Les avocats de Karim Wade récusent Alioune Ndao
La bataille de l'opinion est lancée entre l’État du Sénégal et la défense. Même si Karim Wade est placé sous mandat de dépôt, Me Ciré Clédor Ly et Cie continuent de fustiger les violations, par l'État, de la procédure ayant conduit à l'arrestation de Karim Wade par la Commission d'instruction et osent espérer une annulation pure et simple de la procédure.
Les conseils de Karim Wade n'ont pas attendu longtemps pour répondre au Procureur spécial près la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei). 24h après la sortie de ce dernier pour tenir l'opinion en haleine sur les tenants et les aboutissants de cette affaire, ils reviennent à la charge pour apporter un ''cinglant'' démenti à Alioune Ndao sur un certain nombre de points.
Ainsi, selon Me Ciré Clédor Ly, ''les réponses apportées par Alioune Ndao ne pouvaient pas être satisfaisantes, dans la mesure où, c'est un Procureur spécial qui a donné une version fausse et tronquée de la réalité''. L'avocat de la défense qui a dénoncé une ''tentative de déstabilisation de la part du pouvoir fustige toutes les ''péripéties et dérives'' constatées dans le cadre de cette affaire. À l'en croire, l'''État est décidé à parvenir à ses fins et utilise tous les moyens, y compris la calomnie, le mensonge et la désinformation''. D'ailleurs, estime-t-il, ''si l'État communique autant dans le cadre de cette affaire, c'est parce que, quelque part, il sait qu'il a un dossier qui ne tient pas et joue sur une communication pour désinformer''.
Répondant au Procureur spécial qui a affirmé que Karim Wade ne doit bénéficier d'aucun privilège juridique, après avoir cessé d'être ministre, Me Ciré Clédor Ly s'est évertué à démonter cette interprétation de la loi 81-84. ''Si on considère qu'à partir de la mise en demeure, Karim Wade n'était plus ministre, par voie de conséquence, l'article 101 ne s'applique pas à lui''. En droit, ''si Karim n'est plus ministre au moment où il recevait la mise en demeure, cela veut dire qu'il n'est plus concerné par la loi 81-84 qui ne concerne que ceux qui sont fonctionnaires de l'État''. Partant de ce constat, l'avocat de la défense pense tout simplement que '' le Procureur spécial n'est plus préoccupé par la justice, mais il est en auto-défense dans cette affaire''. Suffisant pour lui d'inviter l'État à ''reconnaître que le droit donne raison à Karim Wade dans cette affaire''. ''On peut détester Karim Wade, mais reconnaissons lui au moins que le droit lui donne raison'', déclare-t-il.
''Le dossier doit être classé''
Il faut dire que cette sortie de la défense du fils de l'ex-président de la République n'a pu ralentir la machine judiciaire enclenchée depuis son arrestation, puisque Karim Wade a été, dans les heures qui ont suivi la rencontre, placé sous mandat de dépôt par la Commission d'instruction. Malgré tout, Me Ciré Clédor Ly et Cie espèrent toujours que ''la Commission d'instruction examine l'ensemble des textes et des éléments qu'ils ont remis au Procureur spécial et que ce dernier n'a pas pu lire comme il se devait''. Cela, d'autant plus qu'ils soutiennent avoir fait en sorte que ''si la Commission d'instruction ou la Haute Cour de justice est saisie pour une mise en accusation, qu'il y ait déjà un dossier prouvant qu'en réalité le Procureur spécial est disqualifié et que le dossier doit être classé''.
Revenant sur les raisons qui ont poussé la défense à saisir la Cour de justice de la Cedeao, Ciré Clédor Ly a soutenu que ''l’État a posé des actes manifestes de déloyauté qui ont fait que Karim Wade ne disposait d'aucun moyen lui permettant de saisir une juridiction interne''. ''L'État du Sénégal a violé les droits de Karim Wade, en lui interdisant de sortir du territoire national non pas par une décision judiciaire, mais par une simple correspondance par laquelle le Procureur spécial demandait à la section des recherches de faire en sorte que lui et d'autres de ses collaborateurs ne sortent pas du pays'', accuse Me Ly selon qui, la présomption d'innocence de son client a été, dès le départ, violée par l'État. Ce qui implique de facto, la disqualification du Procureur spécial qui devait être changé, selon lui. ''Lorsqu'une plainte est déposée contre le procureur spécial pour forfaiture, décemment le dossier devait être remis à quelqu'un d'autre'', estime la défense.
ASSANE MBAYE
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