Les PME et PMI, parentes pauvres du crédit bancaire
Les petites et moyennes entreprises et industries (PME et PMI) peinent à accéder au crédit bancaire. C’est ce qui ressort de l’atelier sur le développement du secteur financier au Sénégal qui s'est tenu les 15 et 16 avril, à Dakar.
Levier important de croissance de nos économies, les Pme et Pmi éprouvent pourtant des difficultés d’accès aux crédits financiers. C’est le point de vue des panélistes prenant part à un atelier sur le développement du secteur financier au Sénégal, tenu hier à Dakar par la Banque africaine de développement (Bad) et le gouvernement, au siège de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).
''L'accès au financement pour les Pme au Sénégal reste très limité'', informe Leila Mokaddem, représentante résidente de la Bad au Sénégal. Selon elle, la croissance des Pme et leur durabilité ''sont limitées par un manque de financement et par un manque de capitaux propres''. Poursuivant, elle explique que cette situation est souvent couplée avec une réglementation, restreignant plutôt que de favoriser l'entrepreneuriat. Cependant, Mme Mokaddem n’a pas manqué de souligner que les Pme sont des catalyseurs de progrès partout dans le monde et notamment au Sénégal. ''Les Pme sont les principaux générateurs de nouveaux emplois, de l'innovation et de l'activité économique'', avise-t-elle.
À l'en croire, le financement des Pme constitue une opportunité d’affaires pour l'industrie financière. C’est pourquoi, l’approche de la Bad est de soutenir l’industrie financière à travers différents instruments qui visent à donner du confort aux institutions financières et à fournir des ressources longues et des garanties. ''Cette approche montre que l'investissement dans les Pme de ces pays peut générer des rendements attrayants'', garantit l’experte financière.
Toujours dans la même lancée, elle constate que le manque d'accès au financement constitue non seulement le principal obstacle à la croissance de l'activité des Pme, mais elle menace aussi leur survie. ''Bien que les marchés financiers locaux soient liquides, ils ont tendance à se concentrer sur une poignée de grandes entreprises. L'accès au marché international des capitaux est tout aussi difficile'', déplore la représentante de la Bad. En conséquence, conclut-elle, ''les Pme sont souvent confrontées à un manque de confiance des investisseurs privés et internationaux / prêteurs''. L'autre défi majeur auquel les pays africains, y compris ceux de la zone Uemoa, sont confrontés est la difficulté d'accéder au crédit à long terme. La maturité des ressources disponibles sur les marchés locaux est de court terme, dépassant rarement les 5 ans, signale-t-elle.
Présidant l’ouverture des travaux, Ngouda Fall Kane, secrétaire général du ministère de l’Économie et des Finances, évoque la modestie du taux de bancarisation au Sénégal. ''À ce jour, le Sénégal compte moins de 3 guichets pour 100 000 habitants'', note-t-il. Concernant le ratio crédit à l’économie rapporté au Pib, il se situe à ''30% contre 48 à 75% dans les pays émergents et 145% en Afrique du Sud'', compare-t-il. M. Kane assure que le gouvernement du Sénégal veillera à la mise en œuvre des conclusions des travaux.
PIERRE BIRAME DIOH
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