L’enfer de la boue
Chaque hivernage, depuis 2005, le Daral foirail de Sicap Mbao patauge pendant l’hivernage. Les vendeurs et éleveurs qui y travaillent rencontrent beaucoup de difficultés, durant cette période de l’année. Ils sont laissés à eux-mêmes. Aucune aide venant des autorités locales ou administratives.
Depuis des décennies, vendeurs et éleveurs évoluent dans des conditions innommables, pendant l’hivernage, dans le foirail de Sicap Mbao, du fait des eaux pluviales. Le Daral est devenu inaccessible. De la boue partout. Les eaux usées mélangées aux déchets et urines des bêtes rendent le lieu invivable. Quand on y plonge les pieds, il est très difficile de les soulever. À part des bottes de jardin, tout autre type de chaussures risque de rester dans la boue, quand le propriétaire y entre.
D’ailleurs, tous ceux qui y évoluent portent des bottes. À cause de la situation du Daral, certains vendeurs et éleveurs sont obligés de faire sortir leurs bêtes. Ceux qui ne le peuvent pas laissent leurs animaux passer la nuit dans la boue. Ce qui est néfaste pour les bœufs. "Les bœufs ne peuvent pas se coucher dans la boue. Ce qui veut dire qu'ils restent debout jour et nuit. Et ça, ce n'est pas bon pour eux. Ça peut leur faire perdre du poids. La nourriture à elle seule ne suffit pas, il faut qu'ils se reposent également", raconte Souleymane Diallo, un éleveur trouvé en train de patauger dans la boue pour abreuver ses bœufs et leur donner à manger.
Embouchant la même trompette, Abdou Ba, un autre jeune éleveur d’une trentaine d’années, soutient qu'ils rencontrent beaucoup de difficultés. "Tu vois comment est le Daral. Il y a de la boue et des eaux partout. Tu n'as même pas où mettre les pieds. On rencontre d'énormes difficultés pendant la période hivernale pour nous occuper de nos biens. Pour dire vrai, on est trop fatigué. Personne ne veut pénétrer ici aujourd'hui, sauf nous qui sommes obligés, parce que nos biens sont là et, quel que soit l'état du Daral, on est obligé d'entrer pour prendre soin de nos bêtes", fulmine Abdou Ba, maculé de boue.
Il ajoute qu'il ne passe pas la nuit avec ses bêtes. "On a des gardiens qui surveillent les bœufs, la nuit. Je ne passe pas la nuit auprès de mes bêtes. Mais chaque jour, je viens tôt le matin pour leur donner à manger et c'est pareil pour tous ceux qui travaillent ici", indique-t-il.
Modernisation du Daral
Depuis près de 20 ans, les travailleurs du foirail de Sicap Mbao vivent cette situation, mais ils n'ont jamais reçu de l'aide de la part des autorités locales ni administratives. "Depuis 2005, nous vivons cette situation. On n'a reçu aucune aide venant des autorités. L'année dernière, nous les responsables du Daral, nous avions acheté beaucoup de camions de pierres, à une valeur de 30 millions de francs CFA que nous avions versés ici. Cette année aussi, la situation est revenue à la même, voire pire, comme si on n'y a jamais mis des pierres. Cependant, on s'est rendu compte que verser chaque année des camions de pierres ne règle pas le problème. On ne peut pas faire ça chaque année. Tout ce qu'il y a ici, on l'a fait avec nos propres moyens", a expliqué le trésorier du Daral foirail, Yero Sadio Ba.
Avant d'informer: "Nous sommes en chantier. Si tu regardes bien par dernière, on a démarré la canalisation qui va permettre d'évacuer les eaux de pluie." Pour trouver une solution à la situation du Daral, les responsables ont même rencontré le président de la République. "On avait même rencontré le président Macky Sall pour lui faire part de la situation de notre lieu de travail. Il nous avait promis de faire quelque chose, mais depuis lors, on n’a rien vu", a-t-il déploré. Le problème du Daral ne date pas d'aujourd'hui.
"Nous vivons la même situation chaque année, depuis des décennies. Mais nous voulons moderniser le Daral une bonne fois pour toutes. Si Dieu le veut, avant le prochain hivernage, on va complètement moderniser tout le Daral. Cette situation que nous vivons va devenir un vieux souvenir. Nous comptons faire le pavage. Pour y arriver, nous espérons avoir de l'aide au niveau des autorités compétentes. Mais même si, elles ne nous viennent pas en aide, nous allons le faire avec nos propres moyens. L'État nous a remis le titre foncier du Daral et il nous a promis de nous aider à le moderniser", indique le président du Daral foirail, Ifra Djiby Ali Sow.
À ce problème, soulignent les responsables du Daral, s’ajoute le manque d'eau. Ils sont obligés de payer 100 F CFA par bête. Ce qui est énorme, à leurs yeux. C'est pourquoi ils ont décidé de construire un forage qui va fonctionner au solaire au milieu du Daral. D'ailleurs, les travaux du forage ont même démarré.
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)