Les conseils de Daouda Faye et Abdoulaye Makhtar Diop
Que faire pour minimiser les sanctions qui planent sur la tête du foot sénégalais ? Daouada Faye et Abdoulaye Makhtar Diop, deux anciens ministres des Sports donnent leurs conseils.
En 2007, le stade Kégué de Lomé au Togo a été le dernier pays à être suspendu par la Confédération africaine de football (Caf) pour six mois de toutes les compétitions de l'association, et 27 millions de F Cfa d'amende à payer. Les faits reprochés à la patrie d'Emmanuel Adebayor : des violences, envahissement du terrain et 71 supporteurs et dirigeants maliens blessés lors de la rencontre Togo / Mali en éliminatoires de la coupe d'Afrique des nations (CAN) 2008. Pour des faits presque similaires, le Sénégal connaîtra-t-il des sanctions aussi lourdes ? Le pays est au banc des accusés de l'organe continental de football du fait des incidents du 13 octobre dernier au stade Léopold Sédar Senghor, lors de la manche retour entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire en éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2013 en Afrique du Sud. A une semaine du verdict de la Caf, l’opinion publique sénégalaise se demande comment le Sénégal peut s'éviter de lourdes peines et quelle en sera la nature ?
Entre un bon plaidoyer et arrêter d’attaquer la Caf
Les avis sur la question sont partagés. Pour l’ancien ministre des Sports, Daouda Faye, il faut faire un bon plaidoyer auprès des responsables de la Caf. ''Il faut envoyer un bon document mais aussi faire un grand lobbying avec des gens qui sauront défendre le dossier sénégalais'', conseille l’ancien membre d’organisation de la Caf. Contrairement à son prédécesseur au département des Sports, Abdoulaye Makhtar Diop pense qu'il ne faut rien faire et surtout éviter de s’en prendre à la Caf. ''Il n’y a pas de cas à plaider, soutient-il. Il faut attendre calmement la sanction et faire appel après. La seule chose qu’on peut faire, c’est arrêter d’attaquer la Caf car cela ne fait qu’aggraver la chose'', avise celui qui siège à la Chambre de jugement de la Fédération internationale de football association (Fifa). D'après l'ancien ministre des Sports sous Abdou Diouf (1988-1992) et Abdoulaye Wade (2011-2012), il est maladroit de parler de lobbying pour éviter les sanctions ou les réduire. ''Il est grave de dire que le Sénégal fera appel à des personnes pour faire alléger les sanctions. Cela rend difficile le cas. Les gens qui siègent à la Commission de discipline de la Caf sont des hommes et cela peut être mal vu'', prévient Abdoulaye Makhtar Diop.
Vers de lourdes sanctions financières
Quid de la nature des sanctions ? Daouda Faye dit ''Vava'' ne veut pas trop s’avancer. ''Il faut être optimiste. Je ne préfère pas parler de sanctions. Il ne faut pas se mettre dans la peau d’un déjà sanctionné qui pourrait pousser la Caf à le faire'', indique M. Faye. Mais pour l’ancien membre de la Commission internationale olympique (Cio), il faudra davantage craindre sur le plan financier que sur l'aspect sportif. ''Je ne pense pas qu’on risque des sanctions par rapport à l’équipe et aux éliminatoires de la Coupe du monde. Mais la sanction financière risque d’être forte car on était déjà dans le viseur de la Caf'', laisse entendre Adboulaye Makhtar Diop. De l'avis de M. Diop, les sanctions de la Caf et de la Fifa viseraient plus les fédérations que les joueurs. ''La sanction qui va tomber visera la Fédération car, les fédérations sont responsables des supporters avant, pendant et après le match''.
En outre, Abdoulaye Makhtar Diop parle des mauvaises conséquences si le stade Léopold Sédar Senghor est suspendu par la Caf. ''Cela va être difficile pour l’équipe si LSS est mis hors service pour un ou deux ans. Car jouer en Gambie, c’est impensable avec la tension entre les deux pays. Le Mali, c’est impossible avec la crise. Et en Côte d’Ivoire, ce sera en terre hostile. Pis, la petite catégorie serait en mauvaise posture pour pouvoir jouer ses rencontres continentales'', estime M. Diop.
Si la Fédération et Koto démissionnent…
De l'avenir de la Fédération sénégalaise de football (FSF) et du sélectionneur national des Lions, Joseph Koto, Daouda Faye préfère ne pas s'aventurer. Mais pour l’ancien patron des Sports, il faut calmer le jeu, être lucide et cohérent. ''Si la fédération démissionne, qui va gérer les prochaines joutes qui arrivent rapidement ? Si on dégage le sélectionneur, est-ce qu’on aura le temps de dresser les nouveaux critères du nouveau coach et les appels de candidatures pour en élire un autre ?'', s'interroge pour sa part Abdoulaye Makhtar Diop. A l'en croire, ''il faut regarder le calendrier des compétitions avant de parler''.
MAMADOU LAMINE SANÉ
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