’L’ordre de grandeur n’est pas impossible’’
Dans une interview publiée par le mensuel Afrique magazine, Jean-Christophe Rufin, ancien ambassadeur de France au Sénégal, entre 2007 et 2010, reconnaît, à propos de la fortune prêtée à Karim Wade et qui s’élèverait à un million d’euros, qu’il n’a aucun élément pour attester ce chiffre, mais, ‘’l’ordre de grandeur n’est pas impossible’’, ajoute-t-il. L’argument de Rufin est que ‘’toutes ces affaires de corruption supposées sont rattachées à des opérations qui ont été extrêmement coûteuses. Qu’il s’agisse de l’OCI, des grandes infrastructures, du projet de compagnie aérienne, ce sont des programmes de grande envergure’’.
Revenant sur la façon dont l’enrichissement illicite se fait, Jean-Christophe Rufin argue que ‘’c’est un problème de pourcentage’’ qui détermine les montants. Mais il ajoute aussitôt : ‘’Je ne sais pas ce que la Justice sénégalaise arrivera à attester réellement mais, enfin, les unités de compte en matière de corruption internationale sont souvent importantes.’’
Concernant le nouveau régime de Macky Sall et sa volonté de rupture, Rufin salue bien l’alternance démocratique, mais il raille un peu le fait qu’’’il existe un certain nombre de transhumants, des gens qui sont passés d’un parti à l’autre’’. A l’en croire, le régime de Wade avait produit des dysfonctionnements tels que ‘’ce n’est pas illogique qu’il y ait eu un recours de l’État’’ contre ces membres enrichis.
L’ex ambassadeur Jean-Christophe Rufin est un ancien médecin dans l’humanitaire avec Bernard Kouchner, qui est devenu un écrivain reconnu et de talent. Il a reçu le prix Goncourt et est membre de l’Académie française depuis 2008. C’est un homme qui ne rate donc jamais l’occasion de s’exprimer sur le Sénégal, un pays qu’il semble bien aimer. Mais surtout sur les Wade dont il a dénigré la gestion. Sur ce point, le diplomate écrivain rappelle avoir défendu des valeurs. ‘’J’ai tenté d’alerter sur les dérives d’un régime’’, s’est-il justifié.