Le Saes dénonce le non-respect des engagements du Mesri
Après un préavis de grève déposé le 27 avril dernier, le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) a fait, hier, face à la presse pour aborder les problèmes liés à l’absorption des 72 295 bacheliers de l’année 2020, ainsi que les promesses non-respectées du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Cheikh Oumar Anne.
Il y a une semaine, le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) montait au créneau pour dénoncer les maux de l’université et des universitaires. Hier, ses membres ont fait face à la presse, une nouvelle fois, pour dénoncer l’attitude de leur ministre de tutelle. Ce dernier avait tenu à orienter tous les bacheliers du Sénégal dans les universités publiques, en prenant un bon nombre d’engagements.
Seulement, les mesures d’accompagnement en infrastructure et en budget annoncés n’ont pas vraiment suivi. Depuis la nomination de Cheikh Omar Anne à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le Saes a collecté, selon son secrétaire général Malick Fall, toute son énergie afin de contribuer à la définition des priorités du secteur.
Selon lui, les résultats attendus, à l’issue de ce fort engagement, n’ont pas été au rendez-vous. Le Saes, dit-il, avait décidé d’accompagner la décision prise par le gouvernement, en 2019, pour l’orientation de tous les bacheliers dans les universités publiques. Et pour y arriver, un atelier regroupant toutes les sections de ce syndicat national a été organisé pour définir les mesures à prendre, afin qu’il n’y ait pas de couacs. A la suite de cet atelier, ‘’un document très exhaustif, dans lequel on retrouve toutes les propositions des universités ainsi que les actions à mener dans le court, moyen et long terme, a été remis à la tutelle’’, informe M. Fall.
Cependant, les propositions n’ont pas trouvé l’adhésion du ministère. Il n’empêche, le Saes n’a eu de cesse de continuer à faire des propositions pour corriger le programme. ‘’Nous nous étions même portés garants auprès des camarades afin que les instances pédagogiques acceptent d’augmenter les effectifs des étudiants, en attendant que les promesses du ministre en terme d’augmentation du budget et d’infrastructure soient respectés’’. Et le résultat obtenu de cet engagement a été l’absorption de tous les bacheliers de 2019, alors que les engagements volontairement souscrits par le ministre ‘’n’ont pas été respectés’’, regrette-t-il.
Le Saes souligne également que les universités n’ont pas reçu le budget correspondant aux 200 postes d’enseignants-chercheurs ouverts par le gouvernement. Pour les chapiteaux nécessaires pour héberger les bacheliers, leur nombre a été largement sous-évalué, d’après les syndicalistes. C’est le cas à Thiès où, à la place des cinq chapiteaux voulus, deux seulement y sont construits et n’ont été livrés qu’en septembre 2020. Cela a occasionné, d’après Malick Fall, d’énormes retards académiques.
Le constat est le même ‘’dans toutes les universités où les enseignements-examens de l’année universitaire 2019-2020 sont encore en cours, en avril 2021’’.
Le ‘’pilotage à vue’’ du ministre
Il précise également que, malgré leurs nombreuses alertes, aucune mesure d’accompagnement en infrastructure et en budget n’a été prévu pour l’absorption des bacheliers de 2020 qui sont au nombre de 72 295, contre 56 030 en 2019. Aussi, se désole-t-il, les orientations des bacheliers ont été faites en ’’violation du décret 2016-1805, depuis plusieurs années. Il n’est donc pas étonnant que les universités peinent à accueillir les bacheliers de 2020’’. Le Saes regrette les engagements non-respectés pris par Cheikh Omar Anne.
Par ailleurs, le Saes dénonce le fait que, depuis un an, aucun texte de gouvernance des universités n’ait été pris et aucune avancée dans la recherche, même si le ministre a fini par mettre en place une commission mixte Mesri-Saes pour travailler sur des textes. Le problème lié au système d’orientation Campusen est jugé très nébuleux par le Saes.
Selon lui, ‘’il semblerait que ce soit un Mauritanien qui, depuis la France, oriente nos bacheliers. Qu’elle honte’’.
Le Saes estime que les enjeux de l’enseignement bimodal ‘’ne sont pas bien cernés’’ par le ministre et précise qu’il n’y a aucune vision, ni une anticipation sur cette question. A la place, c’est plutôt un pilotage à vue avec des annonces très médiatisées. Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur regrette la grande ‘’immixtion du ministre dans l’autonomie des universités’’ et réitère son engagement contre l’accaparement du patrimoine foncier de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad).
ARAME FALL NDAO