Publié le 12 Nov 2024 - 14:09

EXPOSITION FALIA : La Femme dans toutes ses facettes

 

L'exposition Falia, sous le thème ‘’Visage et facettes de notre société – Au regard de la sexualité’’ a ouvert ses portes. En effet, le vernissage de cette exposition qui s’inscrit dans les Off de la Biennale de Dakar, s’est tenu samedi dernier à la fondation Heinrich Boll Sénégal à Dakar.  À cet effet, une immersion artistique unique sur les perspectives sociales et culturelles de la sexualité a été offerte par les artistes Oumar Cissé et Coudédié Kane à travers leurs œuvres.

 

‘’Chaque facette a son histoire, elle parle de quelque chose qui nous est propre en tant qu’Africains, cela fait partie de notre histoire’’, explique l’artiste plasticien Oumar Cissé. Concernant le choix du thème ‘’visage et facettes’’, il explique qu’il met en lumière la diversité des expériences et des interprétations culturelles. Cela se confirme à travers les portraits exposés. Des femmes fortes, engagées, connues ou pas sont représentées. Sur l’un des tableaux, l’artiste Sister LB y est.  ‘’J’ai fait une série de portraits parfois réels parfois imaginaires, mais mon inspiration vient des photos, car le déclic part des statuts WhatsApp. Quand je vois une photo et qu’elle m’inspire quelque chose, je la peins. Mais avant, je cherche à rencontrer cette personne et je discute avec elle, pour voir comment transmettre sa personnalité sur le portrait. Sister LB, c’est une femme très engagée, une artiste talentueuse et cette facette d’elle m’a donné envie de peindre sa photo’’, dit-il.  

Si les portraits de l’artiste Sister LB, de la journaliste Bigue Bob avec pour titre ‘’La force des mots’’ ont été réalisés pour présenter le côté compétitif entre détermination et sensibilité, chacune à sa manière représente un visage de la société sénégalaise.  Oumar’art nous confie qu’il peint aussi des personnes imaginaires. Sur l’un des tableaux, une femme, élégante avec un magnifique foulard, le regard profond, est une pure imagination de l’artiste basée sur des traits de caractère. ‘’Codou n’existe pas comme personne, mais dans mon imagination, j’ai mis en avant des caractères qui ont fait d’elle ce qu’elle est’’.

En outre, la symbolique des visages pour traduire les émotions liées à l'intimité, aux désirs et aux attentes sociétales est puisée dans les photos réelles. Mais ses œuvres oscillent entre abstraction et réalisme, proposant des portraits puissants qui captent l'essence des personnages tout en leur conférant une dimension universelle. Pour Oumar’art, dans ses toiles, les visages deviennent des miroirs, non seulement des expériences individuelles, mais également des attentes culturelles et des stéréotypes liés à la sexualité.

Par ailleurs, les facettes de la société souvent perçues comme taboues sont néanmoins essentielles pour une compréhension complète de l'identité collective. Présentée par l’artiste Coudédié Kane, elle se penche sur des œuvres qui parlent de la puissance de la femme. ‘’J’ai représenté la femme comme une personne qui a de la valeur. Certains disent que la femme doit faire des compromis pour plaire à l’homme, elle s’oublie pour faire plaisir à l’homme. C’est tabou, mais ça fait partie de nous. Il faut qu’on montre cet aspect’’.

Sur l’un des tableaux, une femme avec des fesses et des seins refaits, un foulard et une perruque sur les mains, cette dernière ne sait plus où mettre la tête, car elle est stigmatisée à cause de sa couleur de peau et son apparence. Pour l’artiste, c’était important de parler d’un chemin que les femmes décident quelquefois de prendre à cause de la manipulation et des jugements.

En outre, Coudédié Kane utilise une approche plus directe en interrogeant la représentation du corps et des émotions dans des scènes parfois provocantes, mais profondément humaines. Ses créations invitent à une réflexion sur les normes de genre, les attentes de la société et la dualité entre désir personnel et conformisme social.

Un clin d’œil aux ‘’géantes invisibles’’

Elle rappelle que plusieurs femmes qui font des choses extraordinaires, mais qui ne sont pas connues, sont également exposées afin de leur rendre hommage.

En effet, le projet ‘’Géantes invisibles’’ met en lumière des héroïnes discrètes qui, malgré l’adversité, bâtissent des rêves et enrichissent notre société par leur courage, leur dignité et leur humanité. Invisibles aux yeux de beaucoup, elles incarnent la force, explique Coudédié Kane.

Ainsi, l’exposition, qui se tient dans un espace consacré aux œuvres d'art contemporain, invite les visiteurs à réfléchir sur la manière dont la sexualité est perçue, vécue et parfois déformée au sein de notre société. Le directeur de la fondation Heinrich Boll Sénégal, Fabian Heppe, soutient que cette exposition trouve sa place, car elle entre dans la vision de la fondation. ‘’Les différents acteurs et les artistes ont des choses à dire avec ces œuvres et c’est très bien qu’on les accueille ici, car nous avons le devoir de les accompagner’’.  Il souligne que la Biennale est une occasion spéciale où il y a de l’inspiration et où les projets des jeunes artistes prennent forme et façonnent les discours politiques, économiques et sociaux, ce qui tombe bien, car l’exposition ‘’Falia’’ prend fin ce 12 novembre.

 

BIENNALE DAK’ART 2024

Seyni Awa Camara honorée à la galerie Ourrouss

Durant toute la Biennale, il est possible de découvrir l'exposition ‘’Réalités d'un mythe’’ de Seyni Awa Camara. Ce programme qui rend hommage à Issa Guèye est accueilli à la galerie Ourrouss. Il est constitué de plusieurs sculptures à base de terre cuite, la marque de fabrique de la grande dame originaire de la Casamance.

Dans l'une des pièces principales de la galerie Ourrouss, une dizaine de statues plus atypiques les unes les autres jonchent le sol. L'établissement de Seynabou Guèye est ravi d’abriter ces œuvres de couleur orange signées Seyni Awa Camara, le temps du Dak'Art 2024. “Recevoir ce vernissage représente beaucoup de choses. Awa Seyni Camara est une artiste de renommée mondiale. Même si elle semble méconnue au Sénégal, à l'étranger les férus de la terre cuite connaissent cette grande dame de la sculpture. Elle a exposé un peu partout à travers le monde, en Amérique, Europe même en Asie. On espère qu'à l'issue de cette Biennale, les Sénégalais, les visiteurs de tous bords pourraient découvrir Seyni Awa Camara”, expose la directrice de la galerie Ourrouss.

Dans la foulée, Mme Guèye a tenté de décortiquer la thématique qui enveloppe ce vernissage. “’Réalités d'un mythe’, car on a raconté tellement de choses sur elle alors qu'au fond c'est une femme, une mère, pleine d'humanisme, mais surtout passionnée d'art. Certains ont soutenu que c'est une sorcière, qu'elle vivait avec un serpent. Mais ce ne sont que des supputations. L'Afrique et ses mythes ! En gros, cette exposition, c'est aussi une façon de distinguer la légende de la réalité”.

In fine, la patronne de la galerie Ourrouss s'est attardée sur le pourquoi de cet hommage rendu à Issa Guèye. “Issa Guèye est mon frère. Il a rendu l'âme lors d'un accident, il y a de cela deux mois. C'est lui-même qui m'a fait aimer l'œuvre de Seyni Awa Camara. Issa aussi était marchand d'art. Toutes ces raisons font qu'aujourd'hui, à travers cette Biennale, nous avons jugé opportun d'avoir aussi une pensée pour lui”.

Mamadou Diop

 

THECIA P. NYOMBA EKOMIE

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