Publié le 6 Jun 2017 - 16:51
FIN DE BROUILLE DIPLOMATIQUE

Israël et Sénégal fument le calumet de la paix

 

C’est un réchauffement diplomatique entre Israël et Sénégal. Dimanche dernier, en marge du 51e Sommet de la CEDEAO tenu au Libéria, Benjamin Netanyahu et Macky Sall ont convenu que l’Etat hébreu fera revenir son ambassadeur au Sénégal et rétablira ses programmes d’aide dans ce pays. Exit donc la  brouille diplomatique sur l’axe Dakar-Tel Aviv.  

 

Décrispation: Israël et Sénégal  enterrent la hache de guerre. En marge du 51e sommet de la CEDEAO tenu au Libéria avant-hier, le Président Macky Sall s'est entretenu avec le Premier ministre de l'État d'Israël, Benjamin Netanyahu. Selon un communiqué conjoint rendu public par la Présidence de la République du Sénégal, ‘’à l'issue d'un échange approfondi sur des questions bilatérales d'intérêt commun’’, M. Netanyahu a décidé du retour à Dakar de l'ambassadeur d'Israël au Sénégal. Il s’y ajoute la reprise et le renforcement de la coopération entre les deux pays.

Aussi, ajoute-t-on, Israël a décidé de rétablir ses programmes d’aide au Sénégal, et que ce dernier appuiera désormais l’offre d’Israël de retrouver un statut d’observateur auprès de l’Union africaine. Pour bien huilier les relations entre ces deux pays, Benjamin Netanyahu, informe-t-on, a invité le ministre des Affaires étrangères du Sénégal, Mankeur Ndiaye, à effectuer prochainement une visite en Israël. Ce Sommet de la CEDEAO, poursuit le communiqué conjoint, constitue une occasion pour Israël de se repositionner comme une nation ‘’incontournable’’ en Afrique. Autrement dit, le réchauffement diplomatique entre Sénégal et Israël ouvre la voie à une ‘’nouvelle’’ ère entre l’Etat hébreu et ses partenaires africains.

Le Sénégal s’est engagé à soutenir la candidature de ce pays comme observateur à l’Union africaine (UA), selon les services du gouvernement israélien. Un point sur lequel, avance-t-on, M. Netanyahou a marqué son ‘’insistance’’ afin de retrouver auprès de l’UA le statut d’observateur dont il bénéficiait au sein de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) jusqu’en 2002.

Le Premier ministre israélien a assuré ‘’réaliser un rêve’’ en assistant à ce Sommet ouest-africain. ‘’Je crois en l'Afrique, en son potentiel, présent et futur. C'est un continent ascendant’’, a-t-il motivé.

 Le Sénégal, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie, le Venezuela avaient adopté la résolution 2 334 du Conseil de sécurité de l’ONU, que les États-Unis ont autorisée à passer sans veto. L’initiative de ces pays prise en décembre 2016 consistait à réclamer l’arrêt de la colonisation israélienne. Conséquences : Israël avait rappelé ses ambassadeurs du Sénégal et de la Nouvelle-Zélande. Aussi, il avait gelé tous ses programmes d’aide dans ces deux pays. Il faut dire que le programme de l’Etat hébreu au Sénégal repose surtout  sur le domaine agricole, avec notamment le développement de la production horticole par le système goutte-à-goutte, et sur la sécurité avec les renseignements. Hormis les programmes qu’il avait suspendus, Israël  avait annulé la visite que le ministre Mankeur Ndiaye devait effectuer à Tel Aviv.

Premières relations rompues en 1973

‘’Le Sénégal, contrairement aux grandes puissances, a choisi de sponsoriser cette pétition avec quatre autres pays comme la Nouvelle-Zélande, le Venezuela et la Malaisie. Tous, ils ont opté de présenter cette résolution. Donc, ils ont joué un rôle qui est très actif dans ce domaine qui va au-delà des rôles joués par les autres pays’’, chargeait la diplomatie israélienne. Malgré tout, elle avait signalé avoir reconnu la souveraineté de ces nations. ‘’Il ne s’agit en aucun cas de dicter au Sénégal la conduite qu’il doit suivre. C’est un pays souverain que nous admirons. C’est la raison pour laquelle nous sommes très déçus qu’il ait choisi de promouvoir cette motion anti-israélienne’’, tempérait-elle.

De son côté, le Sénégal avait motivé sa décision. Invité à la RTS, le porte-parole du gouvernement, Seydou Guèye, avait donné des explications sur le choix de ce vote. ‘’Le Sénégal a une position très claire dans ses rapports avec Israël, et ses relations avec la Palestine. Depuis 1975, c’est le Sénégal qui préside le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. (…) Ce n’est pas  parce qu’il soutient le peuple palestinien qu’il est contre l’Etat d’Israël’’, disait-il.

Les relations entre Israël et le Sénégal, nouées dès l’indépendance de l’ancienne colonie française en 1960, avaient été rompues en 1973. Ceci dans la foulée de la troisième guerre israélo-arabe d’octobre de cette même année et du soutien de l’Etat israélien au régime d’Apartheid d’Afrique du Sud. Les Israéliens avaient réussi à maintenir des relations par le biais d’une assistance technique dans le domaine de l’irrigation via un partenariat tripartite avec l’Italie.

PAPE NOUHA SOUANE

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