La carrière de Joao Havelange en cinq actes
Mort mardi, l'ancien patron de le FIFA Joao Havelange laisse un héritage à double face entre explosion du football et corruption. Le Brésilien en cinq actes.
Un adieu olympique
Mort quelques semaines après son centenaire, le 8 mai dernier, dans sa ville natale de Rio, en plein JO, alors qu'une partie des épreuves (athlé et foot) se déroule dans un stade portant son nom, Joao Havelange a joué (un peu) au foot mais s'est surtout bâti un corps d'athlète dans les bassins, y compris olympiques - nageur aux Jeux de Berlin 1936 puis membre de l'équipe de water-polo à Helsinki en 1952. Il mènera toute sa vie une double carrière de dirigeant du football (Fluminense, Confédération brésilienne puis FIFA) et de l'olympisme (membre du comité brésilien puis du Comité international olympique).
Dans la lumière de Pelé
Sa présidence de la Confédération brésilienne de football, de 1958 à 1973, coïncide avec l'âge d'or de la Seleçao de Pelé, victorieuse à trois reprises de la Coupe du monde à cette époque (1958, 1962, 1970). Un coup de projecteur qui sert ses intérêts au moment de prendre le pouvoir à la FIFA, en 1974, grâce notamment au soutien des fédérations sud-américaines et africaines. Le début de la deuxième plus longue présidence de l'institution (24 ans contre 33 pour le Français Jules Rimet). La première pour un non-Européen.
Juriste et homme d'affaires
Diplômé en droit, avocat de profession, Havelange, avant de prendre les rênes du football mondial, se révèle en homme d'affaires avisé. Trop, selon ses détracteurs. Le dirigeant, entre autres, d'une compagnie d'autobus, est soupçonné d'entretenir des liens troubles avec le chef de la mafia de Rio, son train de vie fastueux est pointé du doigt.
Sepp Blatter, l'homme-lige
Dès son élection à la FIFA, il s'attache à développer le football, à en faire ‘’un langage universel’’, comme l'a raconté au Monde Sepp Blatter, son futur successeur, à ses côtés dès 1975. Il créé notamment la Coupe du monde féminine et la Coupe des confédérations. Réélu à cinq reprises, il s'emploie aussi à développer le business. ‘’C'est lui qui a fait la FIFA moderne et riche’’, expliquait, toujours au Monde, Guido Tognoni, ex-chef de presse de la FIFA. Havelange aimait rappeler qu'il avait trouvé une FIFA sans le sou et l'avait quittée, en 1998, avec 4 milliards de dollars dans les caisses.
ISL, un scandale qui en annonce d'autres
Sur fond d'augmentation colossale des droits de retransmission, ISL, la société en charge des droits marketing de la Coupe du monde à partir de 1982, verse des pots-de-vins pour plus de 100 millions d'euros à plusieurs chefs de la FIFA, dont Havelange. Il ne sera pas condamné par la justice suisse, en échange d'une lourde compensation financière. Mais le président honroraire de la FIFA devra quitter l'institution en 2013. De même que son gendre, Ricardo Teixeira, membre du comité exécutif et ex-patron de la Confédération brésilienne, également impliqué. C'était deux ans avant le coup de filet de Zurich de mai 2015 qui mettra fin à l'ère Blatter et, par ricochet, à la présidence de Platini à l'UEFA.
(lequipe.fr)