Indignation sélective
Lors d’une conférence de presse tenue le mercredi 8 juin 2016, l’Union nationale des indépendants du Sénégal (UNIS), par la voix de Amadou Guèye, a manifesté son opposition farouche à une éventuelle libération de Karim Wade au motif que « Karim Wade doit purger sa peine comme tout Sénégalais ». Soit ! Seulement, nous aurions applaudi à tout rompre si l’UNIS n’avait pas fait dans le « deux poids, deux mesures » et avait fait montre de la même véhémence lorsque d’autres Sénégalais qui étaient aussi dans les liens de la justice, ont eu à bénéficier d’une liberté provisoire : Barthélémy Dias, Cheikh Yérim Seck, Tamsir Jupiter Ndiaye, Cheikh Béthio Thioune, Baïla Wane, Taïb Socé et consorts.
Ces Sénégalais, qui ont tous comme dénominateur commun, d’être de grandes célébrités, sont-ils plus « méritants » que Karim Wade pour avoir été élargis selon des dispositions tout à fait légales sans qu’on entende une seule fois l’UNIS s’en émouvoir ? Il est étonnant que ce « machin » d’UNIS qui avait disparu complètement des radars, sorte tout d’un coup, comme par enchantement de son hibernation, de sa torpeur et de son trou pour nous en mettre plein les oreilles en feignant de s’indigner de l’annonce d’une possible libération de Karim Wade, voire de s’adresser au président Macky Sall sur un ton comminatoire, pour le mettre en garde contre toute velléité de gracier l’ancien « ministre de ciel et de la terre ». Mieux ou pire, en déniant au chef de l’Etat cette prérogative qui est la sienne et qui lui est conférée par la Constitution de la République du Sénégal, l’UNIS se met en marge de la légalité républicaine, en contestant une disposition éminemment constitutionnelle.
Dès lors, d’Union nationale des indépendants du Sénégal, cette organisation fantoche devrait être rebaptisée « Union des Nihilistes et Indignés Sélectifs » pour la simple raison qu’elle fait dans le négativisme pur et choisit ses cibles, à la tête du client, des souffre-douleur à qui elle refuse tout droit y compris celui de bénéficier d’une grâce présidentielle, d’une libération conditionnelle ou d’une amnistie. De là à dire que les intermittents du spectacle qui forment l’UNIS, et qui font leur cinéma de temps à autre, gèrent un vieux contentieux ou veulent solder des comptes politiques qui n’existent que dans leur esprit, il n’y a qu’un pas que nous franchirons allègrement.
Heureusement que nous avons affaire ici à des tigres de papier qui n’existent que par les points de presse et qui ne peuvent soulever qu’une tempête dans un verre d’eau car ne pouvant se prévaloir d’aucune représentativité réelle. Et c’est bien qu’il en soit ainsi. Les chiens aboient, la caravane passe.
Pape SAMB