Publié le 24 Jun 2025 - 16:22
GRÈVE DANS LES SECTEURS SANTÉ, ÉDUCATION ET JUSTICE

La tempête sociale s’annonce

 

Les mouvements d'humeur se multiplient. Des grèves sont annoncées dans les secteurs de la santé, de la justice et de l'enseignement.

 

Le secteur social est en pleine ébullition. L’actuel gouvernement devra faire face à d'éventuels premiers véritables mouvements d’humeur qui risquent de faire mal. Des grèves sont prévues dans des secteurs stratégiques tels que la santé, l'enseignement et la justice. Ces suspensions d'activités seront sans nul doute un coup dur pour les populations, qui souffrent déjà des épreuves que traverse le pays. Elles résultent, pour la plupart, des promesses non tenues des autorités.

Dans le domaine de la justice, après trois jours de grève qui ont ‘’entièrement paralysé le secteur’’, selon le Syndicat des travailleurs de la Justice (Sytjust),  une grève de 72 heures est prévue  à compter du lundi 23 juin. ‘’Les conséquences de cette paralysie sont lourdes’’, relève-t-on dans un communiqué de presse, soulignant qu’elles sont  directement ressenties par les justiciables sénégalais, confrontés à des  retards et à une incertitude angoissante quant à la suite de leurs  procédures. Ces conséquences, notent les syndicalistes, frappent également les détenus dont la situation  judiciaire reste en suspens.

Les travailleurs de la justice  demandent aux autorités de répondre aux revendications. Ils déplorent le silence du gouvernement face à cette crise. ‘’Il est incompréhensible qu’en pareille circonstance, les  ministères concernés – celui de la Justice et celui de la Fonction publique  – n’aient pris aucune initiative pour renouer le dialogue avec les  représentants des travailleurs de la justice’’, regrette Sytjust qui s’est allié avec l'Union nationale des travailleurs de la justice (UNTJ) dimanche. Hier, les deux organisations ont publié un nouveau communiqué de presse, pour cette fois fustiger la sortie du ministre Olivier Boucal.

Ce dernier, disent-ils, a qualifié leur mouvement de grève de ‘’chantage’’. Ce que le Sytjust et l’UNTJ considèrent comme ‘’indigne d’un responsable d’État’’. Une réaction ‘’non seulement inacceptable mais aussi révélatrice d’un profond malaise dans la gestion actuelle des conflits sociaux’’, ajoutent-ils. ‘’Il est malvenu, pour une personnalité investie d’une si haute responsabilité, de porter un jugement aussi hâtif et réducteur sur une action syndicale légale et encadrée par la Constitution de la République du Sénégal. La qualification de « chantage » traduit une forme de légèreté dans l’appréciation des causes profondes de la mobilisation et un manque manifeste de sérénité. Elle jette, par ailleurs, le discrédit sur la fonction ministérielle, qui devrait se caractériser par la mesure, l’élégance dans l’expression et le respect du dialogue social’’, se desolent les syndicalistes.

Ainsi, ils ont tenu ‘’à rappeler, avec la plus grande clarté, que la signature d’un pacte de stabilité sociale ne constitue ni une suspension ni, a fortiori, une renonciation au droit de grève. Ce droit, fondamental, est garanti par la Constitution du Sénégal et reconnu par les engagements internationaux de notre pays. Par ailleurs, le Sénégal n’en est pas à sa première expérience de pacte de stabilité : le ministre devrait, en toute rigueur, relativiser ses certitudes’’.

Par conséquent, lui suggèrent-ils ‘’plutôt que de multiplier les sorties inopportunes dans les médias, monsieur le Ministre de la Fonction publique aurait mieux fait de convoquer, dès réception des préavis de grève en février 2025, une réunion de concertation entre le gouvernement et les syndicats du ministère de la Justice, notamment le Sytjust et l’UNTJ. C’est à cette hauteur de responsabilité que les Sénégalais attendent le membre du gouvernement chargé de la gestion du dialogue social’’.

Dans le secteur de la santé, And Gueusseum a annoncé, vendredi dernier, le maintien de son sit-in national du 27 juin, de 10 h à 13 h, soulignant qu’il y a d’autres activités inscrites dans la période. Le directoire appelle à la mobilisation pour une application diligente des accords signés. ‘’And Gueusseum rend le gouvernement responsable de toutes les perturbations éventuelles et de leurs conséquences pour non-respect de ses engagements, dont le passif social’’, a prévenu le syndicat, qui entend mettre en œuvre son premier plan d’action. Il se désole de l'’’inertie du gouvernement à travers le ministère de la Santé, du mutisme du ministère des Finances et les atermoiements du ministre de la Santé et de l'Action sociale et surtout du mépris affiché du ministre chargé des Collectivités territoriales et de l’Urbanisme’’.

Pis, si les autorités ont manifesté certaines dispositions, aucun engagement formel n’a été pris sur les questions à incidence financière, selon les travailleurs de la santé.

En ce qui concerne le secteur de l’enseignement, une grève de 72 heures est prévue à partir de ce mardi. Parmi les suspensions pédagogiques figurent les délibérations des examens du bac. Les syndicalistes notent plusieurs revendications non satisfaites, celles concernant l'allocation spéciale de retraite pour les enseignants-chercheurs et chercheurs titulaires des universités.

BABACAR SY SEYE

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