Le dernier virage amorcé
Le boukout qui remonte à la nuit des temps, est l’un des événements les plus importants et festifs chez le Diola. A Kartiack, le grand jour tant attendu de l'entrée de centaines jeunes dans le bois sacré (kareng) à Kartiack a été fixé au samedi 22 septembre prochain.
Le grand jour tant attendu de l'entrée de centaines de jeunes dans le bois sacré (kareng) à Kartiack a été fixé au samedi 22 septembre prochain. Ce village du département de Bignona, qui compte environ 4000 âmes, renoue avec cette tradition séculaire d'initiation, 33 ans après la dernière édition de 1979. L'initiation (foutamp ou boukout), au terme de laquelle les futurs initiés sont admis comme des hommes aptes notamment à fonder un foyer.
La localité a démarré d'ailleurs depuis quelques jours le rituel d'accueil de ses ressortissants établis aux quatre coins du Sénégal. Cela a été le cas lundi ; une manifestation ponctuée de chants et danses sur fond, chez les hommes, de démonstrations et surenchères de bravoure à coups de feu d'armes artisanaux ou de carabines, jusque tard dans la nuit et malgré la pluie. Les femmes parées de plusieurs colliers multicolores autour du cou, calebasses perlées, donnent le change en dansant et claquant de petits instruments en fer sur un air bien rythmé.
En outre, les séances de rasage de la tête (''Oukikaw'') des futurs initiés (Kambath) par les oncles maternels battent leur plein dans les villages d'origine des belles-familles maternelles ; la coutume voudrait que celles-ci soient informées de ce grand rendez-vous culturel et sacré. De fait, le village a fini de faire comprendre au monde que ''le vin est tiré'' pour cette édition-ci, ou ''nioulonioulou bane'' en langue Diola, quand bien même il reste des réglages dans les préparatifs.
L’action de l’État magnifiée
Le boukout qui remonte à la nuit des temps, est l’un des événements les plus importants et festifs chez le Diola. Outre le village hôte, des invités proviennent de toutes les localités diolas. Ou presque. Ce qui induit d'importantes dépenses pour l'achat de centaines de bœufs, de tonnes de riz, de fûts d'huile, etc. C’est pourquoi, une fois la date d'entrée dans le bois sacré retenue, le village s’est organisé en Comité d’initiative chargé de l'organisation administrative et matérielle de l'événement.
Et, à moins de deux semaines du jour-J, le président de la République Macky Sall a tenu sa promesse de soutien en mettant à la disposition du village 20 tonnes de riz et 10 millions de francs Cfa, informe le Comité.
En outre, le service régional de l’Hydraulique de Ziguinchor a, pour la circonstance, construit un forage avec un équipement neuf (groupe électrogène et pompe), installé 6 100 mètres de réseaux et procédé à 160 branchements individuels avec compteurs en l’espace de trois (3) mois pour régler les besoins des populations en eau potable. Selon Lamine Bodian, chef de service régional de l’Hydraulique de Ziguinchor, les besoins en eau seront satisfaits à 95%. De plus, deux (2) citernes de 9 m3 seront aussi mises à contribution en permanence durant toute la période du boukout qui va de l'avant entrée dans le bois sacré à la sortie des jeunes concernés.
Sur un autre registre, la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) a contribué à hauteur de 75 000 francs F Cfa en médicaments. Le Comité d'initiative a fait savoir qu'il est prévu une ambulance médicalisée et le renforcement du personnel médical au niveau du poste de santé. De son côté, le service régional d’hygiène a déjà visité les différents sites devant accueillir les futurs initiés et sera présent une semaine avant la date historique, a ajouté le Comité d’Initiative qui a salué la disponibilité de l’État.
Problème d'électrification
Par contre, des difficultés résident dans la fourniture du village en électricité, seule une petite partie étant éclairée. Selon des informations recueillies sur place, une équipe de la Senelec y est passée il y a quelques mois pour des «études de faisabilité». Mais il n'y aurait pas encore de suite. Les populations espèrent néanmoins que les autorités mettront tout en œuvre pour que, au plus tard le 21 septembre, veille de la rentrée dans le bois sacré, le «jus» soit partout présente, dans tous les coins et recoins de ce village d'origine de Salif Sadio, commandant en chef du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC). A en croire Souleymane Jules Badji, membre du Comité d’organisation, les populations s’emploient à ce qu'il n'y ait aucun incident durant cette grande fête qui participe, par ailleurs, de la recherche de la paix en Casamance.
HUBERT SAGNA
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