Le Délégué de quartier, pièce maitresse pour une meilleure adaptation aux réalités locales et une participation citoyenne optimale

En présentant officiellement le 14 Octobre 2024, l’Agenda National de Transformation Sénégal 2050, le Président de la République, face aux défis et enjeux, ambitionne de faire de notre pays, un Etat souverain avec un avenir partagé, juste et prospère.
L’Agenda 2050 vise une transformation en profondeur du pays avec la décentralisation comme l’axe déterminant pour un épanouissement harmonieux et une réduction des disparités régionales.
L’un des objectifs phares de l’Agenda 2050, est d’arriver à un équilibrage entre Dakar et les autres régions, en leur transférant plus de ressources et de pouvoir de décision.
La création des pôles territoriaux pour structurer le développement régional et favoriser une répartition plus homogène de l’activité économique, la gouvernance territoriale avec une meilleure implication des collectivités locales dans la gestion des affaires publiques et l’amélioration de la participation citoyenne , le renforcement des capacités de l’administration locale pour mieux gérer les ressources et mettre en œuvre des politiques adaptées aux réalités de chaque territoire, permettront de réaliser l’objectif de transformer le Sénégal en nation plus stable, plus compétitive, plus juste pour tous ses enfants.
Le but, étant de mettre en place une gestion rapprochée, déconcentrée et territorialisée. Ceci passant par un capital humain et des acteurs capables de porter le développement et d’atteindre les objectifs communautaires.
L’adaptation aux réalités locales, est la prise en compte des spécificités d’une contrée pour mettre en place des solutions adaptées pour les populations correspondant à leur environnement. Pour qu’elle soit efficace, il est fondamental de tenir compte des réalités locales, les connaissances traditionnelles, les capacités des acteurs locaux à faire face aux défis et saisir les opportunités tout en mettant en œuvre des solutions durables et inclusives.
L’adaptation aux réalités locales, favorise la prise de décision au niveau local et encourage la démocratie participative, permettant ainsi à la population vivant sur place, d’être représentée et incluse dans les décisions relatives aux services publics, à la planification et au développement, mais aussi de s’impliquer dans leur application.
La participation citoyenne, c’est l’engagement des citoyens dans la vie de leur communauté, à travers diverses actions et initiatives tout en facilitant la coopération entre les citoyens et les autorités publiques y compris les élus locaux, afin d’instaurer une démocratie participative qui a un objectif de mettre en place une bonne gouvernance, transparente, responsable.
En effet, la notion de participation est inhérente à celle de développement durable, puisque celle-ci requiert des changements comportementaux, la sensibilisation des citoyens et leur participation au processus de prise de décision. Elle consiste à donner la parole aux citoyens. Selon Dominique Paule Decoster, il s’agit de « mettre l’humain au centre des décisions qui le concernent ».
Les enjeux de la participation citoyenne sont nombreux à l’échelle locale. Il est important que les habitants soient considérés comme des détenteurs de savoir et qu’ils soient amenés à participer aux décisions qui les concernent et relatives à leur territoire.
Ainsi, la participation citoyenne à l’échelle locale, est un élément essentiel de renouveau démocratique. Au cœur du développement, la participation citoyenne, permet aux citoyens d’agir sur le vécu quotidien, dans une logique de démocratie de proximité et au service d’une nouvelle gouvernance transparente et participative.
Le Conseil de quartier est le prototype achevé de la participation citoyenne. Structure apolitique, non confessionnelle et non corporative reconnue par la Mairie, le Conseil de quartier est un organe de réflexions, d’échanges et de gestion des initiatives locales du quartier. Espace de concertation et de mise en cohérence des actions et des acteurs autour des problématiques de développement du quartier, il constitue un cadre de promotion de la citoyenneté et d’expression de la démocratie participative en complément de la démocratie représentative (Outils de la promotion de la gouvernance participative, livret n°3, Conseil de quartier et cadre de concertation)
Le Conseil de quartier est un organe essentiellement consultatif. Sous l’autorité et la tutelle du Délégué de quartier, il rassemble toutes les forces vives de la contrée.
Le quartier est une délimitation territoriale reconnue par l’administration. D’après le décret 67-1249 du 15 novembre 1967, les communes peuvent être divisées en quartiers, lesquels sont créés par délibération du conseil municipal et approuvés par le Ministre de l’Intérieur. Le quartier est la plus petite échelle de regroupement interpersonnel. C’est le niveau spatial d’une identité d’autant plus forte que tous les acteurs se connaissent et se reconnaissent. Ils partagent les mêmes équipements et ressentent les mêmes nuisances. C’est le premier niveau de sociabilité (Serigne Mansour TALL, la Décentralisation et le destin des Délégués de quartier à Dakar, 1998).
Ainsi, le quartier devrait être le niveau opérationnel des politiques publiques de la décentralisation et son Délégué, l’acteur de base représentant des populations au sein des entités territoriales. En effet, est à l’interface du pouvoir administratif dont il tire une reconnaissance officielle et des populations qu’il représente. Sa fonction, d’émanation locale, est obtenue grâce à une confiance des résidents du quartier. Le Délégué de quartier est une articulation avérée, conciliant au sein d’une portion de l’espace terrestre d’une Commune, les logiques et les intérêts de différents acteurs car le Délégué de quartier navigue entre différents cercles : le local et le central, l’administratif, le régulateur et le social.
Jouissant d’une sérieuse et avérée légalité et légitimité, le Délégué de quartier doit assurer et assumer un leadership indéniable en termes de mobilisation et d’organisation des populations en vue de leur implication dans la mise en œuvre des politiques publiques. Les responsabilités du Délégué de quartier doivent être renforcées par la mise en place d’un cadre officiel, source d’une plus grande crédibilité pour une meilleure gestion locale et une meilleure médiation dans le cadre des ambitions des nouvelles autorités.
Dans le développement local, le quartier joue un rôle très important en tant qu’espace de vie et d’interaction, où se manifestent les besoins et les aspirations des habitants. Il est le lieu où se construit le lien social, où se développent les solidarités, où se mettent en œuvre les projets qui améliorent la qualité de la vie de tous par le soutien aux initiatives locales et la création d’emploi.
Le repositionnement du Délégué de quartier, encore appelé Administrateur de proximité, représentant de l’administration et auxiliaire du Maire, interface des populations et des collectivités territoriales et locales, au cœur du volet « Décentralisation » de l’Agenda National de Transformation Sénégal 2050, nous parait capital pour une bonne exécution des actions à la base, gage de succès et de réussite. A cet effet, une redéfinition de son profil, de son rôle, de ses missions et responsabilités, au regard des enjeux et défis, devient une priorité.
Ni la loi n° 2013 du 28 décembre 2013, portant Code général des Collectivités territoriales, modifiée, ni l’Acte 3 de la Décentralisation, encore moins le Décret n° 86 761 du 30/06/1986 fixant le statut des Délégués de quartier dans les Communes du Sénégal modifié par le Décret n° 92 1615 du 20/11/1992, n’ont pris en considération la fonction de Délégué de quartier comme elle se devait, ni définir de façon claire et sans ambiguïté claire ses attributions.
La façon dont la délégation de quartier marche aujourd’hui, est –elle en concordance et en conformité avec les objectifs d’un développement local durable au regard de la vision de l’Agenda National de Transformation Sénégal 2050 ? Aussi, certaines imperfections, lacunes et pratiques incommodantes, ne devraient –elles pas appeler à une réforme, une actualisation et à un réexamen de la délégation de quartier, pour la rendre plus adaptée, plus adéquate et plus cohérente à la Vision Sénégal 2050 ?
En dépit des insuffisances relevées plus haut dont il urge d’apporter des corrections par le Jub, Jubeul, Jubanti, il s’avère nécessaire, pour rendre plus efficiente sa mission dans le cadre de la territorialisation des politiques publiques, d’octroyer au Délégué de quartier, un rôle primordial dans le renforcement de la cohésion sociale et d’intercession avec l’administration.
ALIOUNE AW
KEUR MASSAR NORD
Email : badou60@gmail.com
Bibliographie :
- Journal Soleil du lundi 24 Mars 2025
- Outils de promotion de la gouvernance locale, livret n°3
- Serigne Mansour TALL , la Décentralisation et le destin des délégués de Dakar,1998
- Mamadou DIENG , la fonction de Délégué de quartier dace aux exigences de la décentralisation, 2016.