Publié le 31 Jul 2013 - 16:22
FORMATION PROFESSIONNELLE AU SÉNÉGAL

 Quand l'emploi vient aisément

 

Alors que nombre de jeunes bacheliers optent pour l'enseignement universitaire et y perdent souvent leur temps en en sortant sans qualification, d'autres ont choisi le raccourci de la formation professionnelle après le Bac ou avant. BTS, BEP ou CAP en poche, ces derniers s'insèrent plus aisément dans le monde du travail. Florilège avec EnQuête...

 

Voie royale pour l'insertion professionnelle, le diplôme d'État du Brevet de technicien supérieur (BTS) fait des progrès au Sénégal. Cette année, les résultats de l'examen au Sénégal ont connu une hausse de près de 7% par rapport à 2012, selon les données du ministère de la Formation professionnelle, de l'Apprentissage et de l'Artisanat. D'après la même source, le taux national moyen de réussite au BTS 2013 est  de 46% cette année, contre 40,65% en 2012. Mais les établissements publics de formation professionnelle enregistrent un taux de réussite de 55,29% contre 46,30% en 2012, soit une hausse de près de 9%.

Le diplôme professionnel en poche, ces impétrants du BTS appréhendent moins d'aller à l'assaut du marché de l'emploi. A en croire le ministre de la Formation professionnelle, de l'Apprentissage et de l'Artisanat, Mamadou Talla, 75% des récipiendaires décroche aisément un emploi après l'année d'obtention du Brevet.

Ce que confirme Moussa Diarra, secrétaire de général du Réseau des établissements de formation professionnelle et technique du Sénégal (REFOPS). De son avis, cette ''facilité d'insertion'' des jeunes sur le marché de l'emploi s'explique par le fait qu'ils sont initiés dès la base à un métier donné. Dans les écoles de formation, la pratique prévaut sur la théorie. L'avantage qui en découle est que les jeunes sont ''fonctionnels et compétents dès la fin de leur formation''. C'est pourquoi, souligne M. Diarra, ils sont concurrentiels sur le marché de l'emploi et recherchés par les entreprises en quête de profil bien précis. En général, renseigne Moussa Diarra, à l'issue de leur formation, certains jeunes obtiennent aussitôt un emploi ou créent leur propre structure.

 

De fil en aiguille

C'est le cas de Jeanne Diouf, technicienne en électromécanique. Âgée de 38 ans, cette dame avait décidé de se rabattre sur la formation professionnelle par passion pour la mécanique. Après la classe de Première, elle s'inscrit en électrotechnique au Lycée Maurice Delafosse. Elle renseigne, au téléphone, qu'après l'obtention de son Brevet d'études professionnelles (BEP) en 2002, elle décroche aussitôt un emploi au Consortium d'entreprises (CDE), s'activant dans les bâtiments et travaux publics (BTP). Puis ce sera à la Banque centrale pour un contrat de 7 ans. Après 11 ans de carrière, riche en expériences, Mme Diouf éprouve le besoin de poursuivre ses études. C'est ainsi qu'elle retourne au Lycée Delafosse où elle réussit à son Brevet Technique (BT) en électrotechnique en 2012.

Passionné de dessin depuis son plus jeûne âge, Ibrahima Niang Ly s’est orienté  sans hésitation vers la formation professionnelle. Il est aujourd'hui professeur d'architecture dans une école de formation. Trouvé au Lycée Bloc Technique en pleine séance de travail, il s'est confié tout souriant à EnQuête. Svelte, teint noir, il est revenu longuement sur son cursus scolaire. Le Brevet de fin d'études moyennes (BFEM) en poche en 2005, il s’est inscrit au Lycée Maurice Delafosse en Génie civil. En 2012, il réussit à son Brevet Technique (BT) et décroche en pleine année scolaire un contrat à durée déterminée (CDD) dans une agence spécialisée en construction de bâtiment. Il y exercera en tant que responsable en génie civil. Toujours dans la même année, il est recruté dans une école de formation en tant que professeur d’architecture et décide de pousser davantage ses études en préparant le BTS. ''C'était vraiment dur d'allier le travail et les études'', avoue-t-il . Mais, insiste-t-il : ''Je n'avais pas d'autre choix car c'est une opportunité qui ne se présente qu'une seule fois dans la vie.'' Aujourd'hui, il ne regrette point d’avoir porté son choix sur la formation professionnelle car, à 22 ans déjà, il est autonome et travaille pour son propre compte en tant que consultant.

Ndèye Ndella Niang est technicienne supérieure géomaticienne (saisie et traitement de données qui permettent de tenir à jour les registres fonciers) au Cadastre. A 34 ans et de teint clair, elle reconnaît que l'enseignement général ne l’enchantait guère. Raison pour laquelle elle s'est tournée vers la formation professionnelle. ''C'est en pleine année de Terminale que j'ai rompu avec l'enseignement général et je me suis inscrite à l'Institut des métiers de la communication audiovisuelle (IMCA)'', narre-t-elle d'une voix suave. Deux options se présentaient à elle : l'électricité et le dessin de bâtiment. Mais, grâce aux conseils de certaines personnes, elle a préféré suivre une formation en dessin de bâtiment. Elle obtient son Certificat d'aptitude professionnelle en 2001 et décroche immédiatement après un emploi dans un bureau d'études. Ndèye Niang, ambitieuse, ne s'en arrête pas là. En 2002, elle se présente en tant que candidate libre au BEP auquel elle réussit. En 2004, animée par une volonté de fer, elle décide de passer son Baccalauréat général série scientifique. Elle est ensuite recrutée au Cadastre en tant que dessinateur. ''Dans le but de raffermir mon expérience professionnelle, j'ai suivi en 2009 une formation en géomatique au Nigeria'', indique-t-elle. Titulaire du Diplôme universitaire de technologie (DUT) en géomatique, elle est passée technicienne supérieure en la matière.

 

Auto emploi

Ndèye Coumba Mboup, femme d’affaires œuvrant dans le domaine de la maintenance et de la réparation de voiture. Mécanicienne de profession et gérante de sa propre entreprise, elle confie avoir très vite compris que la réussite de sa vie professionnelle passe par l’auto emploi. De teint clair et visiblement en forme, elle a décidé de prendre son avenir en main en créant ''Femme Auto Garage et Réparation''. Ayant échoué à l'examen du Baccalauréat en 1990, Ndèye Coumba Mboup a pris la ferme décision de suivre une formation en Mécanique automobile au Centre de formation professionnelle et technique (CFPT) issue de la coopération entre le Sénégal et le Japon, et implanté à Dakar. A l’issue de trois années d’apprentissage professionnel, Ndèye Coumba décroche en 1993 son BTS. Elle ne chômera pas longtemps, Renauld Sénégal lui ouvre ses portes. La dame y passera 6 bonnes années, avant d'être embauchée en 1999 à Matforce Sénégal. Durant ses 7 ans au service de la société, elle mûrit son projet d'entreprise propre. ''Je n'ai jamais chômé, car tout au long de mon apprentissage au CFPT, j'ai alterné avec des stages'', explique Ndèye Coumba, emmitouflée dans une camisole et non affublée d'une tenu de mécanicien. Normal, elle est assise derrière son bureau à partir duquel elle manage une équipe de 35 employés dont 10 femmes.

 

Pour ''échapper à la dure réalité du chômage''

Badara Badiane quant à lui est agent chargé du suivi-évaluation et du contrôle à la Direction de l’apprentissage au ministère de la Formation professionnelle. Teint noir et taille moyenne, M. Badiane avait toujours souhaité, depuis sa tendre enfance, être professeur d'économie familiale et sociale. Rêve qui s’est réalisé à force de perspicacité. Retrouvé dans son bureau, habillé d'un boubou gris avec des lunettes correcteurs, M. Badiane explique que sa seule préoccupation à l’adolescence, c'était d'avoir un emploi le plus tôt possible, car étant issu d'une famille pauvre. Ainsi, après l’obtention du Bac, il passe le concours de l’École nationale de formation en économie familiale et sociale (ENFEMS) en 2001. Quatre ans de formation plus tard, Badara Badiane, nanti de son diplôme  professionnel, est affecté à Diourbel où il travaillera pendant 5 ans comme formateur au Centre régional de l’enseignement technique féminin (CRETEF). Puis, il est muté au niveau central au ministère de la Formation professionnelle. Aujourd'hui, M. Badiane ne regrette point d’avoir emprunté la voie de l’apprentissage professionnel en lieu et place de l'enseignement universitaire. ''Lorsque vous suivez une formation professionnelle, vous échappez à la dure réalité du chômage'', indique-t-il.

 

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