationalisation et les ses ressources humaines''. Le comité de pilotage devra ''auditionner les acteurs de l'enseignement supérieur public comme privé, les représentants de tous les secteurs concernés, le monde socioprofessionnel, les pouvoirs publics, les collectivités, les représentants des collectivités, les associations professionnelles, confessionnelles et communautaires, les partenaires au développement, etc''. Les membres de la commission nationale seront nommés dès février et devront livrer les résultats de leur travail en fin avril 2013, lors de la tenue d'un Conseil présidentiel (CP) sur l'Enseignement supérieur.
ALIOU NGAMBY NDIAYE
AVERTISSEMENT!
Il est strictement interdit aux sites d'information établis ou non au Sénégal de copier-coller les articles d' EnQuête+ sans autorisation express. Les contrevenants à cette interdiction feront l'objet de poursuites judiciaires immédiates.