La parade d'hôtels dakarois
La pénurie d’eau qui frappe Dakar n’épargne pas les hôtels de la ville comme le Terrou-bi, sur la corniche Ouest, et Faidherbe en centre-ville de Dakar. Excepté Pullman (ex-Teranga), à la place de l’Indépendance, où l’eau coulerait à flot, les autres réceptifs ont recours aux camions citernes et à l’eau minérale pour se ravitailler. En attendant désespérément le retour à la normale.
La pénurie d'eau n'a pas touché que les ménages. Les hôtels ne sont sont pas épargnés. Et la situation y est difficilement vécue aussi. L'ambiance est au rendez-vous, hier, à l’hôtel Terrou-Bi, sur la corniche Ouest de Dakar. Les entrées et les sortis sont fréquentes. A la réception, un personnel accueillant reçoit les visiteurs. Après avoir décliné l'objet de notre visite, on nous demande de prendre place à la salle d'attente, le temps d'informer le directeur de la maintenance. Dans cette salle, presque toutes les places sont occupées par des clients. D'aucuns sont venus pour des rendez-vous et d'autres pour juste prendre un rafraîchissement. Il y a du monde malgré la pénurie d'eau qui perdure dans Dakar et sa banlieue.
Quelques minutes plus tard, arrive un véritable comité d'accueil : le directeur de la maintenance, accompagné du directeur d'exploitation de l’hôtel, Michel Rebeyrolle, du directeur administratif et financier, Moussa Faye et celui des services généraux, Michel Bouyan. Tous soutiennent que la pénurie d'eau n'a aucun impact sur la clientèle de l'hôtel. Selon le directeur de l'exploitation Michel Rebeyrolle, des compagnies leur livrent des citernes d'eau permettant de fournir le liquide précieux à la clientèle et au personnel. Mais ils ont de l'eau aussi jusqu'à 100 m3 grâce au réseau. ''Aujourd'hui (hier, Ndlr), on est stable dans les difficultés. On avait beaucoup plus peur la semaine dernière parce qu'il fallait faire les démarches pour satisfaire la clientèle. On a arrêté certains nettoyages des machines. On nous livre trois à quatre citernes par jour. Tout dépend de la consommation des clients'', explique M. Rebeyrolle. Mais ce qui a le plus sauvé le réceptif hôtelier de la crise liquide, c'est sa bâche à eau : ''Nous avons une bâche à eau dont la capacité est de 290 m3. Ce qui nous permet d'assurer les besoins en eau dont l’hôtel a besoin. La société Kirène aussi a fait le maximum pour qu'on ait de l'eau à la disposition de nos clients'', informe Michel Rebeyrolle. A l'en croire, la qualité de l'eau est assurée parce que les compagnies s'en sont chargées. Par ailleurs, les adeptes de la baignade douce ne se plaindraient pas : ''Chaque jour, on apporte 5 m3 à la piscine. Nous n'avons pas ce problème'', rassure le directeur de l'exploitation.
Si Terrou-Bi a trouvé une solution au déficit en eau, il n'en est pas de même pour l'hôtel Les Almadies. Les nombreux experts venus d'horizons divers pour préparer les négociateurs de l'Afrique de l'Ouest et du Centre à la 9e conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (Omc) à Bali, ont été touchés par la pénurie durant leur séjour les 25 et 26 septembre derniers. Beaucoup de participants n'ont pas eu d'eau dans les chambres et les toilettes et ils n'ont pas pu participer à la réunion organisée par le Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement (Cacid).
Camions citernes
L’hôtel Faidherbe se trouve sur l’avenue du même nom, derrière le marché Petersen, vers le centre-ville de Dakar. Il est 14h, un silence règne dans cet hôtel, pourtant grouillant de monde à certaines heures de la matinée. A l'accueil, une jeune fille informe de notre présence le directeur adjoint de l’hôtel, Ibrahima Faye, lequel nous reçoit dans son bureau. Calme, M. Faye semble épuisé à ce moment de la journée. La pénurie d’eau est passée par là. Il doit toute la journée faire des va-et-vient pour assurer le ravitaillement de son hôtel en eau. D'après lui, l'hôtel a ''difficilement'' vécu cette situation, surtout à la survenue de la deuxième coupure. ''La pénurie d'eau nous a affectés. Pour la première pénurie, nous n’avions pas trop subi, parce que nous avons un réservoir en bas qui peut couvrir l’hôtel pendant 4 jours. Mais pour la seconde panne, c’est après quatre jours que notre réservoir s’est épuisé. Il fallait maintenant trouver une solution. Et nous sommes partis chercher des bouteilles d’eau minérale'', raconte le directeur adjoint du réceptif. Il ajoute que plus la pénurie perdure, plus c’est la croix et la bannière pour lui. Et pour régler la question ‘’à moitié’’, il fait recours aux citernes d'eau : ''Actuellement, le système que nous avons mis en place consiste à remplir la cuve en bas qui peut couvrir l’hôtel pendant quatre jours. Et nous achetons de l’eau minérale pour le reste'', fait-il savoir. Un premier camion, explique-t-il, a été acheminé par les sapeurs-pompiers, mais fautes de raccords pour déverser l’eau, le camion est retourné. Le deuxième camion a été octroyé par la Sénégalaise des eaux et cela a permis d'avoir quelque chose dans le réservoir qui ''peut prendre jusqu’à quatre citernes''.
En plus des camions citernes, l’hôtel Faidherbe a chaque jour une petite pression qui lui permet de remplir à moitié son réservoir. Il y a aussi au sein de l’hôtel un puits qui permet ‘’de vider l’eau des égouts’’. Mais, précise M. Faye, cette eau de puits n’est utilisée ni pour la vaisselle ni pour le linge. ''Actuellement, dans les hôtels, ce n’est pas le grand rush, mais si l’hôtel était rempli, ce serait difficile pour nous'', admet le responsable.
''Des clients nous ont menacés''
S'il dit maîtriser maintenant la situation avec l’aide des sapeurs-pompiers et de la Sde, Ibrahima Faye avoue qu'il fallait au début sillonner les marchés en quête de bouteilles d'eau minérale Kirène de 10 L devenues introuvables sur le marché. ''On a souffert, je ne dormais plus. J’étais là à écouter la clientèle pour lui montrer que nous partagions leur peine. Les clients ne sont pas partis, parce qu’ils ont su par la suite que la pénurie était générale. Mais il y en a certains qui nous ont menacés'', confie-t-il. Par la suite, poursuit-il, certains ont présenté leurs excuses quand ils ont vu des habitants de Dakar dans le désarroi en train de chercher désespérément de l’eau. ‘'Nous faisons des dépenses énormes mais comme on dit, le client est roi. Si nous n’arrivons pas à les satisfaire, vu qu’ils se sont acquittés de tout, ça peut même nous amener des procédures. Dieu merci, nous sommes maintenant tranquilles dans la distribution de l’eau. Nous avons tout jugulé, vu la compréhension des uns et des autres'', s’exclame-t-il, soulagé.
A l’hôtel Pullman, situé à la place de l’indépendance de Dakar, la pénurie d’eau n’est pas ressentie. Selon le nommé Cheikh, trouvé à la réception, l’hôtel n’a pas été touché par le manque du liquide précieux. L’eau y coulerait toujours à flot.