Publié le 17 Sep 2012 - 08:07
ENTRETIEN AVEC SHEIKH SIDIA BAYO, PRESIDENT DU CNT GAMBIEN (seconde partie)

«Yaya Jammeh n'a plus que quelques semaines au pouvoir»
 

 

 

Existe-t-il dans la sous-région des présidents qui vous ont reçu en audience ?

Je ne dirais pas le contraire mais je préfère garder tout ça en secret. Vous savez nous avons parcouru plusieurs pays pour plaider la cause gambienne. C’est le peuple gambien qui nous intéresse et nous ne ménagerons aucun effort pour le sortir des mais de Yaya Jammeh.

Dans quelles circonstances est né le CNTG ?

Nous avons connu en Gambie pour la première fois dans l’histoire de la CEDEAO, un boycott pour une élection africaine. Cela ne s’était jamais produit. C’était les prémices de la création d’un Conseil national de transition pour la Gambie que nous avons effectué à la date du 21 août 2012. Nous l’avons effectué parce qu’une fois de plus il y avait une folie judiciaire du régime de Banjul et du tyran Yaya Jammeh. Nous avons compris qu’il y avait deux ressortissants sénégalais parmi les 9 exécutés à la date du 23 août et nous avons pris toutes les dispositions possibles pour mettre en place et en urgence un comité de réflexion composé par des opposants gambiens en exil pour créer et réinventer une nouvelle manière de s’opposer à Jammeh. Bien entendu, on s’est inspiré du printemps arabe et du soulèvement populaire en Libye, sauf que la Gambie n’est pas la Libye. Nous savons que nous avons un peuple qui est incapable d’organiser des manifestations pour marquer son désaccord avec le régime de Banjul. À partir de là (...), nous nous sommes rencontrés à Londres et avons décidé d’entamer un processus de lancement d’une transition politique en Gambie. Dans un premier temps, il était prévu de lancer le CNTG pour le dernier trimestre de 2012, mais l’histoire s’est accélérée avec les dernières exécutions.

Quels sont vos liens avec la Gambie ?

Je suis issue d’une famille purement politique. Mon grand-père maternel, Chérif Cissé, fait partie des trois personnes qui ont accentué l’indépendance de la Gambie le 18 février 1965 avec le père de la Nation, Sir Daouda Diawara et Diakhoumpa Cissé. Ils ont été les instigateurs de l’indépendance de la République de Gambie. Mon grand- père a été le premier gouverneur de la Banque centrale, il a aussi été ministre des Finances et de l’Économie. A un moment, il a même créé un parti d’opposition. De par mon passé familial je me suis imprégné de la politique gambienne. Je dois vous avouer qu’ayant grandi et fait mes études à Paris, on peut me reprocher beaucoup de choses sur ma citoyenneté gambienne, mais je vous assure d’une chose : je suis Franco-gambien par les nationalités, toutefois je suis Gambien par le sang, par le cœur même si la France m’a tout donné. Aujourd’hui, je suis un peu comme ces footballeurs binationaux, mon cas est rare, il est atypique et j’en suis conscient. J’ai essuyé beaucoup de critiques par rapport à ma personnalité. Aujourd’hui, j’ai compris que la Gambie à besoin d’un groupe de citoyens qui réinvente la manière de s’opposer à l’actuel régime. Ce leadership, je ne l’ai jamais demandé, c’est vrai que j’ai été à l’origine du comité de réflexion et on m’a juste demandé d’accepter le leadership pour avoir initié cette idée. L’opposition gambienne exilée reconnaît le travail que j’ai effectué de 2006 à 2011.

A quand remonte votre dernier séjour en Gambie ?

En 2011, juste avant l’élection présidentielle.

Avez- vous de la famille là-bas ?

Ma grand-mère maternelle est toujours là-bas, de même que les oncles et tantes du côté maternel. Du côté de mon père, comme c’est un monsieur un peu âgé, il ne reste plus grand monde en Gambie. Mon dernier voyage en Gambie a eu lieu en mi-août 2011, j’en garde un souvenir triste. Le problème c’est que Jammeh a mis un système en place où les initiatives personnelles sont tout de suite suivies d’arrestations arbitraires, d’intimidations voire d’assassinats extra judiciaires. Le dernier souvenir que je garde de la Gambie au cours de mon dernier voyage, c’est un souvenir de compassion nationale car nous n’avons pas cette liberté d’expression. Il est temps que tout cela cesse et qu’un Etat de droit soit installé en Gambie.

 

 

PAR AMADOU NDIAYE

 

 

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