Vers la résolution des problèmes du 4e art
Mboro a reçu, hier, la cérémonie officielle de célébration de la Journée mondiale du théâtre. Les comédiens sont rentrés avec le sourire, après l’annonce, par le secrétaire général du ministère de la Culture, Birane Niang, de la mise en place d’un comité qui va réfléchir sur les orientations à donner au fonds qui doit être dédié à ce secteur.
En 2017, l’ancien ministre de la Culture, Mbagnick Ndiaye, annonçait à Thiès, lors de la célébration de la Journée mondiale du théâtre, la mise en place d’un fonds dédié au 4e art. Deux ans après, ce fonds n’est toujours pas doté. Les acteurs du secteur reviennent, cette année, à la charge. L’un des grands problèmes du théâtre sénégalais demeure le manque de financement. C’est du moins ce qui ressort des deux jours de réflexion tenus les 25 et 26 mars au Centre culturel régional Blaise Senghor de Dakar par le comité d’organisation de la Journée mondiale du théâtre que Mboro a accueillie hier.
‘’Sur le plan de la création, force est de reconnaître que les rares créations qui sortent du lot sont des coproductions soutenues par la coopération internationale. Certains artistes de la jeune génération se distinguent particulièrement par la mobilité de leurs créations qui se multiplient sur toutes les scènes du continent, d’ici et d’ailleurs. Un indicateur probant de son génie créateur, de son sens de l’initiative. Le dénominateur commun de ces actions qui font du Sénégal ce qu’il a toujours été et doit demeurer, c’est-à-dire un foyer ardent de la création artistique, est l’absence notoire de fonds dédiés’’, a regretté le président du comité d’organisation, le comédien et non moins humoriste de talent Abdou Kader Diarra.
Ce qui n’est pas sans conséquences. Il a indiqué que ‘’beaucoup d’initiatives ont disparu de l’agenda théâtral africain, voire de l’espace francophone, par défaut de financement structuré’’. Aujourd’hui, au Sénégal, presque tous les arts ont un fonds dédié. ‘’Nous saluons tous les efforts des autorités avec l’augmentation sensible du fonds d’aide à l’édition. Les arts plastiques, par le biais de la Biennale, bénéficient de la même sollicitude des pouvoirs publics et le cinéma a un fonds pour la création cinématographique et audiovisuelle ; les cultures urbaines ne sont pas en reste avec le Fdcu (…) Il y a l’existence d’un récent plan d’action pour la danse. Le parent pauvre, aujourd’hui, de cette volonté de financement de la culture par les autorités, reste donc le théâtre’’, s’est désolé Kader Diarra.
Dans son discours, le secrétaire général du ministère de la Culture, Birane Niang, venu représenter le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly empêché, les a rassurés sur ce point précis. Loin d’une promesse faite sur le champ pour satisfaire les uns et les autres, l’annonce de M. Niang semble sérieuse. ‘’Les orientations pertinentes de la Lettre de politique de développement sectoriel de la culture récemment validée, permettent de déterminer avec tous les acteurs du secteur des stratégies de soutien aux filières et aux entreprises culturelles’’, a-t-il fait savoir. ‘’Dans cette optique, et en application des instructions de Monsieur le Président de la République, nous avons déjà finalisé le plan d’action de la filière de la danse après avoir structuré le sous-secteur des cultures urbaines. Il s’agit maintenant de préparer et de lui soumettre un plan d’action du théâtre intégrant les termes de référence d’un fonds d’appui à la création, la production et la diffusion dramaturgiques’’.
A Kader Diarra de préciser que leur unique souhait est que ‘’ce fonds soit effectif, fonctionnel et efficace avec, en amont, les critères d’éligibilité établis avec la participation de tous les acteurs’’. La tutelle aurait déjà pensé à celui, puisque Birane Niang a assuré que ‘’les professionnels des différents métiers de la discipline et, en général, du développement culturel, seront bientôt réunis en comité pour élaborer un document d’orientation stratégique menant à la modernisation et au développement durable du théâtre national’’. D’ailleurs, il est indiqué que ledit comité est déjà mis en place et a un mandat de trois ans pour réfléchir sur les voies et moyens de développer le 4e art.
Problèmes
Les deux journées de réflexion tenues à Dakar ont également permis d’identifier d’autres problèmes du théâtre sénégalais. Ils ont pour noms absence formelle de statut, insuffisance de financement, difficultés énormes à se déplacer dans la sous-région et au niveau international, inaccessibilité des lieux de représentation, déficit de reconnaissance, entre autres, a listé Kader Diarra. Le document que prépare le comité mis en place pour redonner une certaine santé au 4e art, reviendra sûrement sur ces difficultés et ne manquera pas de proposer des solutions.
En attendant, les acteurs se félicitent de la décentralisation de la célébration de la Journée mondiale du théâtre. C’est la commune de Mboro qui a eu ‘’l’honneur et le privilège’’, comme l’a dit son maire Moussa Ndiaye, de recevoir hier la cérémonie officielle. Une manière pour les autorités de rendre concret la territorialisation des politiques publiques, selon Birane Niang. Et c’était, pour les comédiens, l’occasion de rendre hommage à l’un d’entre eux, Babacar Siby, qui organise depuis 10 ans le festival d’intégration culturelle Mboro Feicum. Ce dernier a d’ailleurs proposé hier une très belle ouverture. La troupe Dialaw a été magnifique.
Elle a présenté une chorégraphie d’un cocktail de danse léboue avec des costumes époustouflants et des pas de danse plus que bien harmonisés. Que dire donc de l’extrait d’une pièce sur l’histoire de Diery Dior Ndella qui était présenté. Il était de haute facture et a pu transporter le public dans ‘’ëtu Diery Dior Ndella’’ (Ndlr : la cour de Diery Dior Ndella en langue wolof). Les enfants venus nombreux assister au spectacle étaient comme subjugués. Et de là où ils étaient assis, ils pointaient du doigt, par moments, les comédiens sur l'estrade qu’ils reconnaissaient. Avec le sourire, les yeux brillants, on les entendait dire : ‘’Regarde, c’est Modou pousse-pousse’’ ; ‘’Regarde, c’est la maman de Lalia’’, etc. Des remarques de ce genre, on en a eu plein les oreilles.
BIGUE BOB