Une situation explosive
Plus de 50 militaires et VDP (volontaires pour la défense de la patrie) tués au Burkina Faso, des militaires nigériens qui semblent plus préoccupés par une éventuelle intervention de la CEDEAO, un Mali qui peine à reconquérir une bonne partie de son territoire… La situation est explosive dans les pays du Sahel contrôlés pour l’essentiel par des juntes militaires.
Malgré le soutien des supplétifs russes de Wagner, les combats se multiplient au Sahel avec leurs lots de morts, aussi bien chez les terroristes, chez les civils que chez les militaires. L’un des derniers actes en date est l’affrontement annoncé, hier, entre l’armée burkinabé et des groupes terroristes dans la localité Koumbri, située dans le nord du pays. Lequel a occasionné une cinquantaine de morts du côté des combattants de l’armée.
Dans un communiqué, l’Etat-major qui met ces combats dans le compte d’une opération visant à reconquérir la localité et à réinstaller les populations qui avaient quitté les lieux, revient sur les circonstances de la tragédie : ‘’Au cours de sa progression, cette unité (le 12e régiment d’infanterie commando) a connu plusieurs incidents et des tirs de harcèlement qu’elle a réussi à surmonter avec détermination jusqu’à destination. Pendant la phase de contrôle de ladite zone, les éléments précurseurs ont eu un contact ennemi à l’aube du lundi 4 septembre 2023. Ce contact avec l’ennemi a occasionné d’intenses combats. La bravoure et la détermination de nos combattants ont permis d’opposer une résistance farouche, de repousser l’attaque et de neutraliser plusieurs dizaines de terroristes’’.
Le bilan est lourd. Au total, la Direction de la communication et des relations publiques des armées fait état de 53 morts, dont 17 militaires et 36 VDP (volontaires pour la défense de la patrie). En plus de ces pertes en vies humaines, l’armée a également dénombré une trentaine de blessés évacués et pris en charge.
Selon le communiqué, les opérations de riposte ont permis de neutraliser plusieurs assaillants en déroute et de détruire leur matériel de combats. Le département chargé de la Communication tient à rassurer les citoyens que tout est mis en œuvre pour mettre hors d’état de nuire ce qui reste des éléments terroristes en fuite.
En tout cas, cette nouvelle tragédie ne fait que montrer que la situation sécuritaire dans le Sahel est des plus préoccupantes, pendant que les juntes au pouvoir multiplient les actes de propagande un peu partout dans le continent et au-delà.
Un malheur ne venant jamais seul, avec les derniers développements au Niger, la situation risque de se dégrader encore davantage.
Aujourd’hui, la question qui se pose dans certains milieux diplomatiques, c’est de savoir si l’armée nigérienne a la tête à combattre le terrorisme ou plutôt à assurer sa survie, dans un contexte marqué par les menaces d’intervention de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Selon des sources françaises, des mouvements de militaires sont enregistrés vers Niamey pour se préparer à une éventuelle intervention de l’organisation sous-régionale.
Pendant ce temps, le branle-bas politico-diplomatique continue entre Paris et Niamey, avec le refus de Paris de reconnaitre ou de se soumettre aux décisions prises par la junte au pouvoir à Niamey. Toutefois, sur le plan militaire, le climat bien que tendu semble un peu plus serein. Malgré les difficultés, des contacts sont annoncés entre les deux commandements, notamment en ce qui concerne le retrait d’une partie des éléments français.
Selon les médias français, il n’est pour le moment question que du départ d’une partie des éléments, mais l’essentiel devrait rester. ‘’L'objectif (des négociations) pour les Français : c’est préparer le rapatriement des matériels sensibles et qui ne servent plus. Depuis un mois, les trois Mirage 2000, les quatre drones Reaper et certains hélicoptères sont cloués au sol sous les hangars’’, lit-on sur le portail de RFI.
Selon ce haut gradé qui s’est confié aux confrères, l'arrêt du partenariat de combats avec les Nigériens ne nécessite plus leur présence sur la base aérienne projetée de Niamey. ‘’L'État-major des armées veut récupérer au plus vite ces matériels précieux. Et leur départ pourrait être rapide et avec eux les personnels qui les servent comme les pilotes, mécaniciens et techniciens. En revanche, le retrait du gros de la troupe, environ un millier d'hommes, n'est pour le moment pas envisagé, disent les militaires français’’, selon RFI qui ajoute en citant un chef étoilé : ‘’Ce n'est pas le début du départ.’’
Au niveau de la CEDEAO, la position reste ferme. Dans un entretien diffusé sur France 24, le commissaire à la Paix et à la Sécurité, Abdel-Fatau Musah, réitère cette position qui reste invariable. Pour lui, il est hors de question de reproduire les mêmes erreurs qu’au Mali et dans les autres pays de la zone où il y a eu des coups d’État. ‘’Nous n’allons pas reproduire les expériences du Mali… où la CEDEAO s’est retrouvée dans une situation de marchandage. Les chefs d’État ont décidé que trop, c’est trop. Nous voulons le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel et la libération du président Bazoum’’, a déclaré le commissaire.
MOR AMAR