Pas d’engouement réel…
Grand nombre de Koldois ne sont pas sortis assister à la 2e édition du Festi-Kolda qui s’est tenue les 21, 22 et 23 décembre. Le boycott des activités s’expliquait, selon certains habitants, par la mauvaise organisation, le manque de considération à l’égard des populations et la non implication de vrais acteurs culturels à cet évènement qui sont, d’après certains habitants, les fausses notes du festival.
Les organisateurs du Festi-Kolda avaient une initiative noble. Mais leur ambition n’était pas à la hauteur de leurs moyens. Car l’idée, à travers les activités de cet évènement culturel, était de créer un cadre de retrouvailles, d’échanges et de partage entre les ethnies de la région et des autres localités. Mais aussi de faire la promotion des cultures du terroir dans leur diversité, en exploitant les savoirs et les savoir-faire des populations, de faire connaitre et valoriser les sites touristiques et réconforter l’amitié entre les peuples riverains de la région des pays limitrophes qui partagent en commun la légende. Mais l’initiative de la 2e édition du Festi-Kolda a échoué. Il n’y a pas eu d’engouement réel.
Et pour cause, les organisateurs n’ont pas mené une campagne de mobilisation sociale et les populations et les artistes locaux n’ont pas été impliqués dans la tenue de la manifestation. Conséquence : le manque de considération, d’organisation et d’implication de vrais acteurs à cette manifestation a fait que le silence a remplacé l’effervescence dans les diverses activités tenues dans les différents endroits de la commune de Kolda. Les objectifs du festival ont été déviés. D’après certains habitants interrogés, c’est tout sauf un festival.
Abdoulaye Cissé, membre de la société civile, par ailleurs responsable de Sos Environnement, a dit dans ce sens que ‘’ce festival est une activité récréative que les initiateurs sont en train d’organiser. Mais cela n’a rien à voir avec un festival digne de ce nom. Les organisateurs qui sont le maire et ses collaborateurs n’ont pas associé les leaders d’opinion à cet évènement. Or, Kolda a une clé de voûte. Les initiateurs de ce Festi-Kolda ne peuvent pas ramasser des gens pour en faire des responsables. Parce que les gens ne peuvent pas accéder dans ce cercle-là par effraction. Il faut avoir une légitimité, un ancrage social et être écouté par les populations pour gagner le pari de la mobilisation sociale. Ce qui a été constaté, c’est un collectif d’hommes incapables de mobiliser les populations. Le Festi- Kolda devrait susciter un engouement populaire pour attirer des étrangers qui viennent dans la région et leur permettre de voir les signaux dignes de ce nom’’.
Les artistes locaux laissés en rade
D’après certains, cela ne devrait pas être. Car Kolda est une grande ville culturelle, dans la mesure où depuis plusieurs années déjà, les acteurs culturels ne cessent de s’affirmer, que ce soit dans le théâtre, la musique, la danse, l’artisanat d’art, le stylisme ou le modélisme, etc. Ils poursuivent qu’en jetant ‘’un regard discret dans le rétroviseur, l’on se rend compte que les acteurs culturels du Fouladou ont beaucoup apporté à la région et que certains d’entre eux ont fini de marquer l’histoire par leurs productions et même à travers les relations qu’ils ont pu tisser avec d’autres contrées du monde, à l’image de Sana Seydi, Omar Pam, Diénabou Madiou, Racky Diallo, Bouba Diallo, Yaama Nééné, Papis Mballo de Gelongal, des virtuoses chevronnés de la culture du Fouladou.
A chaque manifestation culturelle, l’engouement culturel à Kolda était tel qu’il était de plus en plus difficile de répertorier avec exactitude toutes ces associations qui s’activent dans ce domaine faisant la joie et le bonheur de nos concitoyens qui appréciaient à sa juste valeur le talent incontesté de ces derniers qui vivent leur statut d’artiste dans la dignité, malgré le manque criard de moyens logistiques et les durs aléas de la vie.
Kolda a des priorités différentes du Festi
Sil n’y a pas un engouement populaire à cet évènement, c’est que certains habitants pensent qu’il y a des priorités que la municipalité devrait régler au lieu d’organiser un Festi vide de sens. Parmi ces priorités, il y a l’éclairage public qui fait que la ville de Kolda est toujours plongée dans le noir, le curage des caniveaux qui dégagent une odeur nauséabonde, la fermeture des caniveaux à ciel ouvert causant des accidents de circulation, le ramassage des ordures, l’achèvement du bitumage de certaines rues de la commune, etc.
EMMANUEL BOUBA YANGA