Une ‘’décision finale’’ attendue en septembre 2017
Le Sénégal et la Mauritanie vont prendre une décision finale d’investissement sur leur installation commune de gaz naturel liquéfié flottante en septembre 2017, a affirmé, lors des journées portes ouvertes baptisées "Sénégal Export Showcase’’ tenues récemment à Londres (Angleterre), le Directeur général de Petrosen, Mamadou Faye.
Alors qu'un mystère a, jusqu'ici, entouré les discussions secrètes entre le Sénégal et la Mauritanie sur l'exploitation du gisement gazier commun entre ces deux pays, un début de réponse à certaines questions a été apportée lors des journées baptisées "Sénégal Export Showcase" tenues il y a moins d'une semaine à Londres. C'était sous l'égide de l'association "Energy Industries Council" (EIC), le Conseil des compagnies britanniques qui fournissent des biens et des services aux industries de l'Energie à travers le monde. Une occasion de mettre en évidence les opportunités d'affaires au Sénégal pour la chaîne d'approvisionnement d'énergie du Royaume-Uni.
L'on a ainsi appris du Directeur général de Petrosen, Mamadou Faye, que le Sénégal et la Mauritanie vont prendre une décision finale d'investissement (DFI) sur leur installation commune de gaz naturel liquéfié flottante en septembre 2017. Ce sera le début du compte à rebours devant mener à une première production prévue pour atteindre 2,5 millions de tonnes par an (mtpa) de gaz naturel liquéfié (GNL), au plus tard, d'ici trois ans. Dans les coulisses de cette rencontre, il apparaît que Kosmos Energy, l'opérateur des gros blocs de gaz qui chevauchent les frontières maritimes de la Mauritanie et du Sénégal, continue de piloter des réunions régulières avec des experts de la société nationale sénégalaise Petrosen et sa réplique mauritanienne, la SMHPM. A ces experts, sont associés des agents des ministères de l'Energie des deux pays pour affiner le concept de gaz naturel liquéfié flottant (FLNG).
Selon des sources, "les travaux ont beaucoup avancé sur deux options". La première, selon lui, "consiste à la réalisation d'un navire transporteur d'environ 2-3 mtpa de GNL converti. Une option qui a l'avantage d'être moins chère et offre la possibilité d'exporter les premiers litres de gaz dans les trois prochaines années". La seconde option "consiste à construire un bateau d'envergure, à la mesure du gisement gazier, ce qui est susceptible de prendre 4 à 5 ans". Les experts présents dans la délégation sénégalaise affirment qu'il faudra alors une autre durée de 5 à 10 ans pour voir la première production de gaz, encore que son écoulement dépende de la capacité à trouver des clients dans un marché qui serait déjà saturé.
1004 milliards de mètres cubes
Des différentes explications tenues lors du "Sénégal Export Showcase" de Londres, on peut retenir que Kosmos Energy et les experts en sont arrivés à la conclusion qu'en premier lieu, il faut d'abord privilégier une approche progressive à petite échelle comme étant la façon la plus rapide et la plus compétitive pour les deux pays de lancer leurs premiers exportations de GNL et leurs premières livraisons de gaz sur les marchés intérieurs de la Mauritanie et du Sénégal. Il a ainsi été décidé d'exploiter seulement 227 milliards de mètres cubes de gaz dans les 30 prochaines années, bien que les capacités des champs gaziers dans les deux pays soient estimés à plus de 1004 milliards de mètres cubes.
Le Sénégal et la Mauritanie comptent ainsi voir comment le marché va réagir avant de mieux affûter les plans d'investissement pour les rendre encore plus ambitieux et mieux monétiser les réserves de gaz dans le futur. Les deux pays sont d'ores et déjà dans l'examen du développement d'une industrie de gaz domestique et, éventuellement, d'une mise en œuvre d'un projet plus vaste de GNL onshore.
Pour les deux pays, la première priorité est de faire en sorte que le gaz serve à augmenter la production d'énergie domestique. Selon les estimations de Mamadou Faye, le patron de Petrosen, "le Sénégal et la Mauritanie auraient chacun besoin de l'équivalent de 0,5 mtpa de GNL pour répondre à leurs besoins de consommation domestique". Cependant, explique Mamadou Faye, "si le gaz n'est pas cher, il peut être utilisé pour encourager les promoteurs de projets au Sénégal". Car, explique le patron de Petrosen, "le Sénégal travaille au développement de projets de production d'engrais et s'investit dans la pétrochimie. Le développement de ces marchés va induire une forte demande intérieure d'électricité qui pourrait atteindre les 2-3 mtpa. Le surplus d'électricité pourrait aussi être exporté via le réseau d'inter connexion de l'Afrique de l'ouest", explique Mamadou Faye.
Accord avant la fin 2016
Quid du lieu devant abriter le site du projet sur lequel aucun officiel ne veut se prononcer ? On sait désormais qu'il sera basé à 8 km de la côte sénégalaise. C'est vers ce point que vont converger les tonnes de gaz pompées du champ gazier transfrontalier Ahmeyim-Guembeul. En discussion entre les deux gouvernements depuis 2015, "l'accord final de groupement intergouvernemental qui couvre le cadre commercial, juridique et technique de ce projet Ahmeyim-Guembeul devrait être signé d'ici la fin de l'année", selon le Responsable adjoint de la communication à Kosmos Energy, Thomas Golembeski. M. Faye confirme que le document a déjà été transmis au gouvernement sénégalais pour approbation.
En attendant, Kosmos Energy continue d'évaluer la viabilité technique du site sélectionné et se prépare à lancer l'étude d'impact environnemental et social du projet. L'accent est maintenant mis sur l'accélération de la première phase de développement afin d'améliorer les possibilités de commercialisation du gaz restant dans le bassin. Mais Kosmos qui détient 90% de parts en Mauritanie et 60% au Sénégal, ne veut pas trop embrasser dans le projet et a entrepris des discussions avec d'autres partenaires potentiels. Une stratégie décidée après le retrait de Chevron qui a lâché ses parts des blocs au large des côtes de la Mauritanie. Kosmos veut avoir une participation autour de 30 voire 50%. "C'est pour se concentrer sur la vision et la prise de décision", affirme Thomas Golembeski.