L'Afrique condamnée à s’adapter
Espérance de vie tronquée, inondations, rareté de l’eau, immigration et déplacements des personnes, maladies infectieuses...Autant de phénomènes liés aux changements climatiques dans les pays africains et évoquées il y a quelques jours à Accra (Ghana) à l'occasion d'un sommet ou chercheurs du continent et fonctionnaires des Nations-Unies ont convenu que l'Afrique est condamnée à s'adapter aux réalités.
La recrudescence des inondations au Sénégal illustre à souhait les effets des changements climatiques. Des phénomènes qui risquent de s’aggraver sans une politique adéquate d’adaptation pour atténuer les impacts de ces changements sur le genre humain. Un vaste chantier qui nécessite l’implication de tous les acteurs. Selon le réseau Indepth, les changements climatiques constituent la menace la plus dangereuse du 21ème siècle. D’ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) évalue à plus de 140 mille le nombre annuel de décès dus aux variations du climat. Et c'est l’Afrique qui en paie le plus lourd tribut.
Un constat qui a motivé l’organisation d’un atelier qui s’est tenu à Accra (Ghana) du 17 au 20 septembre derniers sur le thème : «Adaptation aux changements climatiques dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest.»
Cette rencontre initiée par le réseau Indepth basé au Ghana, l’Unesco et le Centre universitaire africain de communication (AUCC) avait pour objectifs de regrouper des experts pour un partage de données, mais aussi de solutions qui minimisent les effets des changements climatiques qui impactent sur l’espérance de vie en Afrique, avec des effets néfastes sur la santé des hommes et des animaux.
Selon le Pr. Pascal Houenou, spécialiste de chimie environnementale à l'Agence universitaire de la Francophonie, «tous les rapports des études gouvernementales indiquent que nous avons dépassé la cote d’alerte depuis le 19ème siècle. Du début de l’industrialisation à nos jours, les dégradations sont considérables.» Aujourd'hui, il n’y a plus de temps à perdre et des décisions immédiates sont à prendre, préconise-t-il.
«L'état des lieux est déjà fait»
L'urgence est d'autant plus réaffirmée que le diagnostic a été déjà fait. En effet, l’état des lieux met en exergue des facteurs environnementaux divers. Ils ont pour noms infertilité et salinité des sols, baisse de la pluviométrie, raréfaction des ressources foncières, érosion côtière, désertification, avancée de la mer, pollution, infections, stress dû aux fortes températures, etc. Ces phénomènes sont ainsi à l’origine d’une forte migration de populations en quête de milieux plus favorables.
Géographe à l’Ucad, Papa Sakho donne en exemple la macrocéphalie de la capitale sénégalaise due à la migration des populations. Une migration rurale ou urbaine, qui peut être interne, de proximité et de courte durée. D'où les trois variantes signalées par les populations en matière de changement climatique : dégradation des terres, déboisement, variations de la pluviométrie.
Malheureusement, l’Afrique ne dispose pas d'une marge de manœuvre extensible face aux changements climatiques alors qu'elle doit s'adapter à cette situation. A cet effet, le Pr. Houenou estime que «le politique doit intégrer dans sa stratégie nationale une composante fortement centrée sur les changements climatiques». Plus d'efforts sont nécessaires car les questions qui se posent en matière de changement climatique sont reliés à des changements d’ordre globaux qui concernent la ville, l’urbanisation, l’agriculture, la sécheresse, la pluviométrie…